Comment le contrôle social s'exerce-t-il aujourd'hui ?
Introduction :
La socialisation permet de transmettre à l’individu des valeurs et des normes qui vont déterminer ses comportements dans la société. Au travers de l’intériorisation de ces éléments, l’individu va s’intégrer dans la société en agissant d’une manière jugée conforme aux normes et valeurs du groupe. Cependant, tous les individus ne respectent pas ces valeurs et ces normes, et dans ce cas, la société doit se doter de moyens permettant de corriger les comportements qui ne sont pas conformes aux modèles préétablis, c’est-à-dire corriger les comportements déviants.
Ce cours va nous permettre de définir ce qu’est le contrôle social, puis d’envisager quels sont les effets du contrôle mis en place sur le comportement de l’individu, et enfin d’étudier l’évolution du contrôle social.
Qu’est-ce que le contrôle social ?
Qu’est-ce que le contrôle social ?
Contrôle social :
Le contrôle social représente l’ensemble des moyens qui permettent de s’assurer que les membres d’une société ou d’un groupe agissent conformément aux règles et modèles dominants établis.
Ce contrôle social permet la cohésion sociale du groupe.
Cohésion sociale :
La cohésion sociale est l’état d’une société ou d’un groupe dans lequel les individus sont liés par des valeurs et des normes communes qui renforcent les liens entre eux et leur permettent de poursuivre un objectif commun.
Afin que le contrôle social puisse être efficace, il faut que le non respect des règles édictées puisse être sanctionné.
La sanction peut prendre deux formes :
- sanction négative : le comportement qui ne se conforme pas à la règle est puni. Par exemple en cas d’excès de vitesse le chauffeur reçoit une amende et peut se voir retirer le permis de conduire ;
- sanction positive : dans ce cas il s’agit de renforcer un comportement positif et lui accordant une récompense. Il peut s’agir, par exemple, d’accorder plus d’argent de poche à un enfant lorsqu’il obtient de bons résultats scolaires. L’enquête « Les jeunes et l’argent de poche », en 2012, montre que 25 % des parents augmentent l’argent de poche à titre de récompense.
Le contrôle social peut prendre plusieurs formes :
- Il peut être interne.
Contrôle social interne :
Le contrôle social est interne lorsque les valeurs et les normes sont intériorisées par l’individu lors de sa socialisation et qu’il s’y conforme de manière naturelle.
Par exemple, nous ne sortons pas nus dans la rue, non pas parce que nous anticipons une récompense ou une sanction, mais parce que l’obéissance à la valeur et aux normes que nous avons intériorisée lors de notre socialisation nous en empêche.
- Il peut également être externe.
Contrôle social externe :
Le contrôle social externe est exercé par une autorité ou un groupe externe à l’individu, qui peut appliquer une sanction ou récompenser certains comportements.
Ce contrôle externe peut être formel ou informel.
Contrôle externe formel :
Il s’agit des mécanismes au travers desquels des groupes et des institutions régulent l’activité des individus en s’assurant du respect des règles et en prévenant les comportements déviants. Les sanctions appliquées peuvent être de nature juridique (par exemple les peines de prison ou les amendes), religieuse (comme l’excommunication) ou morale (comme la réprobation des pairs).
Contrôle externe informel :
Le contrôle externe informel est exercé de manière permanente par les membres du groupe. En effet, chaque individu participe, même de façon inconsciente, à réguler les comportements des autres. Les sanctions dans ce cas peuvent être positives, par exemple un sourire ou des compliments, ou négatives comme par exemple les moqueries.
Plus le groupe est restreint, plus le contrôle social informel est efficace.
En effet, dans une famille, entre les pairs, ou dans une communauté restreinte, la communication entre les individus est simple, et les comportements qui dévient de la norme sont facilement repérables. De plus, la réprobation par les membres de cette communauté a un effet social important pour l’individu.
Au contraire, dans une grande communauté où les individus se connaissent peu, le contrôle informel est moins efficace, et les comportements déviants moins aisés à identifier. Dans ce cas, le contrôle se fera souvent au travers d’une institution, comme la police et la justice.
Les effets du contrôle social
Les effets du contrôle social
La mise en place de sanctions a pour objectif principal de dissuader l’individu de commettre un acte contraire aux normes.
En effet, lorsqu’un individu veut commettre un acte déviant, il va juger des avantages qu’il en retire et des coûts qu’il devra supporter. Lorsque le coût est supérieur au bénéfice, l’individu rationnel n’entreprendra pas l’action en cause. La sanction et le risque d’être découvert augmentent le coût d’un acte déviant.
Les avantages et les coûts d'un acte déviant
Les sanctions peuvent cependant avoir un effet contraire et augmenter le recours à des actes déviants. En effet, les sanctions peuvent stigmatiser des individus.
Stigmatiser :
Réduire l’identité sociale des individus à certaines caractéristiques dévalorisantes.
Ces individus vont par la suite se définir eux-mêmes en fonction de ces caractéristiques, ce qui peut les pousser à être encore plus déviants. Un exemple de cette stigmatisation concerne la prison. En effet, lorsque l’individu entre en prison il est au contact d’autres délinquants, dont certains plus expérimentés, qui peuvent lui transmettre des connaissances sur la manière d’agir sans se faire prendre. De plus, à sa sortie, sa réinsertion sera difficile, car il sera considéré par les autres membres de la communauté comme délinquant, ce qui réduit notamment les chances d’obtenir un travail. Cette situation peut pousser l’individu à commettre de nouveaux actes délictueux.
Évolution du contrôle social
Évolution du contrôle social
L’augmentation de l’individualisme et l’essor urbain conduisent à une diminution des contrôles informels.
En effet, nous sommes de plus en plus anonymes dans les espaces que nous fréquentons, et la surveillance par les autres membres est donc plus difficile à réaliser. Cela pousse la société à transférer le pouvoir de contrôle sur ses membres à une institution extérieure au groupe comme la police et la justice.
La police détient le pouvoir d’enquêter sur des actes délictueux ou criminels, de les faire cesser, et son intervention permet de faire respecter les normes établies dans une société. Le développement technologique donne les moyens à la police de réaliser sa mission de manière plus efficace.
Par exemple, l’installation de radars automatiques sur les routes permet de détecter et de sanctionner les chauffeurs qui ne respectent pas les limitations de vitesse, sans qu’un policier soit présent sur les lieux. De même, les nouvelles techniques d’investigation scientifique donnent plus de moyens aux policiers de découvrir l’auteur d’un crime. Ces moyens permettent donc d’augmenter le pouvoir de dissuasion des sanctions, en augmentant le risque d’être découvert en cas de non respect de la règle.
Ces avancées technologiques posent cependant un problème en matière de respect de la vie privée, et des limites ont dû être imposées au pouvoir de la police. Ainsi, certaines règles visent à protéger la vie privée de l’individu :
- protection du domicile : la police ne peut intervenir que dans les cas fixés par la loi. Il faut, par exemple une autorisation du juge ;
- secret professionnel et médical : il faut le consentement de l’individu pour que son médecin révèle des informations sur son état de santé ;
- protection de l’intimité : des éléments concernant les préférences sexuelles de l’individu ne peuvent pas être révélés à un tiers par les forces de l’ordre.
Conclusion :
Le respect des valeurs et des normes d’une société permet de maintenir cette société unie. Cependant, tous les membres ne suivent pas les comportements qu’on attend d’eux, ce qui oblige la société à mettre en œuvre un contrôle. Ce contrôle est permanent et est réalisé de manière formelle, au travers des institutions, ou informelle, par les membres du groupe.