États et religions : une inégale sécularisation
Des religions d’État à l’État laïque
Des religions d’État à l’État laïque
L’Église romaine, qui unifiait l’Occident chrétien, éclate avec les réformes protestantes du XVIe siècle et les conflits qui ont suivi en Europe jusqu’au milieu du XVIIe siècle.
- Le morcellement politique coïncide avec un morcellement des confessions religieuses.
- Une nouvelle conception de l’État émerge : le prince détermine la religion de ses sujets (« Tel prince, telle religion ») et l’État contrôle l’organisation de l’Église.
- L’unité n’est plus transnationale, mais nationale et la religion du souverain constitue la religion d’État.
- Les minorités religieuses et les dissidents sont parfois tolérés, mais plus généralement pourchassés (exemple : juifs d’Europe centrale victime de pogroms).
- Cependant, l’idée de tolérance religieuse (philosophes des Lumières) finit par gagner du terrain, en même temps que s’affirment celles de liberté individuelle et d’égalité.
- À la fin du XVIIIe siècle, les révolutions américaine et française instaurent le principe de liberté religieuse pour tous les individus et donc l’égalité civile des citoyens devant la loi et la justice :
- en 1787, la Constitution des États-Unis prévoit une république laïque avec un régime de séparation de l’État et des religions ;
- en France, la séparation des Églises et de l’État est proclamé en 1795, puis institué durablement en 1905.
Une inégale laïcisation
Une inégale laïcisation
- Au XIXe siècle, en France, le pluralisme des cultes est accepté (catholicisme, luthérianisme, calvinisme et judaïsme reconnus), avec cependant une prédominance donnée au catholicisme.
- La loi de séparation de l’Église et de l’État (1905) acte le processus de sécularisation de l’État français.
- De nos jours, plus de la moitié des pays du monde sont considérés comme des pays laïques, le politique étant officiellement séparé du religieux.
- Cependant, la laïcité se fait par étapes et peut rester incomplète dans certains pays.
- La sécularisation n’est pas homogène dans les diverses régions du monde, puisqu’elle tient compte de l’histoire et des particularités de chaque pays, ce qui explique la variété des situations des relations entre le pouvoir politique et les religions.
- L’Union européenne reconnaît la diversité des situations de sécularisation des pays membres (traité de Lisbonne en 2007).
- Les États musulmans établissent généralement l’Islam comme religion d’État, mais avec de nombreuses variantes et avec une plus ou moins grande tolérance pour les autres religions.
- La Turquie fait exception en se proclamant laïque depuis 1937, bien que dans les faits l’Islam sunnite majoritaire reste la religion reconnue par l’État en bénéficiant de financements publics.