La naissance d’une société industrielle dans une France majoritairement rurale
Introduction :
L’avènement de la Troisième République coïncide avec la période de la seconde révolution industrielle.
Si la première révolution industrielle a surtout concerné le Royaume-Uni au XVIIe siècle, la seconde révolution industrielle s’étend à plusieurs régions du monde et se traduit par des innovations importantes, favorisant une forte croissance économique des pays impliqués.
Ainsi, nous nous intéresserons tout d’abord aux apports techniques permis par cette poursuite de l’industrialisation en France, puis nous aborderons l’éclosion et le développement du monde ouvrier, avant d’évoquer, pour terminer, la situation du monde rural.
La poursuite de l’industrialisation
La poursuite de l’industrialisation
Le rôle des progrès techniques
Le rôle des progrès techniques
À partir des années 1870-1880, la France, comme les autres puissances occidentales, connaît une deuxième industrialisation.
Cette deuxième industrialisation est liée à la découverte de nouvelles sources d’énergie : le pétrole et l’électricité.
Ces sources d’énergie permettent des progrès techniques, dont les plus significatifs sont :
- le moteur à explosion, qui permet l’essor de l’automobile ;
- l’ampoule électrique ;
- la « houille blanche », qui permet le développement d’une nouveau procédé de production d’électricité ;
- les nouveaux matériaux, tels que l’aluminium ou les produits plastiques dérivés de la chimie du pétrole.
« Houille blanche » :
Expression désignant l’hydroélectricité découverte par le Français Aristide Bergès en 1869.
Les expositions universelles créées en 1844 pour présenter les réalisations industrielles des différentes nations constituent un formidable accélérateur d'innovation.
- Paris accueille ainsi trois expositions universelles en 1878, 1889 et 1900.
Photo prise du premier étage de la tour Eiffel en 1900, lors de l'exposition universelle à Paris
L’héritage de la première industrialisation
L’héritage de la première industrialisation
Les innovations techniques de la seconde révolution industrielle sont déjà très présentes en 1914, mais le charbon reste la première source d’énergie utilisée.
En 1914, les régions minières du Nord, de la Lorraine et du Massif central sont toujours les plus industrialisées.
La production sidérurgique, autre héritage de la première industrialisation, demeure le symbole de la puissance économique française.
Sidérurgie :
Ensemble des techniques et des industries qui assurent la fabrication du fer et des alliages qui en sont composés.
L’essor du monde ouvrier
L’essor du monde ouvrier
Le temps des grandes entreprises
Le temps des grandes entreprises
Pour financer la recherche et favoriser la production de biens en grande série, les entreprises industrielles réalisent des investissements coûteux.
Elles ont recours à des financements extérieurs provenant de banques d’affaire ou de l’épargne populaire investie dans des actions commercialisées en bourse.
Action :
Titre de propriété qui représente une part du capital qu'une personne, l'actionnaire, détient dans une entreprise. Grâce aux actions, l’actionnaire a le droit de voter lors des assemblées générales de l’entreprise et il peut également prétendre à une part des bénéfices qui lui est versée sous la forme de dividendes.
Les entreprises industrielles tendent à se regrouper dans un mouvement de concentration qui donne naissance à des entreprises de grande taille.
Concentration :
Processus par lequel la taille d’une entreprise s’accroît à la suite du rachat ou de la prise de contrôle d’autres entreprises.
Les usines s’agrandissent et nécessitent alors une main d’œuvre importante.
Des ouvriers plus nombreux
Des ouvriers plus nombreux
Le nombre d’ouvriers en France passe de 3,5 millions en 1870 à plus de 7 millions en 1914.
Les ouvriers des usines sont divisés entre ouvriers qualifiés et non qualifiés, parmi lesquels les travailleurs immigrés.
Mais la grande usine reste minoritaire de 1870 à 1914 et le monde ouvrier comprend aussi des artisans, des ouvriers travaillant à domicile, des mineurs, etc.
Photo d’ouvriers sortant des ateliers de l’usine Solvay, en Camargue, vers 1910, ©Musée de la Camargue, Carles Naudot (photographie) & David Huguenin (numérisation)
Dans le même temps, la deuxième industrialisation favorise l’essor des services et l’activité de petits patrons, fonctionnaires et employés de l’industrie et du commerce.
Services :
Activités qui ne produisent pas de biens matériels, mais des prestations marchandes et non marchandes (commerce, transport, formation, etc.).
L’inégal déclin du monde rural
L’inégal déclin du monde rural
L’importance du monde rural
L’importance du monde rural
Contrairement à d’autres pays européens (le Royaume-Uni et l’Allemagne en particulier), la baisse de la population rurale est lente en France jusqu’en 1914.
À la veille de la Première Guerre mondiale, 38,5 % des Français travaillent toujours dans l’agriculture.
Celle-ci profite des progrès de l’industrie : l’utilisation d’engrais chimiques et les débuts de la mécanisation permettent d’augmenter les rendements agricoles.
Rendements :
Rapport entre la quantité produite et la surface utilisée.
Cette modernisation affecte principalement les grandes exploitations.
Par exemple, dans le Nord de la France, de véritables industriels de la terre, spécialisés dans la betterave sucrière, exploitent plus de 300 hectares à la fin du XIXe siècle. Ils sont à la fois cultivateurs, sucriers et distillateurs d’alcool.
Mais les petites exploitations familiales utilisant encore largement des méthodes traditionnelles restent majoritaires.
Les difficultés du monde rural
Les difficultés du monde rural
Les petits propriétaires possèdent des parcelles souvent exiguës, si bien qu'ils sont contraints de louer des terres supplémentaires.
Le sort des ouvriers agricoles est encore plus difficile : ne possédant que leur force de travail, ils sont employés à la saison, voire à la journée.
Les débuts de la mécanisation et l'augmentation des rendements agricoles réduisant les besoins de main-d'œuvre, certains quittent les campagnes pour se faire embaucher à l’usine, alimentant ainsi l’exode rural.
Cependant, beaucoup d’entre eux, les ouvriers paysans, préfèrent rester sur leurs terres et compléter leurs revenus en travaillant à l’usine pendant les mois difficiles.
Conclusion :
À la fin du XIXe siècle, les transformations industrielles importantes dues à la seconde révolution industrielle bouleversent l’économie des européens, dont la France.
Les nombreux progrès techniques font du secteur industriel un secteur porteur. Les ouvriers sont plus nombreux et les usines se développent, dans une période de croissance économique.
Le monde rural bénéficie également de la mécanisation permise par les progrès techniques. Cependant, on assiste à un léger déclin de la population rurale, certains délaissant la campagne pour aller travailler dans les usines en ville.