Cours : Espaces et paysages de l’urbanisation : géographie des centres et des périphéries

Les visages de l’urbanisation mondiale

Définitions

Une ville ne se définit pas uniquement à partir d’un critère démographique, c’est-à-dire par le nombre de personnes qui y habitent.

Les habitants de ces territoires occupent des emplois qui ne sont pas liés au secteur agricole. Mais il existe également une hiérarchie dans les villes : il n’est pas possible de mettre sur le même plan Paris et Grenoble par exemple. On utilise alors différents termes, qu’il ne faut pas confondre.

On peut penser, par exemple, à la métropole toulousaine dans la région Occitanie, ou encore à Montpellier.

On peut citer par exemple la mégalopole européenne, située au nord de l’Europe. Elle réunit un grand nombre de villes puissantes.

Les visages de l’urbanisation dans le monde

L’Europe et l’Amérique du Nord sont deux espaces très urbanisés, avec les trois quart de la population vivant en ville. Toutefois, l’urbanisation des pays du Nord est achevée : cela signifie que la population urbaine n’augmente quasiment plus dans ces territoires.

À l’inverse, dans les pays en développement qu’on appelle aussi PED, l’urbanisation connaît une croissance impressionnante : jusqu’en 1950, les pays dits du Sud étaient faiblement urbanisés.

• Aujourd’hui, le taux de croissance urbaine est de 3,6 %.

Mais l’urbanisation en œuvre dans les pays en développement n’est pas uniforme : elle ne se présente pas partout de la même manière. Il est par exemple difficile de comparer le cas de l’Amérique latine avec celui du continent africain.

L’Amérique latine est fortement urbanisée. Presque 80 % de sa population vit en ville. Ce taux continue de progresser, mais faiblement. En Afrique au contraire, le taux d’urbanisation est faible mais en constante croissance. Cela signifie qu’en Afrique, de nombreuses nouvelles villes font leur apparition.

Le cas de l’Asie est similaire à celui de l’Afrique : c’est un continent faiblement urbanisé (même s’il possède de nombreuses mégapoles) et dont la croissance urbaine est forte.

Le graphique ci-dessous présente le pourcentage de population urbaine par continent. On voit clairement que l’Amérique latine occupe la deuxième place après l’Amérique du nord et avant l’Europe. Elle apparaît donc comme une exception dans le schéma qui oppose l’urbanisation des pays développés et celle des pays en développement (PED).

La métropolisation

Si les villes voient leur population augmenter, il y a également une tendance à la métropolisation.

Or, la population urbaine se concentre non seulement dans les villes, mais surtout dans les très grandes villes que sont les métropoles et les mégapoles. Parmi ces mégapoles, la majorité se situe dans les pays du Sud, que l’on appelle également pays en développement.

Sur cette carte, on voit que Tokyo est la ville la plus peuplée au monde avec près de 38 millions d’habitants. Viennent ensuite Jakarta en Indonésie (30 millions d’habitants), Séoul en Corée du Sud, avec plus de 25 millions, Shanghai, avec presque 25 millions, et Karachi au Pakistan, avec plus de 24 millions d’habitants.

Les causes de l’urbanisation

Dans les pays du Nord

Dans les pays du Nord, l’urbanisation est un phénomène assez ancien. Dans l’Antiquité gréco-romaine, on comptait déjà des villes d’un million d’habitants, telles que Rome par exemple. Durant le Moyen Âge, les villes attiraient également une population nombreuse, même si la majorité restait rurale.

Mais l’urbanisation commence réellement au XIX^e siècle, avec l’industrialisation. Commence alors l’exode rural : suite à la mécanisation de l’agriculture et à la croissance démographique, les paysans vont chercher du travail en ville, faisant ainsi grossir le nombre d’ouvriers.

Dans les pays du Sud

Dans les pays du Sud, au contraire, cette croissance urbaine est récente. Elle est due à la croissance démographique, c’est-à-dire à l’augmentation du nombre d’habitants, mais aussi à un exode rural massif, en raison de l’absence de travail dans les campagnes.

La ville représente alors la stabilité, avec l’opportunité d’un emploi et d’un salaire. Les infrastructures telles que les écoles ou les hôpitaux, absentes des campagnes, incitent également de nombreux paysans à partir s’installer dans les villes, à la recherche d’un meilleur confort de vie.

Les villes ont également une forte attractivité culturelle : la ville diffuse et propose un modèle de vie occidentalisé qui attire de nombreux habitants.

Les conséquences de l’urbanisation

Les inégalités économiques

Les habitants en provenance des campagnes obtiennent rarement la vie qu’ils espéraient lorsqu’ils s’installent en ville, notamment dans les pays en développement. Ces nouveaux citadins sont confrontés à des difficultés d’accès au logement et occupent le plus souvent des emplois précaires.

Il n’est donc pas rare de voir se former, dans les villes dont la croissance urbaine est très forte, des quartiers dans lesquels se concentre les populations les plus pauvres : les bidonvilles.

Par exemple, dans le cas de Mumbai, en Inde, le bidonville de Dharavi est une véritable ville à l’intérieur de la ville : il possède plus d’un million d’habitants ! Dans certaines villes d’Afrique, on observe même un phénomène de « ruralisation des villes ». Cela signifie que les habitants de certaines villes adoptent des comportements issus de la campagne.

Dans les pays du Nord, il est important d’être connecté aux réseaux de la mondialisation pour pouvoir se développer. Par exemple, une ville qui comprend un hub de transport important, comme un port international, se développera plus vite qu’une ville isolée ou non connectée à d’autres centres économiques.

Les espaces ruraux des pays du Nord sont souvent très mal connectés aux réseaux de la mondialisation. Ils ne possèdent que très peu d’infrastructures et le taux de chômage y est souvent élevé.

Des inégalités existent aussi à l’intérieur même des villes dans lesquelles on peut observer une phénomène de gentrification.

Les problèmes environnementaux

La croissance urbaine, souvent anarchique, a également des conséquences d’un point de vue environnemental. La concentration d’activités sur un territoire réduit, que ce soit dans les pays du Nord ou du Sud, favorise la pollution de l’air.

Dans les villes du Sud, les autorités ont beaucoup de mal à prendre en charge l’urbanisme, c’est-à-dire l’organisation de la ville. Les bidonvilles sont par exemple souvent situés à proximité des déchetteries, ce qui pose des problèmes sanitaires, avec notamment une eau contaminée.