Comment les agents économiques se financent-ils ? (suite)
Introduction :
Pour que l’ensemble du financement soit réalisé de manière directe, il faudrait que chaque agent qui a un besoin de financement cherche un investisseur prêt à prendre le risque de lui prêter les sommes nécessaires ou de devenir actionnaire. De plus, l’investisseur court le risque de perdre les sommes investies. Cela supposerait également pour l’investisseur qui dispose d’une épargne à placer de déterminer et évaluer les risques des différentes options, ce qui peut prendre un certain temps. Finalement, il faudrait que l’agent qui a un besoin de financement et celui qui à une capacité à financement s’entendent sur la durée du financement. Or un agent qui souhaite placer son épargne durant un an ne prêtera pas à un agent qui souhaite s’endetter sur dix ans. Pour toutes ces raisons, il existe des financements indirects.
Dans ce cours, nous allons donc nous intéresser au financement indirect, puis nous verrons quels risques naissent de l’augmentation de l’endettement des agents économiques.
Le financement indirect ou intermédié
Le financement indirect ou intermédié
Pour éviter les inconvénients du financement direct, il est possible de recourir à un financement intermédié dans lequel un agent, les banques, reçoit l’épargne puis prête ces sommes à d’autres agents.
Le financement intermédié
Ce type de financement, qui repose sur un pari de la banque que tous les épargnants ne retireront pas leur épargne en même temps, présente plusieurs avantages.
- L’expérience de l’intermédiaire permet de mieux évaluer les risques.
- Le grand nombre d’opérations que réalise la banque lui permet de compenser le non retour (insolvabilité) de certains emprunteurs.
- En diversifiant la composition des actifs financiers détenus, et étant donné que chaque actif a un risque indépendant des autres actifs, la banque peut réduire le risque de son portefeuille.
Les banques participent au financement des agents de plusieurs manières.
- Elles peuvent émettre des titres, principalement sur le marché monétaire, afin d’obtenir des ressources, et utiliser ces ressources pour acquérir des titres sur les marchés financiers. Ce sont principalement les banques qui émettent sur le marché monétaire des titres de créance à court terme, ce qui leur permet de disposer de liquidités afin d’acheter des actions ou des obligations sur le marché financier. Les banques ont un intérêt à réaliser cette opération lorsque les intérêts qu’elles vont payer sur les créances émises sont inférieurs aux gains potentiels sur le marché financier.
- Elles peuvent utiliser les fonds déposés par les clients pour accorder des prêts à des agents qui ont un besoin de financement. Cette opération est possible car la banque mise sur le fait que tous les déposants ne retireront pas leur argent en même temps.
- Elles peuvent créer de la monnaie à partir de rien (ex nihilo) pour accorder des prêts. En effet, les banques disposent d’un pouvoir de création monétaire qui ne repose pas sur l’existence d’une épargne.
Les banques jouent un rôle très important dans la croissance économique. Tout d’abord, elles participent à 98 % du financement des PME, contre 36 % pour les grandes entreprises. De plus, lorsque les crédits augmentent, la consommation et les investissements progressent, ce qui entraîne une croissance économique. La croissance permettra aux revenus des agents d’augmenter et améliorera leur solvabilité, ce qui encourage l’octroi de crédits.
Cependant, depuis les années 1990, la part du financement indirect a diminué en raison d’une politique de désintermédiation menée par les pouvoirs publics. Ces politiques à réduire ou à supprimer les intermédiaires entre les agents à capacité de financement et ceux qui ont besoin de financement.
Cependant, le recours à l’intermédiation n’a pas disparu, mais s’est transformé : les banques ont augmenté leur participation directe sur le marché financier en achetant des titres aux agents qui ont un besoin de financement. En effet, si le taux d’intermédiation au sens strict est de 40 % en 2011, le taux d’intermédiation au sens large est de 55 % en 2011.
Taux d’intermédiation :
Le taux d’intermédiation au sens strict représente la part des crédits dans le financement des entreprises. Le taux d’intermédiation au sens large représente la part des financements accordés par les banques (crédits et achats de titres) dans le financement des entreprises.
Le risque de l’endettement
Le risque de l’endettement
Les prêts comportent un risque tant pour le prêteur que pour l’emprunteur. Pour le prêteur le risque principal qu’il encourt est le non remboursement du crédit accordé. De plus, il ne peut pas disposer des sommes prêtées durant la durée du prêt. L’emprunteur, lui, risque de ne pas pouvoir rembourser son prêt si le montant excède sa capacité de remboursement.
Taux d’intérêt :
Le taux d’intérêt correspond à la somme dont le débiteur doit s’acquitter tous les ans en paiement du droit à emprunter.
Les intérêts varient en fonction de deux paramètres.
- Le risque : les intérêts rémunèrent le risque que prend le prêteur en accordant un crédit. Pour cette raison le taux d’intérêt est plus important pour les crédits à la consommation que pour les obligations d’État, car le risque de non remboursement est plus grand pour les ménages que pour l’État.
- Le temps du prêt : les intérêts rémunèrent le temps pendant lequel le prêteur ne peut pas disposer des sommes prêtées. Ainsi, les intérêts des prêts longs sont plus élevés que ceux des prêts courts. Cependant, cette relation n’est pas toujours vérifiée. En effet, les taux courts dépendent du taux directeur fixé par la Banque centrale en fonction de sa politique monétaire ; et les taux longs dépendent de l’offre et de la demande de capitaux sur le marché obligataire.
Marché obligataire :
Le marché obligataire est un compartiment du marché financier sur lequel sont échangées des obligations à moyen et long terme. Le taux directeur représente le taux d’intérêt que la Banque centrale applique sur les crédits qu’elle octroie aux banques commerciales.
Le coût du crédit
Le coût du crédit
Service de la dette :
Le service de la dette comprend le remboursement du capital plus les intérêts que doit payer l’emprunteur.
Charge de la dette :
La charge de la dette représente le poids des intérêts seuls.
En principe, les banques n’accordent pas un crédit si les mensualités dépassent un tiers du revenu des ménages.
Pour calculer une mensualité nous pouvons utiliser la formule suivante : $$m=\dfrac{\dfrac{C×t}{12}}{1-(1+\dfrac{t}{12})^{-n}}$$
$m$ : la mensualité
$C$ : le montant du prêt
$t$ : le taux d’intérêt
$n$ : la durée en mois
Ainsi, pour un crédit de 100 000 € sur 15 ans et dont le taux d’intérêt est de 6 %, la mensualité sera de 843,80 €.
Le rôle du crédit dans la crise économique
Le rôle du crédit dans la crise économique
La crise de 2007 trouve son origine dans la chute du marché immobilier américain, qui a déstabilisé le système bancaire. En effet, avant la crise, il s’est produit une bulle sur le marché de l’immobilier, c’est-à-dire que la valeur des biens immobiliers a énormément augmenté grâce aux facilités de crédit offertes par les banques. Celles-ci ont augmenté l’octroi des crédits, même vers des ménages qui ne pouvaient pas rembourser, car elles pouvaient titriser leurs créances.
Titrisation :
La titrisation consiste à transformer les crédits bancaires en titres négociables vendus à des investisseurs qui peuvent les revendre sur le marché financier. Au travers de cette technique le risque de non remboursement du crédit est transféré à l’acheteur du titre.
Cependant, lorsque la bulle immobilière explose, les banques qui détiennent ces titres doivent faire face à un risque d’insolvabilité, c’est-à-dire que les actifs qu’ils possèdent pour couvrir le passif perdent de leur valeur, et donc le passif augmente par rapport à l’actif.
De plus, l’instabilité des banques pousse les ménages à retirer leurs dépôts et épargnes, ce qui rend la situation des banques encore plus délicate. Pour éviter une faillite des banques, l’État intervient pour les sauver, aggravant ainsi la dette publique.
Cette situation a provoqué une contraction des crédits accordés par les banques, ce qui a freiné la consommation et l’investissement, et donc entraîné une chute du PIB.
Les effets négatifs d’un endettement public excessif
Les effets négatifs d’un endettement public excessif
Lorsque le budget de l’État est déficitaire (les dépenses sont supérieures aux recettes), l’État doit emprunter sur le marché financier. Cela entraine deux conséquences négatives :
- en émettant des obligations, l’État est en concurrence avec les entreprises qui souhaitent obtenir un financement. L’emprunt public peut donc détourner les investisseurs du financement des entreprises, et celles-ci devront proposer un intérêt supérieur, ce qui alourdit la charge de leur dette ;
- lorsque la charge de la dette publique devient importante, l’État doit prélever plus d’impôts et dépenser moins ou emprunter plus pour payer les intérêts, ce qui accroît encore sa dette.
Les effets négatifs d'un endettement public excessif
Conclusion :
Chaque type de financement présente des avantages et des inconvénients. Cependant, on assiste de plus en plus à une désintermédiation du financement des agents économiques.
Dans ce système de financement, des agents économiques, les banques, jouent un rôle majeur et leur intervention dans le financement à un effet direct sur la croissance ou les crises économiques.