Identité et genre
Discriminations de genre
Discriminations de genre
- Pour Aristote, le genre est un ensemble de caractéristiques secondaires. Du point de vue de l'essence, femmes et hommes se situent sur un pied d’égalité.
- Historiquement pourtant, les individus de sexe féminin ont fait l’objet d’une catégorie à part, longtemps qualifiée de « sexe faible ».
- Dans la nature, il y a des inégalités de fait, mais la vocation du droit sur la base de l’exigence de justice est de remédier à ces différences de fait. Lorsque le droit renforce l’inégalité de fait, on appelle cela une discrimination.
- Simone de Beauvoir écrit : « On ne naît pas femme : on le devient » (Le Deuxième Sexe).
- Elle admet qu’il existe deux sexes biologiques (l’intersexuation humaine est encore méconnue), mais refuse en revanche l’évidence du genre « féminin » et s’applique à montrer combien tout est construit par un formatage social.
- Selon Judith Butler, le genre est une performance sociale. Nos comportements genrés sont construits en société et acquis par éducation ou par choix.
- C’est la fonction de celui que l’on qualifie, dans nos sociétés normatives, de « travesti » : mettre en évidence le caractère factice de nos normes de genre, pour troubler le regard.
Neutralité de genre ?
Neutralité de genre ?
- Céline Sciamma, réalisatrice du film Tomboy, pose la question : lorsqu’une fille souhaite, non pas être un garçon, mais ne pas devoir s’approprier de signes de genre, faut-il y voir une erreur de la nature ?
- Plutôt que de multiplier les genres en autant d’individus, ne pourrait-on pas réduire cette diversité de genres à un seul genre : le neutre ?
- C’est ce que suggère Monique Wittig dans les années 1980. Il ne s’agit donc pas de changer de sexe ni de genre, mais de ne pas céder à des injonctions sociétales qui voudraient que, pourvue d’un sexe femelle, on soit nécessairement féminine.
- Pour autant, l’idée que le genre ne relève pas de l’identité de nature mais d’une simple identité sociale suscite des critiques.
- Certains personnes se sentent à ce point en décalage biologique par rapport à leur identité de genre qu’elles souffrent beaucoup, et désirent changer de sexe biologique pour aligner leur sexe biologique sur leur ressenti de genre.
- Qu’est-ce qui est le plus éthique : leur refuser le changement de sexe, au motif que leur genre est indépendant de leur biologie et que quel que soit le sexe biologique, le genre peut être ce que la personne souhaite qu’il soit ? Ou accepter leur demande pour mettre un terme à leur souffrance psychique – celle de se sentir différentes de ce qu’elles donnent à voir ?
- Le genre n’est pas seulement une construction sociale : il relève d’un vécu psychologique, d’abord et avant tout.
Orientation sexuelle et identité de genre
Orientation sexuelle et identité de genre
- La disjonction opérée par Judith Butler entre sexe, genre et orientation sexuelle, est récente. Il demeure aujourd’hui une certaine phobie sociale à l’égard des homosexuel·le·s ou une angoisse à l’endroit des gender studies.
- Cette angoisse repose sur une confusion, précisément, entre identité de genre et orientation sexuelle, d’une part ; entre homosexualité et perversion, d’autre part, mais aussi sur la conviction que notre sexe biologique devrait déterminer notre orientation sexuelle.
- L’orientation sexuelle repose sur une attirance pour l’altérité (« l’autre que moi »).
- Si l’orientation sexuelle fait partie de mon identité, faut-il admettre que mon identité est relative à l’altérité qui m’attire ? Ce sont d’épineuses questions relevant de la psychologie plutôt que de la philosophie, et auxquelles la sociologie ne saurait répondre adéquatement.
- C’est ce qu’interroge Monique Wittig dans La Pensée Straight, et qu’elle cherche à déminer : la façon dont les discours hétéronormatifs invisibilisent les personnes homosexuelles, bisexuelles, transsexuelles ou plus largement queer (c’est-à-dire « bizarres », hors-norme du point de vue hétéronormatif), en leur refusant la sexualité elle-même.
- La sociologie des gender studies a contribué à déminer l’idée que l’hétérosexualité serait une nécessité psychologique. Si la perpétuation de l’espèce passe par un accouplement hétérosexué, en revanche, la sexualité, qui n’est pas exclusivement physiologique mais repose avant tout sur la psychologie individuelle, dépasse la sexuation biologique.