La naissance de la classe ouvrière
Introduction :
Avec la révolution industrielle, se développe une nouvelle classe sociale, la classe ouvrière. Elle est constituée de la main-d’œuvre travaillant dans les mines et dans les usines, afin d’extraire du charbon, mais aussi pour faire fonctionner les machines.
Que signifie travailler à la mine ou à l’usine ? Quelles sont les conditions de travail pour la classe ouvrière au XIXe siècle ?
Ces questions nous amèneront à observer en deux parties les conditions de travail dans les mines puis dans les usines.
Les conditions de travail dans les mines
Les conditions de travail dans les mines
Descendre et travailler dans la mine
Descendre et travailler dans la mine
Au XIXe siècle, le charbon est la principale source d’énergie. Les besoins sont donc très importants en France et en Europe pour faire fonctionner les machines dans les usines. Or, cette matière première se trouve généralement enterrée, pour l’extraire, il faut creuser : c’est la mine.
Le Petit Français, musée scolaire – La mine, Christophe (illustrateur : Georges Colomb), 1903
Chaque matin, les mineurs se rendaient à la mine après avoir effectué une distance souvent longue depuis leur domicile. Ils descendaient dans la mine par une benne. Celle-ci montait et descendait grâce à une roue, actionnée à partir d’une machine à vapeur, chauffée au charbon.
Les mineurs arrivaient alors au fond des mines, à quelques centaines de mètres sous la surface de la Terre : là, il fait sombre, l’air est rare et la chaleur y est parfois étouffante. Ils s’enfonçaient alors dans de longues galeries souterraines afin d’y travailler toute la journée, sous la terre, sans voir la lumière du jour.
Dans les mines, plusieurs catégories de métiers existaient :
- ceux qui étaient chargés d’extraire le charbon en creusant à la pioche, dans des espaces parfois minuscules : il fallait alors être couché pour creuser ;
- ceux qui ramassaient les morceaux de charbon afin de les placer dans des wagonnets. Ceux-ci étaient ensuite remontés jusqu’à la surface. Ce travail était généralement effectué par les femmes et les enfants ;
- ceux qui étaient responsables de l’entretien et de la sécurisation des galeries.
Les dangers de la mine
Les dangers de la mine
Travailler à la mine, cela signifiait affronter les dangers de la mine et travailler au péril de sa vie.
En effet, les mineurs mettaient constamment leur vie en danger : dans les mines, il y avait parfois de graves accidents. Les galeries pouvaient s’effondrer ; le gaz produit par le charbon pouvait exploser (on appelle cela un « coup de grisou ») ; les galeries pouvaient s’inonder lorsqu’on creusait à proximité des nappes d’eaux souterraines. Lorsque ces accidents arrivaient, les morts se comptaient par centaines.
Coup de grisou :
Explosion causée par un gaz naturel, le grisou, se dégageant des couches de charbon.
Le 10 mars 1906, un coup de grisou entraîna la mort de 1 200 mineurs à Courrières, dans le Pas-de-Calais. Cet évènement suscita une vive émotion et un élan de solidarité sans précédant à travers toute la France.
Illustration de l’explosion de la mine de charbon à Courrières par la Compagnie des mines de Courrières, Mars 1906
Par ailleurs, même en dehors des accidents, les mineurs risquaient sans cesse leur vie : ils respiraient chaque jour l’air de la mine et pouvaient attraper des maladies des poumons, souvent mortelles. On appelait à l’époque les mineurs « les gueules noires » du fait qu’ils étaient sans cesse couverts de poussière et de charbon.
La plupart souffraient de douleurs articulaires, les rhumatismes, car ils creusaient courbés, à genoux ou même allongés à même le sol. L’espérance de vie était beaucoup plus faible pour les mineurs que pour le reste de la population de l’époque.
Une vie de misère
Une vie de misère
Les familles de mineurs vivaient dans la plus grande misère : ils travaillaient plus de 10 h par jour, mais gagnaient très peu d’argent malgré leur travail très pénible. Leur salaire dépendait de la quantité de charbon qu’ils ramenaient, et pouvait donc varier d’un jour à l’autre.
Les familles habitaient dans des taudis à peine chauffés, situés plus ou moins proches des mines. Pour retenir les mineurs, certains patrons firent construire des logements autour de la mine, les « corons », constitués de petites maisons avec des petits jardins.
Taudis :
Habitation misérable, minuscule, dépourvue de confort et d’hygiène.
Corons, ©Jännick Jeremy/Wikimedia Commons
Du fait de leur grande pauvreté, la plupart du temps, les familles de mineurs ne mangeaient pas à leur faim. L’alimentation était précaire : du pain comme aliment de base, très peu de viande.
Pour augmenter les ressources et pour que la famille survive, même les enfants très jeunes travaillaient à la mine, parfois dès l’âge de cinq ou six ans. Leur petite taille leur permettait de se glisser dans les espaces étroits des galeries et de pousser des chariots.
La lutte pour obtenir de meilleures conditions de travail et de vie
La lutte pour obtenir de meilleures conditions de travail et de vie
Au XIXe siècle, les mineurs se sont progressivement regroupés et ont organisé des grèves pour réclamer de meilleures conditions de travail et de vie. Le salaire était la cause principale des grèves.
Ce furent des périodes difficiles, car les mineurs en grève ne touchaient plus aucun argent. Les manifestations furent violemment réprimées, parfois même par l’armée.
Cependant, les grèves ont petit à petit permis d’améliorer leur sort : une classe ouvrière unie et déterminée a vu de jour ainsi que des organisations syndicales. À la fin du XIXe siècle, les conditions de vie s’étaient grandement améliorées.
Classe ouvrière :
Ensemble des ouvriers travaillant dans des conditions souvent très difficiles.
Syndicats :
Groupe de personnes qui défend des intérêts communs.
Les conditions de travail dans les usines
Les conditions de travail dans les usines
Travailler à l’usine
Travailler à l’usine
Au cours du XIXe siècle, le développement des machines a permis l’industrialisation de la fabrication de nombreux produits. De grandes usines se sont construites dans lesquelles travaillaient de nombreux ouvriers.
Chaque jour, les ouvriers se rendaient à l’usine : des hommes, des femmes, et même des enfants parcouraient de grandes distances à pied depuis leur domicile. Dans les usines, le travail était très pénible : les ouvriers effectuaient des tâches répétitives à côté de machines souvent dangereuses, dans la chaleur ou le froid, dans le bruit et les mauvaises odeurs.
Les salaires étaient très insuffisants avec de grandes inégalités selon la qualification, mais aussi le sexe : les femmes étaient payées parfois un tiers du salaire des hommes.
À cette époque, les ouvriers et ouvrières travaillaient dans les usines jusqu’à 13 heures par jour, tous les jours de la semaine, toute l’année. Beaucoup tombaient malades ou étaient victimes d’accidents du travail.
Les conditions de vie des ouvriers
Les conditions de vie des ouvriers
Les conditions de vie des familles ouvrières étaient extrêmement pénibles. L’essentiel de leur budget servait à subvenir aux besoins alimentaires, souvent du pain, des pommes de terre, parfois un peu de fromage ou de viande, et à payer le logement misérable avec une seule pièce pour toute la famille : caves humides, greniers minuscules, etc.
Leur salaire ne leur permettait pas de mettre de l’argent de côté et ils subissaient dont une vie très précaire : les ouvriers étaient à la merci d’un accident ou du chômage. Le travail des enfants permettait de compléter les revenus familiaux, mais empêchait alors toute ascension sociale.
Ascension sociale :
Le fait d’améliorer ses conditions de vie en s’enrichissant.
Du fait de la malnutrition, du manque d’hygiène, la classe ouvrière était particulièrement touchée par les maladies : tuberculose, rachitisme, alcoolisme.
Les revendications des ouvriers
Les revendications des ouvriers
Au XIXe siècle, les ouvriers, tout comme les mineurs, ont organisé des grèves pour réclamer de meilleures conditions de travail. Ils créèrent des associations d’entraide, des caisses de secours pour les cas de maladie ou de chômage et fondèrent des syndicats.
- Après des années de revendications, ils ont obtenu des journées de 10 heures par jour et un jour de congé par semaine. Les salaires ont augmenté. Un système de retraite a été créé. Des lois sociales ont également interdit le travail des enfants et autorisé le droit de grève
Au XIXe siècle, l’industrialisation massive requière une main d’œuvre importante pour travailler dans les mines afin d’extraire le charbon ainsi que dans les usines pour faire fonctionner les machines.
Cette main d’œuvre est composée de la classe ouvrière composée des mineurs et des ouvriers. Ceux-ci subissent des conditions de travail et de vie extrêmement difficiles : salaires très faibles malgré des temps de travail très longs, dangerosité des tâches, pénibilité du travail et vie très précaire.
À la fin du XIXe siècle, des années de revendications et de grèves leur ont malgré tout permis d’obtenir des améliorations de leurs conditions de travail et de vie : salaires plus important, diminution du temps de travail, interdiction du travail des enfants.