Grammaire et compétences linguistiques – Compréhension et compétences d’interprétation
Grammaire et compétences linguistiques – Compréhension et compétences d’interprétation
L’épreuve de français est la troisième épreuve du brevet. Elle est divisée en trois temps : dictée, étude de texte et composition écrite. Orthographe, syntaxe, méthode et connaissances y sont évaluées. Tout a été déjà vu en cours et rien de nouveau n’y est abordé.
L’étude de texte est la deuxième étape de l’épreuve de français. Les élèves y sont évalués sur la compréhension du texte, la maîtrise de la langue, la qualité de leur écriture et leur capacité à structurer des idées.
Grammaire et compétences linguistiques (18 points)
Cette partie est la plus technique. Il s’agit de manipuler des outils grammaticaux en lien avec le texte.
Lignes 7-8
Lignes 7-8
- Le groupe complément d’objet du verbe « savourait » est « l’unique friandise chaude et parfumée d’huile forte qu’il leur laissait ».
- L’usage était alors qu’il offrît une frite à chacun des camarades, qui la savourait religieusement.
- Les expansions du nom « friandise » sont :
- trois adjectifs « unique », « chaude », « parfumée » (ce dernier est étendu lui-même par un complément : « d’huile forte ») ;
- une proposition relative « qu’il leur laissait ».
Lignes 12-13
Lignes 12-13
« Dès que le festin était terminé, et après qu’on avait oublié le plaisir et la frustration, c’était la course vers l’extrémité ouest de la plage ».
On note « après que » + indicatif car l’action n’est pas une hypothèse (rôle du subjonctif), elle a vraiment eu lieu.
Lignes 12-13
Lignes 12-13
« Si par hasard deux d’entre eux avaient la pièce nécessaire, ils achetaient un cornet, avançaient gravement vers la plage, suivis du cortège respectueux des camarades et, […] plantant leurs pieds dans le sable, ils se laissaient tomber sur les fesses, l’un portant d’une main leur cornet bien vertical et l’autre le couvrant. »
Ou
« Si par hasard deux d’entre eux avaient les pièces nécessaires, ils achetaient deux cornets, avançaient gravement vers la plage, suivis du cortège respectueux des camarades et, […], plantant leurs pieds dans le sable, ils se laissaient tomber sur les fesses, portant d’une main leurs cornets bien vertical et les couvrant de l’autre. »
Plusieurs réponses sont ici possibles. La difficulté réside dans la cohérence de la fin de phrase : soit on change en deux pièces et deux cornets, soit on garde une pièce, un cornet et dans ce cas, la répartition des mains doit être logique.
Compréhension et compétences d’interprétation (32 points)
Cette partie se base sur la lecture du texte et sur les outils d’analyse vus en classe (figures de style, énonciation, étude des temps et de leurs valeurs). Il s’agit d’interpréter les données du texte.
Il faut être extrêmement attentif.ve aux numéros de lignes données : ce sont des guides qui permettent d’éviter le hors sujet.
Lignes 1 à 12
Lignes 1 à 12
- Deux éléments montrent que la scène est répétée plusieurs fois. D’une part, on relève l’utilisation de l’imparfait de l’indicatif tout au long de la section étudié : « activait » (l. 1), « n’avait » (l. 2), « il dépliait » (l. 12). Celui-ci a une valeur d’habitude.
D’autre part, le complément circonstanciel de temps « la plupart du temps » (l. 11) rappelle l’existence régulière de cet événement. - Ce moment est particulièrement important pour les enfants car il est comme un rituel avec ses règles ainsi que le montre l’emploi du groupe nominal « l’usage était alors » ligne 7. C’est un rite de l’été qui initie le rassemblement du groupe. De plus, on trouve des adjectifs comme « respectueux » (l. 4), des adverbes comme « gravement » (l. 9), « religieusement » (l. 8) et des actions codifiées telles que la distribution de la frite, la supplication, la formation du cortège ou l’élévation verticale du cornet. Tout cela renvoie au monde religieux : c’est une cérémonie sacrée qui se déroule devant nous. Enfin, ce moment permet de mettre en avant l’idée de partage qui soude l’amitié entre les enfants du groupe. Le don d’une frite ainsi que des miettes montre que les autres ne sont pas oubliés.
Lignes 12 à 24
Lignes 12 à 24
- On peut voir que les enfants sont heureux lors de la baignade par la mention d’« une joie qui les faisait crier sans arrêt » (l. 19-20). Le terme « joie » traduit explicitement ce bonheur. Le second élément qui met en lumière le bonheur des enfants est l’accélération du rythme : elle est marquée par la ponctuation, notamment l’accumulation des virgules, ainsi que par les participes présents ligne 17, « s’exclamant, bavant et recrachant, se défiant » qui traduisent la vivacité des enfants et leur précipitation à se ruer dans ces jeux d’eau. Le lecteur est à son tour submergé par le flot des vagues et des réjouissances.
- Les enfants sont transformés par la baignade car ils passent d’un état à un autre. D’abord silencieux et sérieux lors de la dégustation du cornet de frites, ils sont soudainement gais : les adverbes « gravement » (l. 3) et « religieusement » (l. 8) s’opposent à « vigoureusement et maladroitement » (l. 16). Le second rituel, celui de l’eau, est beaucoup plus léger, il redonne vie aux enfants. Le groupe en est même socialement transformé, comme le montre l’utilisation du champ lexical de la monarchie : « ils régnaient sur la vie et sur la mer » (l. 20), « fastueux » (l. 21), « seigneurs assurés de leurs richesses irremplaçables » (l.21-22). Bien que pauvres (le plupart du temps le groupe ne peut pas se payer un cornet), ils sont propulsés au rang de roi par la nature et leur communion avec la mer.
Lignes 24 à 33
Lignes 24 à 33
Le premier changement qui apparaît à la fin du texte est le passage progressif du temps qui est mis en avant par le champ lexical de la lumière : alors que la baignade se déroulait sous un « dur soleil » (l. 14), tout à coup le ciel « verdissait » (l. 26), « la lumière se détendait » (l. 27), puis venait « une sorte de brume » (l. 28), et enfin « il faisait encore jour mais des lampes s’allumaient déjà en prévision du rapide crépuscule d’Afrique » (l. 28-29). Peu à peu la lumière naturelle change d’aspect et est remplacée par celle artificielle.
Le deuxième changement est le rafraîchissement de l’air, comme on le voit avec le groupe « vidé de la touffeur du jour » (l. 26). Le nom « touffeur » donne la sensation que la chaleur est une sorte de gonflement insupportable, enfin crevé à la fin de la journée.
Pour finir, le dernier changement est l’apparition d’autres personnages comme la « la mère de Joseph » (l. 32) et « la grand-mère de Jacques » (l. 33). Ces deux personnes sont des adultes qui viennent rompre le charme et les joies de l’enfance ; qui plus est, leur attitude est désignée de manière explicite comme violente.
La journée est découpée en trois moments. Le premier, lignes 1 à 12, est celui de « la cérémonie du cornet de frites ». Le deuxième, lignes 12 à 24 peut être nommé « le bain de joie : célébration de l’enfance ». Enfin, le dernier, lignes 24 à 33 peut s’intituler « la fin d’un jour d’été en Algérie ».
On pourra désigner l’image et le texte sous le même terme d’« œuvre(s) ».
Le lien avec la photographie de Doisneau et le texte de Camus peut se faire grâce à plusieurs éléments. Tout d’abord, le groupe de jeunes enfants qui joue est commun aux deux œuvres. Sur la photographie, un des jeunes garçons fait semblant de conduire la vieille voiture tandis que celui sur le toit s’amuse avec une sorte de crochet. Ils semblent eux aussi heureux puisqu’on voit des sourires complices sur leurs visages, ce qui rappelle la joie des enfants du texte de Camus. De plus, on peut faire le lien à partir du lieu de jeu : dans le texte de Camus, les enfants partent pour « une maçonnerie à demi détruite qui avait dû servir de fondation à un cabanon disparu » (l. 14-15) tandis que sur la photo, le petit groupe a pris possession d’une voiture abandonnée. Dans les deux cas, un terrain vague et délaissé constitue un lieu d’élection pour l’imaginaire des enfants. Enfin, on peut considérer l’espace de la décharge chez Doisneau comme un lieu plus naturel que les immeubles environnants : ainsi, tout comme dans Le Premier Homme, les enfants se libèrent grâce à un éloignement géographique du monde des adultes. Ils règnent sur un espace délaissé par ces derniers : la joie partagée au cœur de ce monde à part permet de transformer la réalité qui les entoure.
Dictée
Dictée
Dès qu’ils étaient au complet, ils partaient, promenant la raquette le long des grilles rouillées des jardins devant les maisons, avec un grand bruit qui réveillait le quartier et faisait bondir les chats endormis sous les glycines poussiéreuses. Ils couraient, traversant la rue, essayant de s’attraper, couverts déjà d’une bonne sueur, mais toujours dans la même direction, vers le champ, non loin de leur école, à quatre ou cinq rues de là. Mais il y avait une station obligatoire, à ce qu’on appelait le jet d’eau, sur une place assez grande, une énorme fontaine ronde à deux étages, où l’eau ne coulait pas, mais dont le bassin, depuis longtemps bouché, était rempli jusqu’à ras bord, de loin en loin, par les énormes pluies du pays.
D’après Albert Camus, Le Premier Homme, 1994
Rédaction
Rédaction
Il faut bien choisir un seul sujet !
- Sujet d’imagination
Le sujet d’imagination est plus complexe qu’il n’y paraît : on attend de l’élève qu’il·elle ait compris la consigne, repéré toutes les indications données et sache s’inspirer du texte étudié auparavant. Structure, méthode et cohérence sont demandées.
La date de la photographie a son importance. Il faudra donc adapter le récit à l’époque et aux événements historiques qui s’y déroulent. Comme nous sommes en 1944, une mention à la Seconde Guerre mondiale sera bienvenue, même si ce n’est qu’une allusion. Pas d’anachronisme : les prénoms doivent être anciens (on peut reprendre ceux du texte de Camus) et le décor doit correspondre aux réalités du temps.
Durant les vacances d’été, pour laisser les adultes faire la sieste, on avait le droit de partir jouer dehors. Comme j’étais le plus âgé, j’avais la responsabilité de tout le monde, mais j’avais tôt fait de distancer les trois petits qui nous suivaient tant bien que mal en poussant des cris enthousiastes.
Une fois la porte d’entrée poussée, j’entamais une course infernale avec Jean. Le dur soleil de quatorze heures ne nous atteignait pas. La tête nue, nous nous lancions à l’assaut du terrain vague. Le premier arrivé à la voiture devait une pièce à l’autre. Donnant tout, ne prenant pas garde aux objets abandonnés que je foulais, je me ruais sur la carcasse géante qui s’offrait à nous. Un ami de Jean nous avait dit que c’était la voiture d’un soldat allemand mais nous n’y croyions pas. Chauffée depuis midi par les étouffants rayons, elle nous brûlait les mains et les cuisses. Le noir d’encre de la carrosserie, terni par le temps, captait encore quelques points verts ou bleus qui coloraient le lourd ciel d’août.
Une fois à l’intérieur de la voiture, on se battait pour savoir qui conduirait et qui se mettrait devant, sur le capot, afin de guetter l’horizon des grandes plaines américaines qui nous attendaient. Les petits nous rejoignaient et essayaient de trouver une place parce qu’ils savaient que les nôtres étaient sacrées. L’espace et l’histoire nous appartenaient alors. Martin, hissé sur le toit par mes forces devenues colossales, tentait d’attraper un buffle grâce à un lasso de fer. Jeanne et Charlotte, derrière, riaient comme des folles jusqu’à se faire dessus. On les amusait, nous, les grands.
On finissait par en oublier l’heure et seule les phares lointains des bus nous apprenaient qu’il était grand temps de rentrer. On se ferait gronder pour nos genoux sales et nos doigts orange de rouille mais il était trop bon de se façonner des âmes d’aventuriers sans peur du lendemain.
- Sujet de réflexion
La question est souvent posée par rapport au texte étudié dans la partie « compréhension » de l’épreuve. Il faut donc ici, en partie, l’appliquer à l’extrait de Camus : qu’est-ce que la découverte de la vie de ces personnages m’apporte ? On veillera à y faire allusion dans le développement. Ensuite, il faut élargir cette question aux autres œuvres, qu’elles aient été vues en cours ou non.
Dans un sujet de rédaction, on attend une réponse structurée par arguments, au moins deux donc au moins deux paragraphes (un paragraphe est un renvoi à la ligne). Il n’est pas nécessaire de rédiger une introduction. Chaque argument devra comporter au moins deux exemples différents pour l’étayer. Des mots de liaison sont attendus afin de rendre le propos plus clair.
Dans un premier temps, la découverte de la vie de personnages, réels ou fictifs, peut permettre de comprendre l’histoire à travers des émotions et non pas simplement au moyen de dates ou d’événements marquants. Lire Le Journal d’Anne Franck par exemple plonge le lecteur au cœur de la vie et des angoisses d’une jeune juive pendant la Seconde Guerre mondiale. De même, dans l’extrait étudié de Camus, on peut se figurer les étés en Algérie durant l’enfance de l’auteur. Alors que l’histoire est tournée vers l’objectivité des faits, elle est ici, à travers les yeux des personnages, mises en scène de manière subjective. Cette subjectivité permet aux émotions d’être plus facilement véhiculées : le lecteur fait preuve d’empathie en s’identifiant à ces personnages, même si ceux-ci vivent des expériences totalement différentes des siennes. L’utilisation de la première personne du singulier accentue encore davantage cet effet.
La découverte de la vie de personnages réels ou fictifs peut aussi nous faire rêver et nous extraire du quotidien. En lisant Yvain ou le chevalier au lion, le lecteur suit de près les aventures d’un preux chevalier du Moyen Âge, se lançant avec lui à l’assaut de monstres. À travers son parcours, le réel est mis de côté. En effet, l’œuvre a une fonction de dépaysement qui est redoublée par son ancienneté : l’époque, lointaine, paraît merveilleuse et inconnue. Le lecteur apprend à la connaître tout en y rêvant. D’autre part, dans le film Douze hommes en colère, la délibération du jury est si intense, que le spectateur oublie qu’il est dans un cinéma et en vient à vouloir participer au débat.
Enfin, la découverte de la vie de personnages fictifs ou réels peut nous faire progresser dans notre appréhension de la vie. Le film Billy Eliott montre un garçon qui veut faire de la danse classique. Le monde d’où il vient refuse cette idée car il devrait selon eux s’adonner à un sport « pour garçon ». Son combat nous invite à réfléchir sur la répartition des activités : elle est calquée sur une réalité violente qui devrait évoluer. Filles et garçons devraient faire ce qu’ils veulent et non ce qui leur est demandé selon leur sexe. Dans un autre exemple, la nouvelle « Boule de suif » de Maupassant, le lecteur apprend la cruauté de la société face aux classes sociales défavorisées. Il est donc amené à réfléchir aux questions de justice et d’injustice qui font le monde. L’œuvre d’art peut ainsi nous servir d’enseignement ou de moyen de penser les mécanismes sociétaux qui nous entourent.