Corrigé Bac
Sujet bac – Annale SES – 20 mars 2023 – Corrigé – Épreuve composée

Sujet bac : annale 20 mars 2023

BACCALAURÉAT GÉNÉRAL

SESSION 2023 – 20 MARS

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

Durée de l’épreuve : 4 heures

L’usage de la calculatrice est strictement interdit.

Épreuve composée

Mobilisation des connaissances

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Astuce

Essayez au maximum d’apporter une définition des mots-clés présents ou sous-entendus dans la question. Ici en l’occurrence, la notion de classe sociale doit inciter à évoquer notamment les deux approches de Marx et Weber.

Votre paragraphe de réponse peut suivre la méthode AEI :

  • J’affirme
  • J’explicite
  • J’illustre

Concernant le cadre spatio-temporel, on est ici sur la France et la question demande d’établir des liens entre passé et présent. Lorsque l’on vous demande d’analyser des théories anciennes avec la situation actuelle, vous devez donc faire le bilan de chacune des théories que vous connaissez (dans cet exemple, il s’agit de la théorie de Marx et celle de Weber). Une fois que vous avez listé les caractéristiques de chacune de ses théories, recherchez des éléments encore actuels qui y correspondent, au travers de faits ou d’exemples concrets.

L’approche en termes de classes sociales renvoie à deux théories différentes : la théorie de Marx et celle de Weber. Ces deux approches renvoient à des définitions distinctes de la notion de classe sociale. Selon Marx, la classe sociale est un groupe social au sein duquel les individus occupent la même place dans le processus de production, à savoir ceux qui détiennent les moyens de production (les bourgeois) et ceux qui n’en disposent pas (les prolétaires). Weber, quant à lui, considère qu’au sein d’une classe sociale, les individus ont une même situation économique et que leur appartenance à une classe sociale se distingue par leur accès différencié à un ensemble de biens valorisés par la société.
Actuellement, la tendance est à la « moyennisation de la société », théorie mise en avant par Mendras. Cependant, nous pouvons constater que l’approche en termes de classe sociale reste pertinente pour analyser la structure sociale française.
Depuis les années 1980, la tendance est à la polarisation de la société. En effet, les inégalités se creusent entre les classes populaires et la classe des plus favorisées. On peut constater une augmentation des emplois peu qualifiés et de ceux très qualifiés, ainsi qu’une augmentation du phénomène de précarité pour les classes populaires (augmentation des CDD, du nombre d’individus au chômage, des contrats intérimaires…). Ces multiples phénomènes, ne font que creuser les inégalités entre les individus les plus riches et ceux les moins favorisés économiquement. De plus, les inégalités ont tendance à être cumulatives : les inégalités économiques entraînent des inégalités de patrimoine, d’espérance de vie, d’accès à l’éducation… Les enfants d’ouvriers ont par exemple moins de chance d’obtenir un niveau de diplôme élevé que les enfants de cadres. C’est pourquoi nous pouvons dire que l’approche en termes de classes sociales est toujours pertinente actuellement.
Si l’on observe également la notion de conscience de classe essentielle selon l’approche de Marx, nous pouvons constater que celle-ci est toujours présente, en particulier au sein de la bourgeoisie. Ce groupe social, en particulier, a une forte conscience de ses intérêts communs et tend à se mobiliser afin de les défendre, comme c’est le cas pour les stratégies scolaires qu’ils mobilisent (stratégies d’évitement de certains établissements de rattachement au lieu du domicile, ce qui est un contournement de la carte scolaire). Cette classe sociale demeure une classe « en soi » par les similitudes des conditions de vie de ses membres et une classe « pour soi » du fait que ses membres ont conscience de leurs intérêts communs et cherchent à les défendre et à les protéger.
On peut ajouter que la notion de lutte des classes présente chez Marx reste actuelle : on peut constater un regain de conflits sociaux entre les classes sociales, comme avec les récents évènements concernant les gilets jaunes, sur fond de crises économiques toujours plus intenses.
Que ce soit au sens de Marx ou Weber, la notion de classe sociale reste pertinente afin d’analyser la structure sociale française actuelle, et ce même si cela ne concerne pas toutes les classes sociales de la même manière et que ce concept n’est pas la seule manière d’appréhender la société.

Étude d’un document

QUESTION 1

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Astuce

Autant que faire se peut, présentez le document à étudier (type de document, cadre spatio-temporel, sources, champ).

Effectuez des lectures de données les plus précises possible : « Selon (source), en (année), parmi les (champ), en (lieu)… ».

Tirez les constats généraux et les grandes tendances du document en termes d’évolution ou de données pertinentes à mettre en avant.

Introduisez toujours soit un écart en point de pourcentage, un coefficient multiplicateur ou un pourcentage d’évolution, ce qui montre que vous savez comparer des données.

Une petite phrase conclusive permettant de dresser un bilan sera toujours appréciée.

Selon le document statistique de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, datant de 2022, le nombre de brevets au Royaume-Uni a augmenté entre 2011 et 2019. Ce document est présenté en points d’indice.
Selon, l’OMPI, l’indice du nombre de brevets en 2019 était de 108, base 100 en 2011. Ce qui traduit une augmentation du nombre de brevets de 8 % entre 2011 et 2019. On remarque sur cette période des années d’augmentation et de diminution. En effet, entre 2011 et 2018, le nombre de brevets a augmenté d’environ 10,5 % alors qu’entre 2018 et 2019, on constate une légère diminution.

QUESTION 2

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Astuce

N’hésitez pas à définir les termes de la question posée.

Commencez par citer une tendance générale, puis sélectionnez les données pertinentes pour étayer votre argumentation, pour cela citez des données chiffrées.

Vous devez citer le document en illustration de vos propos : ici, nous avons mobilisé une donnée chiffrée en effectuant une lecture de donnée.

Utilisez la méthode ICC :

  • Idée : donnez l’idée générale, la tendance globale, le constat principal ;
  • Chiffre : prouvez vos dires avec des données chiffrées à l’appui ;
  • Calcul : utilisez un taux de variation, un écart en points de pourcentage, un coefficient multiplicateur ou tout autre type de calcul vous permettant de comparer des données.

La croissance économique correspond à une augmentation du PIB, soit une augmentation des richesses d’un pays sur une année. Nous allons démontrer que les droits de propriété (droits à disposer et à user d’un bien) jouent un rôle important sur la croissance économique. Ces droits permettent en particulier de protéger la propriété intellectuelle, comme avec les brevets, qui sont des droits de propriété concernant une innovation. En étant protégées, les entreprises sont incitées à innover toujours plus, ce qui stimule la production de richesses d’un pays.
D’après le document statistique de l’OMPI, datant de 2022, on observe que le PIB par habitant augmente simultanément avec le nombre de brevets. En effet, le nombre de brevets a augmenté de 8 % entre 2011 et 2019 et le PIB/habitant a augmenté quant à lui de 16 % sur la même période.
Ce lien de corrélation positive, avec un lien de causalité, entre le nombre de brevets et le PIB/habitant, nous permet de conclure que les droits de propriété sont primordiaux afin de générer de la croissance économique.

Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

  • Introduction
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Astuce

Vous pouvez démarrer votre introduction avec une petite actualité, une citation ou toute autre référence pertinente.

Définissez les termes importants du sujet en introduction.

Essayez de formuler une problématique ou reprenez l’énoncé du sujet si vous n’y parvenez pas, ce sera toujours mieux que de ne rien formuler.

Annoncez votre plan en introduction.

Les théories décrivant le commerce international se sont longtemps appuyées sur le fait que des pays d’un niveau de développement différent échangeaient des produits différents. À ce titre, nous pouvons citer la théorie de l’avantage absolu d’Adam Smith ou encore celle des avantages comparatifs, selon Ricardo.
Cependant, avec la mondialisation et l’intensification des échanges internationaux, on constate qu’il existe un échange de biens similaires entre pays comparables. C’est ce que l’on appelle le commerce intra-branche.
Les échanges commerciaux désignent les échanges de biens et de services entre différents pays et, lorsque l’on parle de pays comparables, on entend des pays proches en termes de développement ou encore de PIB (par exemple l’Allemagne et la France).
Nous tenterons de montrer pourquoi aujourd’hui, avec la mondialisation, le commerce international entre pays comparables et concernant des biens ou services similaires constitue la majorité des échanges internationaux.
Dans un premier temps, nous verrons que la différenciation permet d’expliquer le commerce intra-branche entre pays comparables. Puis dans un second temps, nous démontrerons que la fragmentation de la chaîne de valeur explique aussi ces échanges entre pays similaires.

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Attention

Pour vous aider à visualiser le corrigé, nous allons mettre des titres aux parties du développement, toutefois, ceux-ci ne sont pas forcément à noter le jour de l’épreuve.

  • La différenciation des produits en tant qu’élément explicatif du commerce entre pays comparables
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Astuce

  • Pensez à citer de temps en temps le document en illustration de vos propos : ici nous avons utilisé des données chiffrées des documents 2 et 3, ainsi qu’un extrait du texte du document 1.
  • N’hésitez pas à définir les termes de la question posée.
  • Votre développement peut s’appuyer sur la méthode AEI, pour chaque partie :
  • J’affirme ;
  • J’explicite ;
  • J’illustre ;

Il est possible d’expliciter plusieurs idées différentes en apportant une illustration pour chaque explicitation ce qui donnerait : AEIEIEI par exemple.

Ce que l’on nomme la différenciation du produit désigne le fait qu’il existe des différences subjectives ou objectives permettant de distinguer deux produits proches. Il existe de multiples possibilités de différenciation d’un produit, que ce soit en termes de nature même du produit, de design, de services liés, de technologie, d’image de marque, de process de vente, de canal de distribution…
À l’ère de l’ultra personnalisation attendue par les clients et de la multitude de produits qui leur est proposée, les clients sont en recherche de cette variété d’offre. C’est pourquoi les entreprises sont poussées à se différencier à tous points de vue, afin d’en tirer un avantage sur la concurrence.
Au sein du commerce intra-branche, nous pouvons distinguer la différenciation horizontale qui consiste à proposer des produits d’une même gamme, se différenciant par le design, l’image de la marque… – soit tout ce qui a rapport aux goûts et aux préférences des consommateurs –, et la différenciation verticale, qui permet de proposer un produit similaire mais d’une gamme différente, c’est-à-dire d’une qualité différente.

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Astuce

Petit rappel de notions : il convient de distinguer ce que l’on nomme le commerce intra-branche, qui concerne des produits similaires (par exemple la France et l’Allemagne qui échangent des voitures), et le commerce inter-branches, qui concerne l’échange de produits différents (par exemple l’Angleterre qui échange des draps contre du vin avec le Portugal).

Les échanges entre l’Allemagne et la France, qui sont deux pays comparables, sont un excellent exemple de ce commerce intra-branche. Selon le document 1, en 2021, la France exporte 68,9 milliards d’euros de biens en Allemagne et importe 81,2 milliards d’euros de biens. Ces deux pays échangent (exportent et importent l’un vers l’autre) une quantité proche de biens et de services et ce concernant des produits similaires, tels que ceux issus du marché de l’automobile. C’est donc grâce à la différenciation des véhicules vendus, que ce soit une différenciation horizontale ou verticale, que la France et l’Allemagne réalisent des échanges commerciaux concernant des biens similaires.
Nous pouvons également noter dans le document 1 que les exportations et les importations entre la France et l’Italie, qui sont également deux pays comparables, sont quasi équivalente.
Selon le document 2, nous pouvons observer que la différenciation verticale joue un rôle important dans ces échanges. En 2019, sur 100 euros d’exportations françaises, on a 41 euros d’exportations de produits « haut de gamme », 33 euros de produits de « gamme moyenne » et 26 euros de produits « bas de gamme », ce qui montre une réelle différenciation par la qualité.

  • La fragmentation de la chaîne de valeur permet des échanges entre pays comparables

Les produits finis sont fabriqués avec de nombreuses pièces produites aux quatre coins du monde. Les entreprises se fournissent en biens intermédiaires auprès de plusieurs entreprises, situées dans des pays différents, qui peuvent être des pays comparables. Le but des entreprises est de produire ces biens intermédiaires au meilleur prix et d’en confier la fabrication au pays le plus qualifié pour les produire. C’est ce que l’on nomme la fragmentation de la chaîne de valeur.
Selon le document 3, l’Airbus 380 fabriqué à Toulouse est constitué de pièces provenant de différents pays européens comparables. Par exemple, les fuselages proviennent d’Allemagne et les ailes du Royaume-Uni : ceci nous permet d’appuyer le fait que la fragmentation de la chaîne de valeur entraîne des échanges commerciaux intra-branche entre pays comparables.
Les smartphones, tels que Samsung ou Iphone, sont également des produits pour lesquels la fragmentation de la chaîne de valeur est importante.

  • Conclusion
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Astuce

Votre conclusion dresse un court bilan de tout ce que vous avez énoncé précédemment.

Si vous avez un lien à faire avec l’actualité ou une question que peut poser votre développement, n’hésitez pas à la mettre en ouverture.

Aujourd’hui, la majeure partie des échanges commerciaux internationaux concerne des produits similaires et s’effectue entre pays comparables.
Ceci s’explique par la volonté des consommateurs d’avoir du choix, ce qui se traduit par une différenciation horizontale ou verticale, mais également par la fragmentation de la chaîne de valeur, permettant de tirer profit des avantages comparatifs de chaque pays.
Nous pouvons cependant nous demander dans quelle mesure cette internationalisation de la chaîne de valeur peut poser un problème de dépendance vis-à-vis d’autres pays, en particulier lors de crises sanitaires ou de guerres, comme dans le cas de la guerre d’Ukraine.