Les caractéristiques des régimes totalitaires européens

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Un projet modernisateur

  • Les régimes totalitaires sont fondés sur les frustrations héritées de la Première Guerre mondiale.
  • Ils justifient leur prise de pouvoir par la violence en invoquant les humiliations subies ou ressenties.
  • La violence, consécutive de la brutalisation subie par les combattants au cours de la guerre des tranchées, est omniprésente et commune aux différents régimes totalitaires.
  • L’organisation de groupes paramilitaires comme les chemises noires, les brigades rouges ou les SA permettent aux mouvements totalitaires d’éliminer leurs rivaux de la scène politique (Mussolini fait assassiner son rival Giacomo Matteotti, Staline élimine ses rivaux, dont Trotski et Kamenev pour accéder au pouvoir, et élimine des partisans pendant les procès de Moscou).
  • Les mouvements totalitaires revendiquent la légitimité de leur prise de pouvoir au nom de la nouveauté. Ils rejettent les politiques traditionnelles et revendiquent les évolutions de la société industrielle qu’ils entendent incarner (exemple Mussolini et le futurisme, Staline et le réalisme soviétique).
  • En appui sur ces mouvements, les deux dictateurs cherchent à impulser une politique de modernisation à marche forcée.
  • Staline adopte alors un plan quinquennal en 1928, Hitler applique un plan quadriennal en 1934. Ces plans de modernisation fixent des objectifs économiques très ambitieux à atteindre en quelques années (industrialisation massive, rythmes de travail intenables, réforme agraire via la collectivisation des terres en URSS).
  • Les États totalitaires se dotent d’infrastructures ultra-modernes et d’industries lourdes de qualité pour moderniser leurs armées et les équiper en nouveau matériel de guerre. Hitler reconstitue l’armée allemande (limitée depuis 1919 par le Traité de Versailles).
  • La militarisation de la société fait partie du projet totalitaire qui a pour objectif de changer en profondeur les sociétés héritées du XIXe siècle.
  • En reprenant les concepts de standardisation fordistes appliqués aux industries, les États totalitaires souhaitent faire disparaître l’individu au profit des masses (citoyens = pions interchangeables).
  • L’idée de créer un homme nouveau est commune aux trois totalitarismes qui en font un des piliers de leur idéologie. Cet Homme nouveau ne doit pas craindre la violence, l’appliquer sans s’embarrasser de questionnements moraux, être fidèle au groupe et être capable de se sacrifier si nécessaire.
  • Selon les régimes totalitaires, certaines caractéristiques de cet Homme nouveau diffèrent :
  • pour les Soviétiques, l’homme socialiste est un être enrichi des principes marxistes-léninistes, motivé par la lutte des classes et opposé au capitalisme ;
  • chez les fascistes italiens, on cultive davantage la nostalgie de l’époque romaine : il ne s’agit pas tant de façonner un nouvel individu, que de ressusciter l’esprit impérialiste.
  • les régimes fascistes et nazis s’opposent violemment au communisme soviétique qu’ils considèrent comme une idéologie nuisible.

Des méthodes autoritaires

  • L’Union Soviétique, qui base son idéologie sur le marxisme-léninisme, souhaite une société révolutionnaire fondée sur la dictature du prolétariat : les autres classes sociales (notamment les bourgeois et aristocrates), sont persécutés par le régime de Lénine puis par celui de Staline.
  • En Italie, Mussolini persécute les communistes et les démocrates qui sont un obstacle à son pouvoir. Afin d’abolir la démocratie dans son pays, il publie les lois fascistissimes qui soumettent la société à la dictature du parti fasciste.
  • En Allemagne, Hitler utilise le danger que représenterait une hypothétique révolution communiste pour suspendre puis abolir les libertés individuelles et se proclamer dictateur à vie.
  • La soumission de la société s’opère toujours à l’aide d’un parti unique, qui dirige la société en intégrant les structures de l’État et n’accepte aucune contradiction. Les partis uniques deviennent des institutions incontournables de la gestion des pays.
  • La censure et la propagande (dont un fort culte de la personnalité du chef) sont permanentes et omniprésentes.
  • Le martellement idéologique massif s’accompagne d’un endoctrinement massif de la société. Les travailleurs, les loisirs, les sports et la jeunesse (Ballila, Jeunesses hitlériennes, Komsomol) sont encadrés avec soin.
  • Les régimes totalitaires s’imposent à leurs sociétés en exigeant le silence (les opposants disparaissent).
  • Au service des partis, les milices paramilitaires (chemises noires en Italie, les SA et les SS en Allemagne et les brigades rouges en URSS) sont chargées de contrôler la population et d’intimider les voix dissidentes.
  • Des polices politiques (OVRA en Italie, Gestapo en Allemagne et NKVD en URSS) font régner la terreur à l’intérieur du parti unique, pour éviter toute contestation du dirigeant (Nuit des Longs Couteaux, 30 juin 1934, procès de Moscou entre1936 et 1938).
  • En déterminant arbitrairement des ennemis publics, les dirigeants totalitaires orientent les priorités nationales. Les boucs émissaires sont désignés comme responsables des échecs politiques et des situations de crise, justifiant ainsi l’usage de la violence.
  • Les régimes totalitaires mettent en place des camps d’internement pour confiner tous les soi-disant « nuisibles » de la société. C’est ainsi que des camps de concentration ou des camps de travaux forcés, comme les goulags en URSS, voient le jour.