Bulles spéculatives et faillites bancaires
Formation et éclatement des bulles spéculatives
Formation et éclatement des bulles spéculatives
- Pour comprendre comment se forme une bulle spéculative, il faut d’abord se pencher sur le fonctionnement des marchés financiers, lieu dématérialisé dans lequel se confrontent offre et demande de capitaux.
- Il s’agit de la mise en relation des agents ayant des besoins de financement avec ceux ayant des capacités de financement.
- Pour qu’il puisse remplir cette fonction, le marché financier doit être efficient : aucun actif ne doit y être survalorisé ou sous-valorisé.
- Pour qu’un marché financier soit efficient il faut que plusieurs conditions soient réunies.
- les acteurs du marché doivent être rationnels ;
- l’information doit circuler librement et gratuitement ;
- les coûts de transaction doivent être nuls ;
- aucun opérateur ne doit être en mesure, par ses seules décisions, de faire varier le cours des actifs.
- Dans ce contexte, la spéculation est stabilisatrice : si le cours s’écarte de sa valeur fondamentale, certains opérateurs vont acheter ou vendre des actifs, ramenant ainsi le cours vers sa valeur d’équilibre.
- Or, le risque de spéculation est élevé car le marché remplit rarement les conditions optimales de l’efficience, notamment en termes de transparence et de rationalité des agents :
- ces derniers peuvent colporter des informations fausses, mais aussi en créer involontairement ;
- ce phénomène est amplifié par le comportement mimétique.
- L’hétérogénéité des acteurs et l’existence de comportements mimétiques vont créer des bulles spéculatives dans lesquelles le cours d’un actif s’éloigne de sa valeur réelle.
- Une bulle spéculative a quatre phases :
- Gestation : l’optimisme des investisseurs va provoquer une hausse modérée du prix d’un actif.
- Naissance : voyant le comportement de certains investisseurs, d’autres agents vont les imiter et acheter aussi des titres.
- Euphorie : la bulle s’entretient et grossit sur la base de l’endettement.
- Éclatement : la bulle financière est suivie d’un retournement des anticipations et d’une chute brutale des prix à la suite d’un évènement non prévu.
Les crises bancaires : risque de faillites en chaîne
Les crises bancaires : risque de faillites en chaîne
- Une crise bancaire correspond à une situation financière très dégradée pour les banques.
- Elles doivent rembourser des créanciers, mais n’ont pas à leur disposition immédiate l’argent pour le faire (en raison notamment de placements devenus illiquides).
- Ainsi, une crise bancaire engendre une crise de liquidité (aussi appelée crise d'illiquidité).
- L'assèchement de liquidité provoque la paralysie du système interbancaire.
- On assiste alors à un credit crunch (baisse du nombre de crédits octroyés due au durcissement des conditions d’obtention).
- Ce phénomène perturbe les échanges entre vendeurs et acheteurs qui ne se rencontrent plus, rendant impossibles les opérations financières.
- La crise de liquidité est une crise systémique, c'est à dire inhérente au système économique tout entier.
- Lors d’une panique bancaire, les clients, craignant de perdre leur épargne, retirent l’ensemble de leur dépôt.
- Ce sont ainsi eux qui mettent la banque en difficulté puisqu’elle va peiner à trouver les fonds nécessaires à cette demande massive de liquidités.
- On appelle ce phénomène une prophétie auto-réalisatrice.
- Une panique bancaire peut s’auto-entretenir :
- un nombre inhabituel de retraits réduit les liquidités de la banque ;
- ce déficit de liquidités engendre encore plus de retraits des dépôts.
- Lorsqu’une banque fait faillite, elle ne peut honorer ses échanges sur le marché interbancaire.
- Elle entraine ainsi d’autres banques dans sa chute selon un effet dominos.
- Une crise bancaire correspond donc à la propagation d’une crise financière au système bancaire et provoque des faillites en chaîne des banques de second rang.
Les canaux de transmission : des crises financières vers l’économie réelle
Les canaux de transmission : des crises financières vers l’économie réelle
- Le système financier est au cœur de l’activité économique puisque, sans financement :
- les ménages ne peuvent pas consommer plus que leur revenu ;
- les entreprises ne peuvent pas investir ;
- les États ne peuvent faire face à leurs dépenses.
- En somme, sans les banques ou les organismes financiers, les agents en besoin de financement ne rencontreraient pas les agents en capacité.
- En découle une logique implacable : si le système financier s’écroule, il entraîne avec lui tout le système économique en touchant l’économie dite « réelle ».
- En cas de credit crunch, le crédit interbancaire s’arrête :
- les banques cessent de se prêter les unes aux autres ;
- les restrictions de crédit s’étendent à la consommation des ménages et aux entreprises.
- Cette situation aggrave la crise car elle limite la production et l’emploi, aboutissant à une récession et un chômage de masse.
- La dévaluation du patrimoine financier et immobilier des ménages va les inciter à moins consommer.
- Elle a donc un impact sur la croissance via trois principaux mécanismes :
- Quand les ménages jugent durable une baisse de leur richesse et la considèrent comme une baisse de leur revenu permanent, ils épargnent.
- La baisse du prix des actifs augmente le coût du capital, avec un impact sur l’investissement des entreprises du secteur productif.
- En période de crise, la valeur du patrimoine personnel est difficile à évaluer, et donc les garanties réelles impossibles à fournir aux banques.
- Le surendettement peut constituer un canal supplémentaire de transmission de la crise financière à l’économie réelle, puisque la difficulté des ménages et des entreprises à contracter de nouveaux prêts, voire à satisfaire les échéances des prêts en cours, les conduit à revoir à la baisse leur niveau de consommation et d’investissement.