Écriture d’invention |
Le récit peut, au choix, être mené à la 1re ou à la 3e personne, les deux possibilités étant employées dans les textes du corpus proposés comme modèles.
De toute sa vie, jamais Léa ne s’était rendue seule au cinéma. Mais ce samedi-là, il fallait qu’elle s’y oblige : depuis qu’elle s’était installée à Paris pour ses études, quinze jours plus tôt, elle n’avait pas trouvé la force de sortir de son minuscule logement pour une raison autre que suivre ses cours. Elle avait repéré ce petit cinéma tout près de chez elle, qui lui rappelait celui qu’elle fréquentait, enfant, dans sa commune d’origine, avant qu’il ne soit remplacé par un de ces multiplexes standardisés. Fatiguée de l’agitation et de la foule des rues de la capitale, elle espérait se retrouver seule dans la salle : ce ne fut pas le cas, mais elle se sentit soulagée de voir que d’autres spectateurs n’étaient pas accompagnés, et elle se plut à penser qu’elle les réconfortait, elle aussi, par sa simple présence solitaire.
Un piano mélancolique, une fillette et ses jeux d’enfant : Léa fut submergée par l’émotion dès le générique du début du film. Elle qui venait de laisser sa famille, ses amis du lycée, du club de gymnastique, son professeur de piano, les rues de sa commune, se trouvait soudain projetée dans cette enfance qu’elle avait dû abandonner et qu’elle aurait pourtant voulu éternelle. Comme elle, l’enfant du film était devenue malgré elle une jeune femme et, comme elle, s’était retrouvée seule à Paris. Mais à l’écran, la capitale se montrait sous un jour différent : intime, chaleureuse, à l’image d’un village. C’était comme si elle était transformée par le regard d’Amélie, la femme-enfant du film, ou comme si elle cherchait à se réconcilier avec Léa, qu’elle avait plutôt mal accueillie, à moins que cela n’ait été l’inverse.
Ne vous contentez pas de raconter le film mais développez les émotions et réflexions qu’il suscite chez le personnage.
Au gré du hasard, Amélie saisissait chaque occasion d’aider le destin à améliorer la vie des personnes de son entourage ou inconnues : apporter de la fantaisie dans le quotidien de son père en faisant voyager son nain de jardin, rompre la solitude d’un voisin malade, venger un simple d’esprit de la méchanceté de son patron, pousser dans les bras l’un de l’autre deux écorchés de l’amour et, son moment préféré, faire ressurgir des souvenirs d’enfance dans la vie d’un homme.
Amélie avait tout d’une fée et le film, tout d’un conte de fée. Même le prince y jouait parfaitement son rôle : grâce à Nino, un collectionneur de photos d’identité ratées, Amélie finissait par vivre le bonheur que, jusque-là, elle avait réservé aux autres, ou vécu à travers les autres.
Léa aurait voulu rester toujours dans ce décor intime aux teintes rouges et vertes, imprégné de cette musique dont le rythme de valse et les sonorités traditionnelles de l’accordéon et du piano la berçaient dans une mélancolie heureuse. La lumière se ralluma.