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1er sujet La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ? |
Problématisation possibles
Un obstacle, c’est ce qui se met en travers de la route, ce qui vient entraver la réalisation de quelque chose. L’unité du genre humain renvoie à l’idée que l’humanité serait une, formerait une totalité unifiée et existerait comme telle. Autrement dit les hommes se reconnaîtraient les uns les autres comme semblables, comme partageant sinon la même essence du moins la même condition, comme ayant une identité commune. Nous serions tous homme par-delà nos différences. À cette unité s’oppose donc l’idée de différence qui implique celle de pluralité. Si l’humanité est pensée comme une, c’est que nous avons dépassé nos différences pour participer d’un commun. Le sujet en mettant en vis-à-vis « pluralité des cultures » et « unité du genre humain » souligne clairement la tension entre LES cultures et ce qu’on pourrait appeler UNE nature humaine. Cette tension est un fait : nous sommes confrontés à un fait incontestable, celui de la pluralité des cultures, ici à prendre au sens sociologique du terme, celui de Tylor. Une culture, c’est « un ensemble complexe qui englobe les connaissances, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes, et toute autre capacité et habitude acquise par l'homme en tant que membre d'une société ». Or ce qui pose problème c’est que c’est par ces acquisitions qu’un homme se fait, se définit, forge son identité en se distinguant inévitablement de ce qui n’est pas de sa culture, de ce qu’il considère comme étranger, comme autre. Et c’est donc ce qui est au cœur du problème : comment l’homme qui se définit par UNE culture peut-il se sentir, se concevoir comme participant d’une même humanité d’autant qu’il se pose en s’opposant aux autres, qu’il se définit par ce qui le différencie des autres ? Est-il possible que les hommes dépassent les frontières de leur culture respective pour se reconnaître comme participant de la même humanité ? Le sujet invite en même temps à s’interroger sur les éventuelles limites de ces différences culturelles. Si les cultures sont différentes, le sont-elles au point d’interdire tout commun entre les hommes, n’y a-t-il pas au sein des cultures du même, qui pourrait permettre aux hommes de se reconnaître homme tout en se reconnaissant comme membre de telle ou telle culture ? Ou chaque culture n’est-elle pas un exemple d’un développement culturel de l’homme qui lui permettrait d’être armé pour dépasser les frontières des cultures ?
Un plan possible
- La culture comme obstacle.
Les hommes appartiennent à des cultures différentes. C’est un fait. L’appartenance à une culture commune nous unit, participe à la construction de notre identité mais en même temps divise : on se pose en s’opposant. Je suis moi car je ne suis pas toi. Il y a nous et les autres.
La culture peut alors amener à nier les autres hommes dans leur humanité en les considérant comme « non-homme », comme sauvage ou barbare. C’est ce qu’on appelle l’ethnocentrisme et il se trouve dans toute culture dans son rapport narcissique à elle-même.
Notre appartenance culturelle a donc tendance à ne pas faire accéder à l’idée d’une même humanité, l’humanité s’arrêtant aux frontières de notre culture.
Mais une culture n’est qu’un visage de la culture de l’homme. Si l’homme appartient à telle ou telle culture, c’est parce qu’il est essentiellement un être culturel, qui se fait par ce qu’il ajoute à la nature, par un processus de civilisation. Cette civilisation permet domestiquer les pulsions au sein de la société mais elle permet aussi de développer la raison. C’est pourquoi si la notion de genre humain est arrivée tardivement dans l’histoire de l’humanité comme le soulignait Lévi-Strauss, elle a été rendue possible par ce développement culturel au cœur de la pluralité des cultures.
- La culture comme lieu d’un commun possible.
Cette pluralité culturelle est une variation sur un même thème, pourrait-on dire et souligne ce que nous avons de commun et qui permet de penser un genre humain et de se penser comme membre de ce genre humain.
Cette pluralité contient du commun : il y a comme le disait Vico des « coutumes universelles » : culte des morts, mariages et croyances religieuses qui soulignent que nous ne restons pas tels que la nature nous a faits, que nous nions l’animal en nous pour nous en distinguer et nous affirmer comme homme, être conscient qui existe en tant qu’individu et pas comme simple membre d’une espèce, qui se doit de discipliner ses pulsions. Et cela partout sur le globe.
Si nous appartenons à des cultures différentes, cette diversité atteste aussi du fait qu’il n’y a pas d’homme sans culture. Tout homme est un être culturel, un être prométhéen, un être parlant.
- Il y a dans chaque culture ce qui permet de dépasser les frontières de sa culture.
Au sein de chaque culture, l’homme peut développer sa raison qui lui permet d’accéder à l’universel, s’il ne tombe pas dans le piège et l’impasse du relativisme culturel.
Au sein de chaque culture, il y a les productions culturelles de l’homme comme l’art. L’art comme le dit Hannah Arendt permet de construire « un monde » humain et durable qui peut permettre d’accueillir chaque nouveau-né et donc de se comporter avec davantage d’humanité. Ce monde commun pourrait permettre de dépasser les frontières culturelles. Se cultiver en fréquentant ces productions culturelles, c’est, disait-on jadis, « faire ses humanités » et donc développer son goût, prendre en considération les autres dans ses jugements ( dimension universelle du jugement esthétique) et dépasser les frontières de sa propre culture. La culture pourrait être ce qui permet de s’arracher à sa culture, à son identité culturelle pour accéder à l’universel. La culture favorise alors la réflexion et la discussion critique, conditions pour voir en l’autre un humain avec lequel je peux échanger.
Conclusion
Conclusion
Même si l’unité du genre humain est sans cesse menacée par les différences culturelles et la crispation sur l’identité culturelle, la pluralité des cultures ne constitue donc pas en elle-même un obstacle à l’unité du genre humain qui reste sans cesse à rappeler et à souligner.