L’évolution des formes de l’action collective
Les répertoires d’action collective
Les répertoires d’action collective
- Chaque époque et chaque groupe se caractérise par des façons de protester qui lui sont propres.
- L’historien et politiste américain Charles Tilly développe la notion de répertoire d’action collective qu’il définit comme un ensemble limité d’actions protestataires utilisables au sein des mouvements sociaux.
- Il distingue deux grands répertoires correspondant à deux époques différentes.
- le répertoire ancien (ou d’Ancien Régime) qui présente des mouvements de protestation locaux et patronnés ;
- le répertoire moderne qui émerge au XIXe siècle avec le mouvement ouvrier.
- Les actions collectives de ce répertoire sont rendues possibles par le développement de moyens de communication à l’échelle nationale (presse, transports) et de syndicats.
- C’est ce dernier qui structure encore largement les mobilisation d’aujourd’hui.
- Des travaux plus récents de Charles Tilly ont mis en lumière l’existence d’un type de répertoire de taille plus réduite, et propre à un groupe social : les répertoires tactiques.
- L’émergence de nouveaux cycles de contestations dans les années 1960 ont vu l’apparition de répertoires tactiques innovants.
Nouveaux enjeux, nouveaux acteurs, nouvelles techniques de protestation
Nouveaux enjeux, nouveaux acteurs, nouvelles techniques de protestation
- Le sociologue Sidney Tarrow a construit la notion de structure des opportunités politiques.
- Cette notion cherche à analyser le rôle du contexte politique dans la réussite d’un mouvement social donné en regroupant un ensemble de caractéristiques favorisant ou non la réussite d’un mouvement social.
- Selon les périodes, la structure des opportunités politiques peut être plus favorable à certains mouvements qu’à d’autres.
- Sidney Tarrow a montré que les périodes favorables peuvent générer des « cycles de contestation » (intensification de certains mouvements de contestation).
- Alain Touraine a mis en évidence l’émergence, à partir de mai 1968, de ce qu’il nomme les « Nouveaux mouvements sociaux » (NMS) :
- les NMS sont portés par des individus de classes moyenne et supérieure ;
- ils défendent des valeurs post-matérialistes (comme la liberté, l’égalité des droits, ou encore la défense d’une minorité) ;
- les NMS s’opposent donc aux luttes traditionnelles essentiellement matérialistes (défenses des intérêts économiques et des travailleur·se·s).
- Certains de ces NMS ont fait preuve d’innovation en intégrant de nouvelles techniques d’action dans leur répertoire tactique (cf. die-in).
- Les sociologues Robin Cohen et Shirin Rai ont évoqué la naissance, dans les années 1970-1980, d’un troisième grand répertoire d’action qui serait « transnational » et « solidariste ».
- Toutefois, le sociologue Olivier Fillieule a démontré que la manifestation de rue restait au cœur des techniques de protestation utilisées, et que la majorité d’entre elles portaient des revendications matérialistes.