Avancées des démocraties : les exemples du Portugal et de l’Espagne de 1974 à 1982

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Comprendre le processus de transition démocratique

  • La théorie des vagues de démocratisation par le sociologue américain Samuel Huntington identifie trois vagues de démocratisation qui se succèdent à l’échelle mondiale :
  • la première vague caractérise le XIXe siècle, après les révolutions américaine et française ;
  • la deuxième vague a lieu après la Seconde Guerre mondiale, avec la fin du nazisme ;
  • la troisième vague s’étend du milieu des années 1970 à la fin des années 1990, et commence au Portugal (révolution des Œillets), puis en Espagne (disparition du régime franquiste). Elle concerne également la Grèce, certains pays d’Amérique du Sud (ex. : fin des dictatures militaires au Brésil, en Argentine et au Chili), les pays satellites d’Europe de l’Est après l’implosion de l’URSS, certains pays africains (ex. : Afrique du Sud, Bénin) et de pays asiatiques (ex. : Corée du Sud).
  • Cette troisième vague a inspiré a Francis Fukuyama, chercheur en économie politique américain, le concept controversé de « fin de l’histoire », qui désignerait une convergence progressive des différents régimes vers la démocratie libérale.
  • Il existe plusieurs types de facteurs de démocratisation :
  • les facteurs structurels internes ou externes (institutions, économie, société, géopolitique…) ;
  • le rôle des acteurs (acteurs au pouvoir, acteurs dans l’opposition, acteurs de la société civile…).
  • L’impulsion vers un changement de régime plus démocratique résulte ainsi généralement d’une combinaison d’acteurs très variés qui se retrouvent et s’organisent autour de principes et/ou intérêts communs. Le rôle des élites (politiques et économiques) et celui des acteurs de la société civile (citoyens, mouvements, associations…) sont entremêlés (rapports de force, d’entrainement ou de convergence des idées).
  • La phase de transition démocratique se caractérise par une incertitude forte.
  • Le processus de démocratisation est un processus complexe (facteurs multiples), non linéaire, dont l’aboutissement n’est pas garanti.

La comparaison des exemples de transition démocratique en Espagne et au Portugal

  • Sortant de la dictature au milieu des années 1970, entrant dans la communauté européenne en 1986, l’Espagne et le Portugal partagent un destin commun de transition démocratique.
  • Dans les années 1970, le contexte socio-économique et international du Portugal et de l’Espagne présente des similitudes et des divergences.
  • Sur le plan international, contrairement à l’Espagne, le Portugal est empêtré dans des guerres coloniales (Angola, Guinée-Bissau et Mozambique) nécessitant une mobilisation militaire et un effort financier qui fragilisent le pays : l’opposition est grandissante au sein même de l’armée et l’idée de décolonisation apparaît comme la seule solution possible pour sortir de cette situation chaotique.
  • Sur le plan économique, l’Espagne et le Portugal sont tous deux ébranlés par le premier choc pétrolier de 1973. L’inflation, l’augmentation du chômage et la violente répression des mouvements sociaux accentuent la contestation et l’opposition.
  • Par ailleurs, en Espagne et au Portugal, certains opposants à la dictature ont pour objectif l’entrée dans la CEE, qui met en avant des valeurs démocratiques.
  • Ces facteurs ont permis une certaine usure de la dictature.
  • Mais il convient de considérer aussi le rôle des différents acteurs.
  • Au Portugal, la révolution des Œillets, dans la nuit du 24 au 25 avril 1974, est une révolution pacifique déclenchée par une partie de l’armée avec à sa tête le général António de Spínola. Le peuple portugais descend dans la rue et pactise avec les militaires en vue d’un changement politique.
  • Au Portugal, on a affaire à une transition originale : il s’agit d’un coup d’État militaire qui s’est transformé en révolution pour mettre fin à 48 ans de dictature.
  • En Espagne, la chute du régime est liée au décès de Franco et au positionnement de son successeur, Don Juan Carlos, héritier de la couronne d’Espagne et proclamé roi le 22 novembre 1975.
  • Juan Carlos 1er est notamment influencé dans ses choix par :
  • la révolution des Œillets qui a entrainé la chute de la dictature portugaise ;
  • la pression de la société civile et les violences qui commencent à s’exprimer.
  • Juan Carlos 1er décide d’œuvrer pour l’établissement d’une monarchie parlementaire démocratique et se présente comme le réconciliateur de tous les Espagnols.
  • Il initie la transition démocratique avec l’appui de son chef du gouvernement, Adolfo Suarez : ils organisent des élections libres pour choisir les députés de l’Assemblée Constituante et font adopter la nouvelle Constitution par référendum en 1978.
  • La transition espagnole est donc graduelle et sans rupture révolutionnaire, contrairement au Portugal.
  • Dans les deux cas, la transition démocratique connaît des incertitudes.
  • Au Portugal, la transition dure environ deux ans et elle est marquée par de fortes tensions :
  • entre les « possédants » qui réagissent par une fuite des capitaux et les organisations populaires autonomes qui occupent les usines et les terres ;
  • sur le terrain politique, entre la droite conservatrice et la gauche socialiste (divisions au sein de l’armée, mais aussi entre les partis de gauche communiste et socialiste, les conservateurs nostalgiques de la dictature et les réformistes).
  • Deux tentatives de coup d’État sont déjouées : une première de la part de l’extrême-droite militaire en mars 1975 ; une deuxième de la part d’une tendance de la gauche radicale au sein de l’armée en novembre 1975.
  • L’Assemblée constituante, très hétérogène politiquement, met 2 ans pour parvenir à rédiger une nouvelle constitution approuvée le 2 avril 1976.
  • Le 25 avril 1976, les élections législatives sont remportées par le Parti socialiste de Mario Soares. Puis, le Portugal s’écarte progressivement du modèle socialiste avant son entrée dans la CEE en 1986, permettant aux élites économiques plus conservatrices de retrouver une place dominante, mais la démocratie est alors bien enracinée.
  • En Espagne, la transition démocratique est assez longue d’un point de vue institutionnel.
  • Juan Carlos 1er fait échouer le coup d’État militaire du 23 février 1981 orchestré par le lieutenant-colonel Tejero, en intervenant à la télévision pour défendre la Constitution et la démocratie.
  • Durant la transition espagnole, la violence menace régulièrement le processus de démocratisation. Elle est notamment perpétrée par des groupes terroristes, dont l’ETA.
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