L’enracinement de la culture républicaine (1876-1899)
Introduction :
Les républicains deviennent majoritaires à la Chambre des députés en 1876, puis au Sénat en 1879. Il leur importe d’enraciner la République dans les cœurs et les esprits afin de rendre impossible tout retour à la monarchie. Il s’agit alors de comprendre comment le régime républicain a emporté l’adhésion des Français malgré les crises.
Pour cela, nous étudierons les valeurs, les symboles et les garanties de la culture républicaine héritée de 1789. Puis nous verrons que cette culture se diffuse auprès des citoyens, en partie grâce aux établissements scolaires. Enfin, nous nous pencherons sur les oppositions auxquelles la République résiste.
Une culture républicaine héritée de 1789
Une culture républicaine héritée de 1789
L’affirmation des valeurs et symboles de la République
L’affirmation des valeurs et symboles de la République
Les républicains reprennent à leur compte l’héritage de la Révolution française :
- la Marseillaise est définitivement adoptée en 1879 comme hymne national ;
- les pouvoirs publics qui étaient à Versailles depuis 1871 reviennent à Paris en 1879 ;
- le 14 juillet devient fête nationale en 1880 ;
- des bustes de Marianne, allégorie de la République, sont installés dans les mairies ;
- les funérailles nationales de Victor Hugo et son inhumation au Panthéon en 1885 sont aussi l’occasion pour le régime de mettre en scène l’unité de la nation.
La garantie des libertés fondamentales
La garantie des libertés fondamentales
La République rétablit les libertés fondamentales que le Second Empire avait supprimées.
- Au nom des principes de 1789, la liberté d’expression est rétablie avec une série de lois sur la liberté de réunion et de la presse entre 1880 et 1881.
- La loi du 28 mars 1882 donne aux conseils municipaux le droit d’élire leur maire tandis que celle du 21 mars 1884 consacre la liberté syndicale.
Une diffusion de la culture républicaine par l’école
Une diffusion de la culture républicaine par l’école
L’école au cœur du projet républicain
L’école au cœur du projet républicain
Le budget consacré à l’école quadruple entre 1879 et 1889. Jules Ferry est à l’origine des lois suivantes :
- celle du 16 juin 1881 sur la gratuité scolaire ;
- celle du 28 mars 1882 sur l’obligation de la scolarité primaire et la laïcité ;
- et celle du 30 octobre 1886 qui laïcise le personnel enseignant.
- Un million d’élèves sont scolarisés entre 1880 et 1900. Dans chaque commune, le bâtiment de la mairie-école prend une place centrale.
La formation des citoyens au programme de l’école
La formation des citoyens au programme de l’école
La littérature, avec le livre de lecture de G. Bruno (pseudonyme d’Augustine Fouillée) Le Tour de la France par deux enfants, l’histoire et la géographie permettent d’entretenir le patriotisme. Quant aux cours d’éducation morale et civique, ils ancrent les valeurs républicaines dans les esprits.
Couverture du livre de lecture Tour de la France par deux enfants
L’école permet d’instruire les élèves et de les sensibiliser aux valeurs républicaines. Toutefois, le service militaire et l’essor de la presse contribuent aussi à la formation des citoyens.
Un régime républicain qui résiste aux oppositions
Un régime républicain qui résiste aux oppositions
Un contexte difficile
Un contexte difficile
Dans les années 1880, la crise économique accroit le chômage. L’inaction des républicains modérés au pouvoir est critiquée par les radicaux, les socialistes et les anarchistes.
Anarchisme :
Doctrine politique visant à abolir toute forme d’autorité et prônant notamment la destruction de l’État.
Les anarchistes commettent des actions violentes : attentat d’Auguste Vaillant contre la Chambre des députés en 1893, assassinat du président Sadi Carnot en 1894, etc.
Les républicains modérés sont également affaiblis par les scandales politiques qui éclaboussent le président de la République ou des députés et qui favorisent l’antiparlementarisme.
Antiparlementarisme :
Doctrine politique opposée à l’existence ou à la puissance des assemblées détenant le pouvoir législatif.
Deux crises majeures
Deux crises majeures
Deux crises majeures interviennent à la fin du XIXe siècle.
Le général Boulanger, nommé ministre de la Guerre en 1886, tente d’exploiter ces difficultés. Exclu du gouvernement puis de l’armée, il entame une carrière politique en 1888 autour d’un programme antiparlementaire et nationaliste. Les républicains modérés et radicaux s’unissent contre lui et le boulangisme s’effondre en 1889.
L’affaire Dreyfus constitue un autre événement majeur. En 1894, Alfred Dreyfus, capitaine juif alsacien, est accusé d’avoir livré des secrets à l’Allemagne. L’affaire divise la nation en deux camps :
- Les dreyfusards, convaincus de l’innocence de Dreyfus
- Les antidreyfusards, qui défendent un régime d’autorité et un nationalisme souvent xénophobe et antisémite.
Caricature de Caran d’Ache, parue dans le Figaro le 14 février 1888.
La République sort renforcée de l’affaire Dreyfus en 1899 : les antidreyfusards sont vaincus par le gouvernement de défense républicaine qui rassemble tous ceux qui font des valeurs républicaines une priorité.
Conclusion :
La culture républicaine s’empare de l’héritage de la Révolution française. Elle fait de la Marseillaise et de Marianne de véritables symboles de la République. De plus, elle garantit à nouveau les libertés fondamentales que sont les libertés de réunion, de la presse et syndicale. Lorsque les lois de Jules Ferry rendent l’école gratuite, laïque et obligatoire, cela favorise la diffusion des valeurs républicaines auprès des élèves. Malgré un contexte économique et politique tendu, entre la montée en puissance des anarchistes et l’affaire Dreyfus, la République résiste et se renforce au fil des crises.