L’influence du diplôme et de l’expérience sur le niveau de salaire
Introduction :
De nombreuses enquêtes, celles du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (EREQ) par exemple, montrent que la poursuite des études garantit l’accès à des salaires plus élevés.
Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? N’existe-t-il pas d’autres éléments de différenciation salariale ?
Nous montrerons dans ce cours qu’il existe effectivement un lien entre le niveau de diplôme et le niveau de salaire, mais que d’autres éléments peuvent venir expliquer ces différences.
La relation entre le niveau de diplôme et le niveau de salaire
La relation entre le niveau de diplôme et le niveau de salaire
Le niveau d’étude augmente la probabilité de percevoir un salaire élevé
Le niveau d’étude augmente la probabilité de percevoir un salaire élevé
En analysant de nombreuses données, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) montre que, sur la totalité de sa carrière professionnelle, un titulaire d’un bac + 5 peut espérer gagner en moyenne presque 58 000 euros de plus qu’un bac + 2.
Ces données sont également vérifiables si l’on s’intéresse au salaire horaire.
Pour un salarié ayant un bac + 5, le salaire horaire moyen est d’environ 27 euros contre 14 euros pour un salarié sans diplôme, soit un salaire presque deux fois supérieur.
Ce graphique montre qu’un titulaire d’un bac + 5 perçoit en moyenne 37 826 euros par an contre 24 791 euros pour un bac + 2.
Il existe donc bien une différenciation salariale en fonction du niveau de diplôme. Les populations les plus diplômées gagnent un salaire supérieur aux moins diplômées.
Néanmoins, ce graphique montre également qu’il existe des différences en fonction des domaines d’études réalisés.
En effet, les étudiants issus des écoles de commerce perçoivent en moyenne 40 791 euros contre 25 839 euros pour ceux ayant fait des études de droit.
Des niveaux de salaires différents pour un même niveau d’études
Des niveaux de salaires différents pour un même niveau d’études
Il s’agit ici de montrer que toutes les études ne sont pas comparables.
La situation professionnelle et la rémunération varient grandement selon la spécialité du diplôme.
Lors d’une enquête menée en 2018, l’Insee montre que les taux d’insertion professionnelle sont plus difficiles dans les formations correspondant à un CAP-BEP ou un bac professionnel des services, du secrétariat et de la communication, mais également à des masters en arts ou en communication. En revanche, les situations sont favorables pour les jeunes ayant suivis les filières scientifiques, dans la finance, en école d’ingénieur et de commerce, ainsi que dans la santé.
Le tableau suivant met en évidence ces différences.
Taux de chômage BIT | Salaire net médian mensuel en euros (2016) | |
Doctorat en santé | 1,7 % | 3 010 |
Doctorat de recherche | 8,1 % | 2 440 |
Sciences exactes | 7 % | 2 430 |
Droit, économie, lettres | 10,4 % | 2 440 |
Diplôme d’école de commerce | 7 % | 2 520 |
Diplôme d’école d’ingénieur | 4,3 % | 2 560 |
Master | 8,2 % | 1 910 |
Mathématiques | 4,1 % | 2 120 |
Sociologie | 10,2 % | 1 610 |
Licence, licence professionnelle | 9,3 % | 1 630 |
Sciences exactes | 7 % | 1 710 |
Droit, économie | 10,3 % | 1 490 |
BTS, DUT | 9,9 % | 1 520 |
Secrétariat | 13,5 % | 1 420 |
Électricité, électronique | 7,6 % | 1 740 |
Bac professionnel | 15,2 % | 1 320 |
Espaces verts, agriculture | 8,5 % | 1 320 |
Secrétariat, communication | 23,6 % | 1 220 |
CAP, BEP | 23 % | 1 300 |
Agriculture | 17,9 % | 1 300 |
Accueil, hôtellerie | 29,4 % | 1 200 |
Source : Insee, enquête emploi 2012 à 2016
Salaire médian :
C’est le niveau de salaire à partir duquel la moitié des effectifs salariés gagne moins et l’autre moitié gagne plus.
En 2014, selon les derniers chiffre Insee connus, ce salaire médian s’élevait à 26 327 euros par an.
Si l’on s’intéresse aux masters (niveau bac + 5), on note bien une différence de salaire médian entre ceux ayant suivi des études en mathématiques et ceux ayant suivi des études en droit ou économie. Le salaire médian des premiers est de 2 120 euros, celui des seconds s’élève à 1 610 euros.
Il existe donc une différence de salaire en fonction du domaine d’études pour un niveau d’études équivalent.
Nous allons désormais montrer qu’il existe d’autres éléments que le niveau d’études qui influencent le salaire.
Les facteurs influençant le niveau de salaire
Les facteurs influençant le niveau de salaire
L’expérience
L’expérience
Aujourd’hui, lorsque l’on examine les offres d’emploi, on remarque que l’on demande non seulement un certain niveau de diplôme mais également de l’expérience professionnelle.
Expérience professionnelle :
Acquisition de compétences qui repose sur la pratique du travail par l’individu. Il s’agit d’un apprentissage par la pratique.
Ces deux éléments (le niveau de diplôme et l’expérience professionnelle) permettent l’acquisition de compétences et sont valorisés sur le marché du travail.
Compétences :
Ensemble des savoirs, savoir-faire et savoir-être d’un individu.
Acquérir de l’expérience tout au long de sa vie permet à chacun d’être plus efficace dans son travail, d’être capable de résoudre de nouveaux problèmes, mais c’est également la possibilité d’évoluer dans son parcours professionnel.
- Par exemple, aujourd’hui, il est possible, pour une personne ayant débuté sa vie active par un BEP mais ayant acquis tout au long de sa vie en entreprise de nouvelles compétences et de l’expérience, de postuler à des postes normalement destinés à des jeunes ayant un niveau de diplôme du supérieur.
La loi sécurise les parcours de formation, tant pour les salariés que pour les demandeurs d'emploi. Chacun a droit à la formation tout au long de sa vie. Une personne ayant acquis de l'expérience, quels que soient son âge, son statut ou son niveau de formation, peut notamment prétendre (sous certaines conditions) à une certification par la voie de la VAE (validation des acquis de l'expérience). Ainsi, elle peut avoir accès à un diplôme de niveau supérieur.
On voit donc bien que l’expérience professionnelle est un atout sur le marché du travail pour obtenir un poste, pour obtenir une promotion. On comprend ainsi que cela a également un impact sur le niveau de salaire.
La productivité
La productivité
Un autre élément déterminant dans le niveau de salaire est la productivité de l’individu.
Productivité :
La productivité est la quantité de travail produite par travailleur.
Frederick Winslow Taylor est l’un des premiers ingénieurs à avoir mis en relation le salaire et la productivité.
En effet, lorsqu’il met en place l’organisation scientifique du travail au sein des entreprises, il instaure également le salaire à la pièce. Cela signifie que le salarié perçoit un salaire en fonction du nombre de pièces fabriquées. Plus il est efficace, meilleur sera son salaire.
On comprend donc le lien entre productivité et salaire.
Organisation scientifique du travail :
Méthode de gestion et d’organisation des ateliers de production dont les principes ont été mis notamment en application par F. W. Taylor (Taylorisme) à la fin du XIXe siècle. Les principes de l’OST, notamment la parcellisation des tâches (division et simplification des tâches), ont conduit les ouvriers à ne devenir plus que des exécutants.
Cette vision est toujours d’actualité, car les entreprises ont des moyens pour individualiser les salaires.
- Par exemple, si vous êtes un agent immobilier, vous percevez un salaire de base qui sera augmenté en fonction de nombre de biens immobiliers vendus.
L’efficacité au travail, c’est-à-dire la productivité, est donc un élément supplémentaire qui vient différencier le niveau de salaire. Pour un même poste avec un même niveau de diplôme, les salaires peuvent donc être différents.
Si l'expression « diplôme élevé = salaire élevé » est toujours d'actualité, il faut reconnaître qu'aujourd'hui un certain nombre de personnes très diplômées occupent des emplois dont les compétences requises se situent largement en dessous de leur niveau de formation initiale. Cette forme de concurrence pour l'emploi est utilisée par bon nombre d'entreprises ; c'est ce que l’on appelle le déclassement.
À l'inverse, des candidats titulaires d'un CAP peuvent se voir offrir un salaire plus confortable. C'est le cas de certains secteurs qui manquent de main-d'œuvre qualifiée (le secteur de la boucherie, par exemple).
Autres facteurs
Autres facteurs
À l’expérience et à la productivité viennent s’ajouter d’autres facteurs susceptibles d’influencer le niveau des salaires :
- la mobilité géographique est un incontournable dans certaines professions. Prenons l'exemple de l'éolien : les chantiers s'implantent dans la France entière mais aussi à l'étranger. Ainsi, un salarié doit être en capacité de se déplacer, de s'organiser. En retour, il aura toutes les chances d'avoir un salaire meilleur ;
- les bassins d'emploi sont des régions plus rémunératrices que d'autres. Par exemple, les salaires sont plus élevés en Île-de-France qu'en Corse ;
- les pratiques salariales spécifiques de certaines entreprises peuvent aussi entrer en jeu. Par exemple, le salaire moyen peut être plus élevé dans certaines grandes entreprises dont la santé financière est bonne ;
- le type de contrat proposé peut faire varier la rémunération, selon qu'il s'agisse d’un CDI ou bien d’un CDD ou de missions Intérim qui peuvent générer des indemnités de fin de contrat et de congés payés. Le salaire est de ce fait majoré (mais le CDD et les mission Intérim sont des contrats précaires !) ;
- l’inadéquation entre offres d'emplois et demandes d'emplois peut aussi influencer la rémunération. Des secteurs en tension ne trouvant pas de main-d'œuvre qualifiée, auront tendance à mieux rémunérer les candidats potentiels (métiers de la métallurgie, de la bouche, du bâtiment, etc.).
Conclusion :
Il existe bien une relation entre le niveau de diplôme et le niveau des salaires.
Néanmoins, d’autres éléments viennent influencer ce niveau de salaire, tels que l’expérience professionnelle, l’efficacité au travail et des facteurs indirects comme le type de contrat ou encore la santé de l’entreprise ou du secteur d’activité.
Pour un même poste, il est donc possible pour un employeur d’individualiser le salaire si les parcours professionnels sont différents, si l’expérience professionnelle est différente, si la qualité du travail est différente, ou encore si la productivité est différente.