Sujet bac : annale 21 mars 2023
EXERCICE 1 : Molécules organiques et germination des graines
EXERCICE 1 : Molécules organiques et germination des graines
Introduction :
La photosynthèse est un mécanisme biologique qui permet la synthèse de matière organique à partir de matière minérale grâce à l’énergie solaire, rendant ainsi les végétaux porteurs de chlorophylle indépendants des autres organismes vivants pour la production de leur matière. En revanche, ce processus de photosynthèse nécessite forcément ce pigment vert, la chlorophylle qui capte l’énergie du soleil. Il y a cependant une période dans le cycle d’une vie d’une plante à fleurs durant laquelle ce processus est impossible, c’est le stade de graine. Enfouie sous terre, sans chlorophylle, comment cette graine, qui contient l’embryon d’une plante en devenir, peut-elle apporter l’énergie nécessaire au développement de cette plantule ? C’est cette apparente contradiction que nous allons expliquer dans ce devoir.
Nous commencerons par montrer l’origine de la matière organique produite par une plante, puis nous montrerons qu’une partie de cette matière organique sera stockée dans la graine, et nous terminerons en montrant l’utilisation de ces réserves lors du processus de germination.
Répondre à un sujet de type bac, ce n’est pas commencer par se lancer directement dans la rédaction de l’introduction. Les premières minutes sont essentielles pour bien cerner le sujet, c’est-à-dire identifier les notions à développer et les notions à laisser de côté pour éviter le hors sujet.
Ici, l’élément clé est l’apparente contradiction entre une graine non chlorophyllienne, donc incapable de faire la photosynthèse, et la germination d’une jeune plante. Les indications fournies dans la question permettent d’identifier rapidement qu’une explication chronologique (production de la matière organique, stockage dans la graine, puis utilisation des réserves) est tout à fait appropriée pour ce sujet.
Peu de pièges à éviter dans ce sujet : les termes principaux sont déjà définis dans le texte accompagnant le sujet (graine…), et il est assez clair que les autres fonctions de la plante (la pollinisation par exemple) ne sont pas à aborder dans le sujet.
La production de matière organique par les feuilles
La production de matière organique par les feuilles
- La photosynthèse, une réaction de production de matière organique
Les végétaux chlorophylliens ont la capacité de produire leur propre matière organique à partir de matière minérale. C’est ce qu’on appelle la photosynthèse. Celle-ci n’est possible que grâce à la présence d’un pigment vert, la chlorophylle, et l’énergie solaire captée par ce pigment. Une chromatographie de feuilles vertes montre en effet la présence la présence de plusieurs pigments dont la chlorophylle, contrairement à celle d’organes non chlorophylliens comme une racine.
Chromatographie des pigments dans une feuille verte : mise en évidence de la présence de chlorophylle
Chez les plantes chlorophylliennes, la feuille est l’organe principal de la photosynthèse. À l’intérieur des cellules de la feuille, des organites appelés chloroplastes sont le siège des réactions liées à la photosynthèse. La feuille prélève ainsi du dioxyde de carbone $\text{CO}_2$ qui vient de l’atmosphère, et de l’eau venant notamment des racines. Grâce à l’énergie solaire, elle produit de la matière organique sous forme de glucose ainsi que du dioxygène $\text{O}_2$ qui est libéré. La réaction se présente ainsi :
Bilan de la photosynthèse
- La circulation de matière dans la plante et sa contribution à la photosynthèse et à la distribution de ses produits
Nous venons de le voir, différentes molécules sont nécessaires à la photosynthèse. Une fois celle-ci réalisée, les produits obtenus, dont bien sûr la matière organique sous forme de sucres, devront être distribués pour profiter à l’ensemble de la plante. Cela est possible par la présence d’un système de circulation dans la plante.
Tout d’abord, le $\text{CO}_2$ nécessaire à la photosynthèse est apporté via de petits orifices situés principalement sur la face inférieure des feuilles : les stomates. Ceux-ci ont une ouverture variable appelée ostiole, qui s’adapte à la période de la journée et au risque de déshydratation.
Échanges gazeux au niveau des stomates d’une feuille
L’eau provient principalement des racines qui, grâce à leurs poils absorbants, récupèrent l’eau du sol. Une association symbiotique avec des filaments de champignons, appelée mycorhize, facilite aussi ce prélèvement. Ainsi, la photosynthèse nécessite des molécules provenant de différents endroits de la plante.
Une première sève, la sève brute riche en eau et en minéraux circule dans des faisceaux conducteurs qu’on appelle des vaisseaux de xylème. Cette circulation est surtout ascendante et irrigue les feuilles pour la réalisation de la photosynthèse.
A l’inverse, la matière organique produite aura surtout une circulation descendante, sous forme de sucres solubles comme le glucose. Elle alimentera l’ensemble des organes de la plante qui en ont besoin, comme la graine, ou la fleur. Cette sève riche en matière organique est appelée sève élaborée et circule dans les vaisseaux du phloème.
Circulation dans la plante pour la photosynthèse et la distribution de ses produits
C’est ainsi qu’une partie de cette matière organique va dans les graines en cours de formation. Cette matière pourra ainsi être stockée lorsque la graine sera dispersée et que les conditions permettront la germination. C’est de ce stockage dont nous allons parler dans la deuxième partie.
Le découpage chronologique de notre travail permet de s’assurer de n’oublier aucun élément important. Il suffit de décrire et expliquer tous les processus, qui commencent dans cette partie par l’origine de la matière organique qui sera utilisée par la graine.
Le stockage de matière organique dans la graine
Le stockage de matière organique dans la graine
Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, la matière organique fraîchement produite circule dans la sève élaborée via les vaisseaux du phloème, et est distribuée dans les différents organes de la fleur que peuvent être les racines, les fleurs, les tiges, les bourgeons et donc aussi les graines en formation. L’utilisation d’une même matière organique pour des fonctions différentes selon les organes est permise par un équipement enzymatique varié dans les différentes cellules de la plante.
Une graine est issue de la fécondation d’un ovule par un grain de pollen. Dans la graine, cette matière organique doit être stockée pour une utilisation différée, lorsque la graine sera dispersée et qu’elle pourra germer dans des conditions favorables. La forme la plus répandue de stockage de la matière organique dans les graines est l’amidon. Ce polymère de glucose est synthétisé à partir d’unités de glucose grâce à une enzyme spécialisée. Cet amidon peut par exemple être stocké dans les cotylédons d’une graine de haricot. L’ouverture de cette graine au scalpel permet d’ailleurs de mettre facilement en évidence ces réserves par l’utilisation d’eau iodée, dont les gouttes prendront une couleur bleu nuit au contact de l’intérieur de la graine, signe de sa richesse en amidon.
La graine, lieu de stockage de matière organique
L’amidon n’est pas la seule forme de réserve de matière organique que peut contenir une graine. L’écrasement d’une noix sur du papier montre une tâche graisseuse, signe que dans cette graine, les réserves organiques prennent la forme de lipides.
Une fois bien à l’abri dans la graine, les réserves de matière organique attendront la dispersion de la graine et des conditions favorables pour être mobilisées dans le début du développement de la plante, en attendant que les premières feuilles puissent prendre le relai avec la photosynthèse.
Une transition ne se résume pas à annoncer la fin d’une partie et le début d’une autre ; la transition doit justifier la nécessité d’avoir recours à cette nouvelle partie. Ici, après avoir montré l’origine de la matière organique d’une plante et le fait qu’elle puisse circuler et être stockée dans une graine, il ne reste plus qu’à montrer comment cette matière pourra être utilisée par la future plante.
L’utilisation des réserves de matière organique : le processus de germination
L’utilisation des réserves de matière organique : le processus de germination
Une graine contient tous les éléments nécessaires à la formation d’une nouvelle plante. On peut y trouver l’embryon (appelé aussi plantule) contenant les premières feuilles, la future racine, la future tige, et le cotylédon, tissu de réserve dont nous avons parlé.
Dès que les conditions de température et d’humidité sont favorables, la graine va pouvoir germer, ce qui va bien sûr nécessiter beaucoup d’énergie. Les futures feuilles ne sont évidemment pas encore en capacité de réaliser la photosynthèse étant à l’intérieur de la graine. La principale source de matière organique et d’énergie est donc les réserves d’amidon. Une enzyme à l’action inverse de celle qui permet la synthèse de ce polymère de glucose, va dégrader petit à petit cette macromolécule pour mettre à disposition de l’embryon des unités de glucose.
Une coloration à l’eau iodée (dont on rappelle qu’elle se colore en bleu nuit en présence d’amidon) de graines de haricot à différents stades de germination montre une coloration de plus en plus ténue confirmant l’utilisation progressive des réserves d’amidon.
Ces unités de glucose pourront servir à la production d’autres molécules ou être utilisées par les mitochondries des cellules de l’embryon. Ces organites utilisent en effet ce glucose afin de produire de l’énergie sous la forme d’une molécule appelée $\text{ATP}$. Le mécanisme qui le permet est la respiration cellulaire et nécessite du dioxygène tout en s’accompagnant de la production de $\text{CO}_2$ :
Utilisation de la matière organique dans la respiration cellulaire
Pour être plus précis, cette production se fait en deux temps :
- Oxydation du glucose par la réaction de glycolyse en pyruvate ;
- Oxydation du pyruvate dans la mitochondrie donnant naissance à des molécules réduites, dont la réoxydation par la chaîne respiratoire de la mitochondrie permet une réduction du dioxygène en eau ainsi que des mouvements d’électrons qui participent à la formation d’$\text{ATP}$.
Les réserves de la graine, issues de la photosynthèse de la plante mère et stockées dans la graine, servent donc à la fois de matière première aux molécules organiques de la plantule (comme la cellulose pour la paroi des cellule) et aussi de carburant nécessaire à la production d’énergie sous forme d’$\text{ATP}$, énergie nécessaire à toutes les réactions impliquées dans la germination.
Ne pas oublier de répondre véritablement à la question à la fin de votre développement !
Conclusion :
Une conclusion consiste à récapituler les différentes informations et déductions développées dans le travail. Rien de nouveau ne doit donc être apporté. Il est aussi intéressant de terminer par une ouverture du sujet qui montre au correcteur la capacité du candidat à élargir le sujet.
La germination d’une graine dépend donc entièrement des réserves de matière organique qui ont été produites par la plante mère. Grâce à la photosynthèse, cette matière organique, notamment sous forme de glucose mais pas seulement, est produite puis elle circule dans les différents organes de la plante, dont la graine en formation. Celle-ci stocke donc cette matière organique sous forme d’amidon ce qui permet à l’embryon de se développer alors que ses structures photosynthétiques ne sont pas encore aptes à réaliser cette photosynthèse. Ces réserves seront justes suffisantes pour permettre la germination de la graine et une croissance des jeunes feuilles, qui prendront alors le relai en débutant leur propre photosynthèse.
Cette mise en réserve explique pourquoi la consommation de graines est un enjeu alimentaire pour tant d’espèces. En effet les graines, riches en sucres et en lipides, constituent une source de nourriture très abondante pour des organismes aussi divers que les oiseaux, les rongeurs, des insectes et bien évidemment les humains. De fait, les trois cultures les plus importantes ont pour objectif de récolter des graines : le blé, le maïs et le riz. Le changement climatique, en modifiant les conditions environnementales de culture (température, humidité), mais aussi en provoquant le déplacement des ravageurs (insectes, rongeurs) est donc une menace très sérieuse pour ces cultures si importantes.
EXERCICE 2 : Étude d’une modification climatique dans la région du lac Salinas au Pérou
EXERCICE 2 : Étude d’une modification climatique dans la région du lac Salinas au Pérou
Répondre à un sujet de type bac, ce n’est pas commencer par se lancer directement dans la rédaction de l’introduction. Les premières minutes sont essentielles pour bien cerner le sujet, c’est-à-dire identifier les notions à développer et les notions à laisser de côté pour éviter le hors sujet.
Ici, le sujet demande clairement de montrer la (l’emploi du singulier est important, il ne s’agira pas de plusieurs variations) variation du climat d’une région. Il faudra donc trouver des arguments qui justifient cette variation qu’il faudra identifier.
Le plan ici n’est pas facile à construire ni même véritablement indispensable, puisque tous les documents concourent à montrer une seule variation climatique. On peut néanmoins séparer et traiter les informations issues de l’étude de sédiments, puis les informations issues de l’étude des restes d’organismes (espèces et milieu de vie).
Le travail au brouillon ne doit consister qu’en l’identification sous forme de tirets des informations pertinentes de chaque document. La construction se fera ensuite au fur et à mesure directement sur la copie.
Introduction :
De nombreux facteurs sont à l’origine du climat : des paramètres orbitaux comme des variations de l’axe d’inclinaison de la Terre, mais aussi des paramètres terrestres comme la teneur en gaz à effet de serre de l’atmosphère. Ces différents paramètres étant variables, le climat l’est donc aussi. Des études ont montré que le lac Salinas au Pérou a enregistré des variations climatiques au cours des 15 000 dernières années.
Dans ce travail nous allons montrer quelles sont ces variations et les méthodes qui permettent de les caractériser. Nous débuterons par montrer qu’une étude sédimentaire peut apporter des informations précises sur le climat d’une région, puis nous terminerons en utilisant des informations issues des restes d’organismes vivants et de leurs milieux de vie.
Une introduction doit débuter par une phase de contextualisation : amener progressivement la réflexion sur le sujet. Ici, on commence par rappeler le côté variable du climat et les causes possibles de variation.
Ensuite on se rapproche plus précisément du sujet : ici, l’étude d’une région particulière, le lac Salinas au Pérou et le fait qu’il y a eu une variation du climat au cours des 15 000 dernières années.
On termine par une annonce de la démarche que nous allons suivre : identifier cette variation à l’aide d’informations issues d’études sédimentaires et d’études biologiques.
Étude des sédiments du lac Salinas
Étude des sédiments du lac Salinas
Le document 1 nous présente une carotte de sédiments issus du lac Salinas qui descend jusqu’à environ $5\ \text{m}$. Trois échantillons sont analysés, $\text{A}$, $\text{B}$ et $\text{C}$ prélevés à $50\ \text{cm}$, $200\ \text{cm}$ et $440\ \text{cm}$. Les trois sont prélevés dans la tourbe, une matière organique fossile qui se forme en milieu humide et qui contient des restes de végétaux, ce qui donne la possibilité d’y trouver par exemple du pollen, pour aider à identifier le climat de la période.
Nous pouvons aussi rappeler que l’échantillon $\text{A}$ est le plus récent et $\text{C}$ le plus ancien puisque le principe de superposition utilisé en datation relative nous indique que les sédiments se déposant par le haut, ceux qui recouvrent d’autres, sont plus récents.
Principe de superposition
Entre les échantillons $\text{A}$ et $\text{B}$ on peut identifier des téphras et des cristaux de sel. Les téphras sont des ensembles de matières solides et liquides éjectés lors d’une éruption volcanique, comme les cendres. Les cristaux de sel suggèrent quant à eux un mécanisme d’évaporation, donc un climat plutôt chaud. Les téphras sont à nouveau présents entre les échantillons $\text{B}$ et $\text{C}$
Le premier élément ainsi apporté par l’étude des sédiments du lac Salinas est l’existence d’une ou de plusieurs éruptions volcaniques qu’il reste à dater. Les conséquences d’une éruption volcanique sont connues. Selon leur importance, elles peuvent dégager de grandes quantités de gaz comme le $\text{CO}_2$ , dont on sait qu’il augmente le processus d’effet de serre en captant davantage de rayonnement infrarouge du soleil. Un premier indice en faveur d’une variation climatique serait donc un réchauffement climatique provoqué par une éruption volcanique.
Attention cependant, une éruption, si elle est très importante, peut aussi provoquer plus tard un refroidissement par une accumulation de poussières, de particules dans l’atmosphère, accumulation qui obscurcirait le ciel et empêcherait une partie des rayons solaires de réchauffer le sol. Cependant, la présence de cristaux de sel, signe d’une intense évaporation, tend à écarter cette possibilité.
Il ne faut pas hésiter à avancer « à tâtons » afin de montrer au correcteur les étapes de sa réflexion. En effet, affirmer sans hésitation trop d’éléments peut faire passer à côté d’hésitations légitimes. Ici, l’éruption volcanique peut en effet être à l’origine de variations contraires du climat. Il est donc normal et légitime de proposer les deux possibilités, tout en soulignant la plus probable en fonction des éléments disponibles. La poursuite de l’étude des documents permettra ensuite de conforter ou infirmer l’hypothèse choisie.
Le document 2 peut nous permettre d’apporter des précisions sur la date des évènements décrits plus haut. En effet, il présente une méthode de datation des échantillons $\text{A}$, $\text{B}$ et $\text{C}$ La méthode de datation absolue présentée est celle du carbone $14$. Tant qu’un organisme est vivant, il échange par sa respiration du $^{14}\text{C}$ et du $^{12}\text{C}$ qui sont deux isotopes du carbone. Ainsi, le rapport $^{14}\text{C}/^{12}\text{C}$ est constant dans un organisme. Mais à la mort de l’organisme, cet échange cesse et le $^{14}\text{C}$ étant un isotope radioactif, il se désintègre. Sa quantité diminue donc dans l’organisme, et le rapport $^{14}\text{C}/^{12}\text{C}$ décroît ainsi avec le temps depuis la fermeture du système, à savoir la mort de l’organisme.
Courbe de décroissance radioactive
De plus, le temps de désintégration est connu. Ce temps désigne la durée nécessaire pour qu’un élément radioactif se désintègre en un élément appelé fils. Pour caractériser ce temps de désintégration, on utilise souvent ce qu’on appelle la demi-vie, c’est à dire le temps au bout duquel la moitié du $^{14}\text{C}$ s’est désintégré. Pour le $^{14}\text{C}$, cette demi-vie est de $5\,730 \text{ans}$. Cet élément est donc propice à la datation de la période étudiée (15 000 ans) et permet de calculer l’âge de la mort des organismes des échantillons $\text{A}$, $\text{B}$ et $\text{C}$.
En utilisant le graphique fourni, on arrive aux âges suivants :
Échantillon | $\text{A}$ | $\text{B}$ | $\text{C}$ |
Rapport $^{14}\text{C}/^{12}\text{C}$ | $9,86\cdot 10^{-13}$ | $3,10\cdot 10^{-13}$ | $1,69\cdot 10^{-13}$ |
Âge | $200\ \text{ans}$ | $9\,600\ \text{ans}$ | $14\,800\ \text{ans}$ |
Les éruptions volcaniques ayant eu lieu respectivement entre les échantillons $\text{C}$ et $\text{B}$, et $\text{B}$ et $\text{A}$, on peut dire qu’elles ont eu lieu pour la première entre 14 800 ans et 9 600 ans, et pour la plus récente entre 9 600 ans et 200 ans. Le scénario d’un réchauffement qu’indiquait la présence de cristaux de sel, et provoqué par ces éruptions, semble bien s’être déroulé au cours des derniers 15 000 ans.
D’autres arguments nous manquent cependant afin d’avoir une hypothèse plus robuste sur la variation climatique proposée, à savoir un réchauffement. L’identification d’espèces pourrait par exemple les apporter. C’est ce que nous allons étudier dans la deuxième partie.
Une transition ne se résume pas à annoncer la fin d’une partie et le début d’une autre ; la transition doit justifier la nécessité d’avoir recours à cette nouvelle partie.
Ici, après avoir proposé une variation climatique (réchauffement) et son origine (éruptions volcaniques), il est nécessaire d’apporter d’autres arguments issus d’autres méthodes pour conforter notre proposition.
Contenu fossilifère des sédiments du lac Salinas
Contenu fossilifère des sédiments du lac Salinas
Plusieurs documents nous sont proposés contenant des relevés de pollens ou encore d’algues. Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de rappeler que toute interprétation n’est possible que si l’on applique le principe d’actualisme. Ce principe stipule que si des organismes anciens sont proches d’organismes actuels, alors il est possible de leur attribuer le même milieu de vie, les mêmes besoins.
La première analyse, donnée dans le document 3, est un diagramme pollinique réalisé à partir d’échantillons issus des tourbes des carottes du lac Salinas. Un diagramme pollinique est une représentation graphique de la fréquence des pollens trouvés dans un échantillon. Le principe d’actualisme permet ensuite de faire un lien entre le type de pollen trouvé, sa plante d’origine et donc le type de climat lié à cette plante.
Grâce aux profondeurs indiquées et celles connues des échantillons $\text{A}$, $\text{B}$ et $\text{C}$, on peut ainsi dire que :
- L’échantillon $\text{A}$ contient environ $55\,%$ d’Astéracées, $20\,%$ de Poacées et $5\,%$ d’Alnus ; *L’échantillon $\text{B}$ contient environ $25\,$ d’Astéracées, $40\,%$ de Poacées et $2\,%$ d’Alnus ;
- L’échantillon $\text{C}$ contient environ $75\,$ d’Astéracées, $15\,%$ de Poacées et $20\,%$ de Cypéracées.
Le document 5 apporte des données écologiques sur les différents groupes de végétaux identifiés. Ainsi :
- l’association Astéracées - Poacées des échantillons $\text{A}$ et $\text{B}$ est caractéristique des steppes, un milieu plus ou moins sec ;
- l’association Astéracées - Poacées associée à des Cypéracées de l’échantillon $\text{C}$ est lui représentative d’un milieu plus humide.
L’échantillon $\text{C}$ étant le plus ancien, on peut donc identifier une aridification progressive du climat avec disparition d’espèces comme les cypéracées caractéristiques des milieux humide.
Les documents 4 et 5b quant à eux présentent les diatomées présentes dans les mêmes sédiments, et la salinité des eaux dans lesquelles elles vivent. Les diatomées sont des algues unicellulaires qui peuvent vivre dans des milieux très variés.
Avec les profondeurs indiquées, on peut dire que :
- L’échantillon $\text{C}$ contient beaucoup de Nitzschia perminuta, Cymbella alpina, Naviculla cfr. disjuncta, caractéristiques d’une salinité de l’eau faible à moyenne.
- L’échantillon $\text{B}$ contient des Rhopalodia acuminata, Nitzschia perminuta, Navicula bryophila et Cymbella alpina et norvegica, indices d’une salinité de l’eau pouvant être de faible à forte, et beaucoup de Navicula gallica, indice d’une salinité de l’eau faible ;
- L’échantillon $\text{A}$ contient beaucoup de Rhopalodia acuminata et Denticula sp., caractéristiques d’une salinité de l’eau élevée ;
Une fois encore se dessine une évolution qui tend à une élévation de la salinité de l’eau au fil du temps provoquée par une aridification. Cette hypothèse est cohérente avec l’observation de cristaux de sels commentée en première partie, dont la formation est provoquée par une évaporation importante de l’eau. La concentration en sels augmente ainsi dans l’eau restante, modifiant les conditions de vie des organismes dont certains sont plus adaptés que d’autres à ces salinités.
Conclusion :
Grâce à l’étude de la composition sédimentaire de la carotte prélevée dans le lac Salinas au Pérou, on peut donc dessiner le scénario d’un réchauffement climatique progressif dans les 15 000 dernières années. Ce réchauffement aurait provoqué une baisse de l’humidité et des précipitations, qui se traduit par une importante évaporation du lac, comme en témoignent les cristaux de sels et la présence de diatomées vivant dans eaux de plus en plus salées. La disparition d’espèces comme les Cypéracées va également dans ce sens.
Ce réchauffement semble avoir été provoqué par des éruptions volcaniques, identifiables par les téphras de la carotte sédimentaire, éruptions dont on sait que les émissions en $\text{CO}_2$ peuvent augmenter l’effet de serre, donc la température.
Il est impressionnant de constater la précision des informations et des scénarios qu’il est possible de reconstituer à partir d’une carotte sédimentaire de quelques mètres.
Une conclusion consiste à récapituler les différentes informations et déductions développées dans le travail. Rien de nouveau ne doit donc être apporté. Il est aussi intéressant de terminer par une ouverture du sujet qui montre au correcteur la capacité du candidat à élargir le sujet.