Croissance et fonctions exponentielles
Introduction :
Le cours précédent nous a fait découvrir les suites géométriques, qui permettent de modéliser des phénomènes dont l’évolution est discrète et exponentielle. Dans ce cours, nous allons les prolonger en étudiant les fonctions exponentielles de base $a$ qui, elles, permettent de modéliser des phénomènes dont l’évolution est continue. Elles sont ainsi utiles dans différents domaines : physique et sciences de la vie et de la Terre (décroissance radioactive et datation par carbone 14 …), démographie (étude de l’évolution d’une population, de ressources…), économie, etc.
Fonctions exponentielles
Fonctions exponentielles
Des suites géométriques aux fonctions exponentielles
Des suites géométriques aux fonctions exponentielles
On considère la suite géométrique $u$, de premier terme $u(0)=1$ et de raison $q=1,4$. On a alors, pour tout entier naturel $n$, la relation fonctionnelle :
$$\begin{aligned}
u(n)&=u(0)\times q^n \\
&=1\times 1,4^n \\
&=1,4^n
\end{aligned}$$
On a calculé les $11$ premiers termes de la suite (arrondis, si besoin, à $10^{-3}$ près), que l’on a ensuite représentés dans un repère :
11 premiers termes de la suite u
Représentation des 11 premiers termes de la suite u
On peut alors relier les points de la représentation graphique de $u$ par une courbe :
Tracé de la courbe
Cette courbe est la représentation graphique de la fonction $f$ définie sur $\mathbb R^+$ par : $f(x)=1,4^x$.
On dit que cette fonction $f:x\mapsto f(x)=1,4^x$ est le prolongement de la suite géométrique $u:n\mapsto u(n)=1,4^n$.
- $f$ est appelée fonction exponentielle de base $1,4$.
Fonction exponentielle de base $a$ :
Soit $a$ un réel strictement positif.
La fonction $f$ définie sur $[0\ ;\, +\infty[$ par $f(x)=a^x$ est appelée fonction exponentielle de base $a$.
Elle est le prolongement pour tout réel $x$ positif de la suite géométrique de premier terme $1$ et de raison $a$, définie, pour tout entier naturel $n$, par $u(n)=a^n$.
Soit $a$ un réel strictement positif.
Pour tout réel $x$ positif, on a : $a^x > 0$.
Pour calculer $a^x$, on utilise en général la calculatrice.
La fonction exponentielle $g$ de base $0,75$ est définie, pour tout réel $x$ positif, par $g(x)=0,75^x$.
On a alors, par exemple, $g(9,7)=0,75^{9,7}$.
Avec la calculatrice, on obtient : $g(9,7)\approx 0,0614$.
Propriétés algébriques
Propriétés algébriques
Pour les opérations, on a les propriétés suivantes, semblables à celles que l’on connaît pour les puissances entières d’un nombre réel.
Soit $a$ un réel strictement positif.
Pour tous réels $x$ et $y$ positifs, on a :
$$\begin{aligned}
\textcolor{#A9A9A9}{\text{Prop. 1\ : }}&a^x \times a^y=a^{x+y} \\
\textcolor{#A9A9A9}{\text{Prop. 2\ :\ }}&{(a^x)}^y=a^{xy} \\
\textcolor{#A9A9A9}{\text{Prop. 3\ :\ }}&\dfrac {a^x}{a^y}=a^{x-y} \footnotesize{\textcolor{#A9A9A9}{\text{ [si }x\geq y]}}
\end{aligned}$$
$$\begin{aligned} \dfrac {2,3^{\purple{4,72}}\times 2,3^{\purple{0,88}}}{{(2,3^{1,04})}^{2,5}}&=\dfrac {2,3^{\purple{4,72+0,88}}}{{(2,3^{1,04})}^{2,5}} \footnotesize{\textcolor{#A9A9A9}{\text{ [avec la prop. 1]}}} \\ &=\dfrac {2,3^{5,6}}{{(2,3^{\orange{1,04}})}^{\orange{2,5}}} \\ &=\dfrac {2,3^{5,6}}{2,3^{\orange{1,04\times 2,5}}} \footnotesize{\textcolor{#A9A9A9}{\text{ [avec la prop. 2]}}} \\ &=\dfrac {2,3^{\pink{5,6}}}{2,3^{\pink{2,6}}} \\ &=2,3^{\pink{5,6-2,6}} \footnotesize{\textcolor{#A9A9A9}{\text{ [avec la prop. 3]}}} \\ &=2,3^3 \\ &=12,167 \end{aligned}$$
Variations et représentation graphique
Variations et représentation graphique
Comme on l’a vu dans la première partie, une fonction exponentielle $f$ de base $a > 0$ est le prolongement de la suite géométrique $u$ de premier terme $1$ et de raison $a$. Sens de variation de $f$ et sens de variation de $u$ sont donc liés.
Soit $f$ une fonction exponentielle de base $a > 0$ définie sur $[0\ ;\, +\infty[$ par $f(x)=a^x$.
- Si $a > 1$, la fonction $f$ est strictement croissante :
Tableau de variations de f avec a strictement supérieur à 1
- Si $0 < a < 1$, la fonction $f$ est strictement décroissante :
Tableau de variations de f pour a strictement inférieur à 1
- Si $a = 1$, la fonction $f$ est constante.
On donne ci-dessous les représentations graphiques de fonctions exponentielles de bases différentes, tracées à l’aide d’un outil numérique :
Représentations graphiques de différentes fonctions exponentielles
Modélisation de phénomènes à croissance exponentielle
Modélisation de phénomènes à croissance exponentielle
Les suites géométriques permettent de modéliser des phénomènes dont l’évolution est discrète et exponentielle (la variation relative entre deux termes consécutifs est constante).
Les fonctions exponentielles permettent de modéliser des phénomènes dont l’évolution est continue et exponentielle.
- De manière générale, une fonction $f$ de la forme $f(x)=\lambda \times a^x$, avec $\lambda$ et $a$ des réels strictement positifs, est le prolongement pour tout réel positif $x$ de la suite géométrique $u$ de premier terme $\lambda$ et de raison $a$, définie, pour tout entier naturel $n$, par $u(n)=\lambda \times a^n$.
Soit $a$ et $\lambda$ deux réels strictement positifs.
La fonction exponentielle de base $a$, $x\mapsto a^x$, et la fonction $x\mapsto \lambda\times a^x$ ont le même sens de variation.
Dans un pays, la population augmente de $0,3\,\%$ chaque année. En $2023$, elle est estimée à $68,043$ millions de personnes.
Pour tout entier naturel $n$, on note $u(n)$ la population, en million, du pays en l’année $2023+n$.
- Le premier terme de la suite $u$ est égale à la population en $2023+0$, soit $2023$. On a donc :
$$u(0)=68,043$$ - La population augmente chaque année de $0,3\,\%$. Pour obtenir la population en $2023+(n+1)$, on doit multiplier celle en $2023+n$ par $1,003$. On a donc, pour tout entier naturel $n$ :
$$u(n+1)=1,003\times u(n)$$ - Ainsi, si on considère que le taux d’évolution de la population reste constant d’une année à l’autre, on peut modéliser l’évolution de la population de ce pays par une suite géométrique $u$, de premier terme $u(0)=68,043$ et de raison $q=1,003$. On a alors, pour tout entier naturel $n$ :
$$u(n)=68,043\times 1,003^n$$
Dans ce modèle, par exemple, la population du pays en $2050=2023+27$ est donnée par $u(27)$ :
$$\begin{aligned}
u(27)&=68,043\times 1,003^{27} \\
&\approx 73,775
\end{aligned}$$
- D’après ce modèle, en $2050$, la population sera d’environ $73,775$ millions d’habitants.
Un garde forestier suit l’évolution de la superficie d’une forêt. Il estime sa superficie à $7\,500\ \text{ha}$ et, d’après les observations des années précédentes, il calcule que la forêt perd chaque année $4,5\,\%$ de sa superficie, à cause de l’exploitation de son bois.
Il souhaite donc modéliser l’évolution future de la superficie de la forêt en fonction du temps, afin de pouvoir l’estimer pour tout instant $t$.
On peut commencer par modéliser l’évolution de la superficie de la forêt d’une année à la suivante par une suite géométrique $v$.
Pour tout entier $n$, on note $v(n)$ la superficie, en hectare, de la forêt après $n$ années.
- Le premier terme de la suite $v$ est égale à la superficie initiale, donc :
$$v(0)=7\,500$$ - La forêt perd chaque année $4,5\,\%$ de sa superficie. Pour obtenir la superficie en l’année $n+1$, on doit multiplier celle en l’année $n$ par $0,955$. On a donc, pour tout entier naturel $n$ :
$$v(n+1)=0,955\times v(n)$$ - La suite géométrique $v$ a donc pour premier terme $v(0)=7\,500$ et pour raison $0,955$. On a alors, pour tout entier naturel $n$ :
$$v(n)=7\,500\times 0,955^n$$
Comme le garde forestier souhaite connaître l’évolution à chaque instant de la superficie de la forêt, il faut la modéliser de manière continue.
Par prolongement pour tout réel positif $t$ de la suite $v$, on considère alors la fonction $f$, définie sur $[0\ ;\, +\infty[$ par $f(t)= 7\,500\times 0,955^t$, où $t$ est le nombre (entier ou non) d’années.
Par exemple, pour connaître la superficie de la forêt après $3$ trimestres, on calcule $f\left(\frac 34\right)$ (puisqu’il y a $4$ trimestres dans une année), en s’aidant de la calculatrice :
$$ f\left(\frac 34\right)= 7\,500\times 0,955^{\frac 34}\approx7\,245,42$$
- Après $3$ trimestres, la superficie de la forêt sera, d’après ce modèle, d’environ $7\,245,42\ \text{ha}$ – soit une perte, en $9$ mois, de déjà plus de $200\ \text{ha}$.