Sido, suivi de Les Vrilles de la vigne - Partie 2

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Le douloureux apprentissage de la liberté

  • Pour comprendre en quoi Sido et Les Vrilles de la vigne sont des œuvres par lesquelles Colette se libère d’un sentiment d’oppression, il faut comprendre la crise personnelle qu’elle traverse autour de 1905, autour de ses trente-deux ans.
  • Après avoir terminé le cycle des Claudine (1900-1904), elle se demande quoi écrire. Sa relation avec son mari, Willy (qui est aussi son nom de plume) est très dégradée. S’ajoute à cela la mort de son père, ses sentiments envers la marquise de Morny (Missy), et le défi qu’elle s’est lancé de monter sur scène. Colette entre donc dans une période d’introspection.
  • Elle est perturbée de découvrir que son père était un écrivain manqué, trop impressionné par sa femme. Colette ne veut pas que son compagnon l’empêche de créer librement et de signer ses propres œuvres.
  • Sa démarche littéraire est donc libératrice, mais elle est aussi un hommage rendu à la figure paternelle.
  • Dès lors, il est possible de voir Sido et Les Vrilles de la vigne comme un duo : le premier permet de saluer la présence de la mère, et le second, par ses audaces morales, est une façon de saluer un père discret.
  • Il est possible de lire les textes des Vrilles de la vigne comme des provocations qui lui permettent de revendiquer les choix de l’autrice.
  • Dans Sido et dans Les Vrilles de la vigne, beaucoup de choses se modifient et se transforment dans un esprit merveilleux qui tient du conte en de nombreux endroits.
  • Ces deux œuvres valorisent la tendresse et condamnent à plusieurs reprises la volupté trop brutale.
  • L’organisation des nouvelles au sein du recueil Les Vrilles de la vigne n’est pas hasardeuse. En choisissant de placer son histoire sur le rossignol en première position, Colette place tous les autres textes sous son autorité. De la sorte, elle prévient qu’elle se libère des convenances et s’autorise à parler de tous les sujets qui vont suivre.

Trouver sa voix

  • Pour ne pas rester coincée dans sa solitude, la narratrice s’adresse à de nombreuses reprises à un « tu » (« Nuit blanche », « Jour gris », « Le dernier feu »). La littérature sert donc à trouver un soutien.
  • Ce « tu » désigne Missy, maîtresse de Colette, qui n’est pas directement nommée. Mais l’usage de cette deuxième personne du singulier rend la relation entre la narratrice et le lecteur plus intime.
  • Si Missy, figure de l’être aimé, est un refuge pour celle qui a su se libérer et partir à la conquête d’elle-même, l’autre refuge possible est à trouver dans la sagesse de sa mère, étroitement liée au paradis perdu de l’enfance.
  • Avec Sido, Colette remonte à cette origine, ce qui lui permet de trouver d’où vient son goût pour la littérature, qui est l’outil de son émancipation. Elle y parle ainsi de Sido, une femme lettrée, des histoires de son père, et des jeux de lecture de ses frères.
  • Sido et Les Vrilles de la vigne invitent à être marginal. D’une part, ces œuvres suggèrent à leur lecteur de trouver sa propre voie (sa propre inspiration), et d’autre part elles l’invitent à trouver sa propre voix (son propre style).
  • Les descriptions de paysages aident très probablement Colette à installer le décor de sa libération. On peut donc affirmer que l’art de Colette est un « art du regard » (Michel Mercier).
  • Plusieurs effets permettent d’installer cet « art du regard » : la concision, la préciosité, et l’usage méticuleux de l’adjectif. L’humour de Colette prouve également son sens aigu de l’observation.
  • La tendresse et la délicatesse qu’une Colette libérée cherche à exprimer s’affirment à travers un style spontané, instinctif et naturel. De plus, le « je » dans Sido et Les Vrilles de la vigne prend le temps de la contemplation.
  • Pour cette raison, ces deux œuvres peuvent être considérées comme des successions de poèmes en prose.
  • La répétition est un des traits stylistiques communs à Sido et aux Vrilles de la vigne. Cela implique que ces œuvres conservent une dimension ludique : elles se plaisent à toucher aux choses graves, sans en avoir l’air.
  • Du point de vue du fond, Sido et Les Vrilles de la vigne ne semblent être que de simples agencements d’anecdotes ordinaires. Mais du point de vue de la forme, tout s’agite, car ces récits relèvent à la fois du conte, de la chronique, de la confession, de la scénette de théâtre ou encore du poème en prose.