La préservation du patrimoine
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Introduction :
En mai 2015, le groupe État islamique s’est emparé de la cité hellénistique antique de Palmyre, en Syrie, et a entrepris d’en détruire systématiquement les monuments antiques, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2013, afin de « gommer » l’héritage préislamique de la zone. Le patrimoine et sa préservation suscitent donc des tensions idéologiques, culturelles ou religieuses, à l’échelle locale, nationale ou internationale. La patrimonialisation d’un certain héritage, culturel, religieux ou historique cristallise en effet de nombreux enjeux et tensions entre les communautés. À Harlem, célèbre quartier défavorisé de New York, la mise en valeur de maisons traditionnelles et la requalification de certaines rues en zones commerçantes et artistiques a généré un phénomène de gentrification qui fait apparaître de nombreuses tensions autour de la question de la préservation patrimoniale et de ses conséquences. Enfin, on observe que le patrimoine devient un enjeu géopolitique, en particulier dans les territoires contestés ou en conflit.
On peut donc se demander quels sont les enjeux liés à la préservation du patrimoine aujourd’hui.
Nous verrons d’abord que protéger et faire évoluer le patrimoine constituent souvent deux objectifs inconciliables avant de nous intéresser aux tensions et concurrences que suscite sa préservation.
Protéger et faire évoluer le patrimoine : deux défis inconciliables ?
Protéger et faire évoluer le patrimoine : deux défis inconciliables ?
Urbanisation, développement économique et préservation du patrimoine : Paris entre protection et nouvel urbanisme
Urbanisation, développement économique et préservation du patrimoine : Paris entre protection et nouvel urbanisme
Contrairement aux autres villes de rayonnement international, comme Londres ou New York, Paris présente un urbanisme homogène, car principalement hérité de la période haussmannienne. Hormis sur l’île de la Cité, où subsistent quelques vestiges de l’urbanisme médiéval, la majeure partie du centre-ville de Paris présente une relative homogénéité. Cette homogénéité date des grands travaux entrepris par le préfet Haussmann sous le Second Empire, entre 1853 et 1870.
Préfet de la Seine entre 1853 et 1870, Georges-Eugène Haussmann fut chargé par Napoléon III d’embellir la ville de Paris et d’en faire une capitale moderne. Pour y parvenir, Haussmann fait percer de grandes avenues bordées d’immeubles réguliers et homogènes du point de vue architectural. Il crée également de nombreux parcs et espaces verts pour assainir la ville et la rendre plus agréable.
À l’exception de quelques monuments contemporains, dus aux grands travaux présidentiels comme le Centre Pompidou, inauguré en 1977 ou la pyramide du Louvre, construite entre 1985 et 1989 à l’instigation du président Mitterrand, les constructions les plus récentes sont cantonnées en périphérie de Paris.
- Depuis le début des années 1970, la ville développe, ainsi qu’on peut le voir sur la frise chronologique ci-dessous, une politique de préservation de son patrimoine.
La préservation et la valorisation de son patrimoine architectural, unique dans le monde, est en effet une source de développement économique pour Paris, qui est l’une des villes les plus visitées au monde. Les touristes du monde entier se pressent en effet pour admirer ses larges avenues bordées d’immeubles haussmanniens et parsemées de monuments emblématiques comme la tour Eiffel, construite entre 1887 et 1889 à l’occasion de l’exposition universelle ou l’Arc de Triomphe.
Rome est encore plus dépendante du tourisme que Paris. La capitale italienne tire la majeure partie de ses revenus du tourisme. Or, son attractivité est avant tout liée à son patrimoine antique et à ses trésors de la Renaissance qui représentent un véritable instrument de développement économique. Pour renforcer son attractivité aux yeux des touristes du monde entier, la ville éternelle a mis en place un vaste plan de rénovation patrimoniale financé par le mécénat de grands groupes industriels ou financiers.
Mécénat :
Action d’une personne ou d’une entreprise qui encourage le développement des sciences et des arts ou finance la rénovation d’œuvres d’art ou de monuments patrimoniaux.
En 2016, la fontaine de Trevi a été restaurée grâce à la maison de couture Fendi, tandis que le joailler Bulgari a financé la restauration de l’escalier de la Trinité-des-Monts. Enfin, en 2017, le Colisée a rouvert ses portes au public après des travaux de restauration financés par l’entreprise de maroquinerie Tod’s.
Si la pratique de recherche de fonds privés pour préserver le patrimoine est répandue aux États-Unis et dans le monde anglo-saxon sous le nom de fundraising, elle l’est moins en France. Elle connaît cependant un net essor depuis le début des années 2000.
- En 2019, année de l’incendie de Notre-Dame de Paris, la sauvegarde et la restauration du patrimoine ont représenté un quart du total des dons en France, juste derrière les dons aux œuvres sociales.
Les tensions autour des modalités de reconstruction de Notre-Dame de Paris suite à l’incendie de 2019 sont d’ailleurs exemplaires des débats sur le nouvel urbanisme et la préservation du patrimoine. Deux tendances s’opposent : d’une part, certains plaident en faveur d’une reconstruction à l’identique, tandis que d’autres ont imaginé incorporer des éléments plus modernes dans la reconstruction, notamment en remplaçant des éléments comme le plomb par du titane, plus léger.
- L’enjeu pour Paris n’est plus tellement de préserver son patrimoine, mais d’éviter que son urbanisme ne soit paralysé par un processus de muséification.
Non seulement la muséification de la ville transforme certains quartiers en résidences touristiques, à travers des sites de location comme Airbnb, mais il est également extrêmement difficile d’y construire des bâtiments neufs. Ainsi, le projet de tour Triangle, contesté depuis plus de 10 ans, a obtenu en mai 2020 une autorisation d’urbanisme définitive de la justice. Située porte de Versailles, la tour, qui devrait atteindre 180 mètres de haut, et revêtir la forme d’une pyramide de verre et d’acier, déchaîne depuis dix ans les passions, ses opposants lui reprochant notamment de défigurer le patrimoine parisien. Faire évoluer l’urbanisme dans une ville comme Paris s’avère donc un processus relativement complexe et difficile.
L’homogénéité de l’urbanisation de Paris et les nombreux monuments historiques et architecturaux qui parsèment la ville en font l’une des destinations touristiques les plus prisées au monde, à l’égal de Rome, en Italie. Cependant, les revenus générés par le patrimoine, s’ils sont source de développement économique pour la ville, ont également pour effet de conduire à sa muséification. De plus, les grands projets urbanistiques sont vivement contestés dans le centre historique de la capitale, et généralement relégués à sa périphérie ce qui pourrait à terme aboutir à la vitrification de son urbanisme.
Le tourisme culturel, entre valorisation et protection : l’exemple vénitien
Le tourisme culturel, entre valorisation et protection : l’exemple vénitien
En 2019, plus de 27 millions de touristes ont visité Venise. La cité lacustre est en effet dotée d’un patrimoine historique et architectural d’une très grande diversité, symbolisée par le palais des Doges, construit au XIVe siècle, qui allie style gothique et art de la Renaissance. La cité des Doges est en outre dotée d’un patrimoine naturel exceptionnel, puisqu’elle est bâtie au cœur d’une vaste lagune sur 118 îlots et classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987. Le patrimoine de la région de Venise, la Vénétie, génère ainsi plus de 300 millions d’euros de recette chaque année.
Cependant, la surfréquentation de Venise est de plus en plus dénoncée par ses habitants. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un cas unique dans le monde. Les exemples sont en effet multiples, à l’image de Barcelone en Catalogne. Le problème est cependant complexe. En effet, la surfréquentation, si elle menace le patrimoine (et nuit à la vie quotidienne des habitants), est également à l’origine de sa sauvegarde du fait des revenus qu’elle génère. Des mécènes assument notamment les coûts colossaux de certaines rénovations patrimoniales. La rénovation du pont des Soupirs, dans le centre-ville, a par exemple été entièrement financée par des mécènes privés, pour un montant total de 2,8 millions d’euros.
Surfréquentation :
Dépassement du seuil de capacité d’accueil d’un territoire.
Cette surfréquentation, dénoncée par une partie des habitants de la ville, nuit à Venise et à son patrimoine. Tout d’abord, elle entraîne la destruction de l’économie locale traditionnelle. Les célèbres masques du carnaval, par exemple, sont désormais en majorité importés d’Asie. De plus, l’attractivité de la ville, notamment économique, accentue sa gentrification.
Le phénomène, là encore, n’est pas propre à Venise et peut être observé dans de nombreuses autres villes, comme par exemple dans le centre historique d’Hambourg ou bien à Harlem, quartier défavorisé de New York.
À Venise il se traduit par la hausse des prix de l’immobilier en partie du fait de l’arrivée de nouveaux investisseurs qui transforment des logements en locations pour touristes et participent ainsi de l’augmentation des prix de l’immobilier. Parallèlement à l’augmentation du nombre de touristes à destination de la Sérénissime, la ville se dépeuple de ses habitants. Alors que ces derniers étaient encore 80 000 en 1990, ils ne sont plus que 55 000 en 2020 faute de revenus suffisants.
Gentrification :
Phénomène caractérisé par le remplacement des classes populaires par des catégories sociales plus aisées dans certains quartiers. Ce remplacement passe notamment par la transformation de quartiers populaires, la réhabilitation des logements ou des plans d’urbanisme et l’émergence de nouveaux modes de consommation qui participent de la hausse des prix et de la création d’une nouvelle culture locale.
Les autorités locales, en particulier la municipalité, ont mis en œuvre d’ambitieuses politiques publiques pour accentuer la fréquentation de la ville. D’une part, de nombreuses infrastructures ont été créées, afin de rendre Venise plus accessible, notamment grâce à l’aéroport international Marco Polo, situé à 8 kilomètres au nord de la ville, qui draine 10 millions de voyageurs chaque année. Outre le carnaval, les autorités publiques ont également créé de nombreux événements pour stimuler l’activité comme la Biennale d’architecture mais aussi la Mostra, festival international du film. Mais ces événements participent également aux nuisances dont sont victimes les habitants (pollution visuelle et sonore, hausse du trafic urbain, délinquance).
- Ainsi, si la fréquentation des monuments est la condition indispensable de leur préservation et de leur entretien, leur surfréquentation engendre des dégradations.
Pour concilier développement économique et préservation du patrimoine, Venise cherche à trouver des alternatives au tourisme de masse. La municipalité a déjà pris des mesures en ce sens, dont l’interdiction de l’accès à la baie pour les paquebots de croisières (dans l’espoir de limiter l’érosion) ou encore la mise en place de portiques pour compter les touristes à l’entrée de certains monuments et fermer ces derniers en cas de trop forte affluence. La ville a aussi choisi d’instaurer une taxe de 2,5 à 10 euros pour chaque touriste visitant la ville afin de financer l’entretien du patrimoine.
La valorisation de son patrimoine culturel et naturel a permis à Venise de devenir une des premières destinations touristiques en Méditerranée. Les pouvoirs publics ont accentué l’attractivité de la ville en développant des infrastructures de transports et divers événements internationaux. Cependant, la surfréquentation de la ville et sa gentrification font peser sur Venise et son patrimoine comme sur d’autres villes de nombreuses menaces, ce que dénoncent ses habitants. Pour remédier à ces problèmes, la municipalité de Venise a mis en place des dispositifs pour restreindre l’accès de certains monuments aux touristes et inventer un tourisme plus intelligent et respectueux de l’identité de la ville et de la vie de ses habitants.
La préservation du patrimoine : entre tensions et concurrences
La préservation du patrimoine : entre tensions et concurrences
Enjeu économique, la préservation du patrimoine est également un enjeu géopolitique.
Le patrimoine : un enjeu géopolitique
Le patrimoine : un enjeu géopolitique
Dans les pays en guerre, le patrimoine peut être instrumentalisé à des fins de propagande. La destruction des bouddhas de la vallée de Bâmiyân en Afghanistan par les Talibans, en 2001, constitue un cas d’école en la matière.
Propagande :
Action exercée sur l’opinion pour l’amener à partager et à appuyer certaines idées, notamment politiques.
Les bouddhas de la vallée de Bâmiyân, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, datent de l’Antiquité (vraisemblablement de la période comprise entre le IIIe et le VIe siècle après Jésus-Christ). Il s’agit de trois immenses statues de Bouddha nichées dans les falaises de Bâmiyân. Situées le long de la route de la soie, les falaises de Bâmiyân abritaient en effet un important centre culturel bouddhiste dont la présence est attestée dans la région au moins jusqu’au IXe siècle, jusqu’à l’arrivée des premiers musulmans. En dépit de la disparition progressive du bouddhisme dans le pays, les deux statues demeurèrent en place jusqu’en 2001.
En mars 2001, les talibans, qui contrôlaient alors la plus grande partie du pays déclarèrent les statues idolâtres (elles représentent un dieu autre qu’Allah, le dieu musulman) et les détruisirent au canon. L’opération, largement médiatisée, permit au régime des talibans de capter l’attention de l’opinion publique internationale, voire de certains gouvernements, comme le gouvernement du Japon qui envoya une mission diplomatique en Afghanistan dans l’espoir de trouver un accord pour la préservation ou tout du moins le démantèlement des bouddhas et leur expédition au Japon, en vain. Ces destructions instrumentalisées par les talibans étaient également un message envoyé à leurs sympathisants dans le monde et un avertissement à leurs détracteurs : en détruisant les bouddhas, ils démontraient qu’ils étaient les véritables maîtres du pays.
En 2015, l’État islamique a également mis en scène la destruction des vestiges de la cité antique de Palmyre en Syrie afin de servir de manifeste auprès de ses sympathisants à l’international et de démontrer sa force aux yeux du monde. L’Unesco a établi une liste du patrimoine mondial en péril qui intègre les sites menacés par les conflits armés, comme Palmyre, la vallée de Bâmiyân ou encore Sanaa, la capitale du Yémen fortement impactée par les effets de la guerre civile depuis 2016.
Les groupes terroristes ciblent également les sites patrimoniaux pour perpétrer des attentats ou des attaques, notamment à l’encontre de touristes, dans l’espoir de déstabiliser les régimes politiques en place et d’obtenir une certaine notoriété internationale.
En 1997, le groupe islamique Gamaa Al-Islamiya perpétra ainsi une tuerie de masse (62 victimes, majoritairement des touristes étrangers) sur le site archéologique du temple d’Hatshepsout à Deir el-Bahari, près de Louxor. L’objectif poursuivi par les terroristes était double : d’une part, ils espéraient déstabiliser le gouvernement égyptien en le privant des revenus du tourisme et, d’autre part, contraindre l’armée égyptienne à engager un cycle de répression pour faire grossir les rangs de leurs partisans dans le pays.
La question de la reconnaissance patrimoniale est également au centre de débats houleux dans des pays qui retrouvent la paix ou accèdent à la démocratie. Le mausolée franquiste de la vallée de Los Caídos, en Espagne, constitue un bon exemple de ce type de tensions liées au patrimoine.
Franquisme :
Système politique autoritaire instauré en 1939 en Espagne par le général Franco et ses partisans jusqu’à sa mort en 1975.
Inauguré en 1959 pour célébrer les trente ans de la prise du pouvoir en Espagne par Franco suite à la guerre civile (1936-1939), le mausolée, construit sur son ordre, célèbre le franquisme et les combattants franquistes ayant trouvé la mort pour son triomphe. Plus tard, Franco fit adjoindre aux 30 00 corps de soldats franquistes exhumés sur le site les dépouilles de combattants républicains sans le consentement de leurs familles. À sa mort, lui-même y fut inhumé. Par sa symbolique (le mausolée est notamment surmonté d’une gigantesque croix de plus de 150 mètres de haut) le monument célèbre la gloire du franquisme. Visité par de nombreux touristes, mais également par les nostalgiques du franquisme, il divise profondément la société espagnole. En octobre 2019, le gouvernement espagnol a décidé d’exhumer le corps de l’ancien dictateur et de le transférer dans le petit cimetière du Mingorrubio, où repose son épouse. Cependant, le sort du mausolée, construit par des prisonniers du régime franquiste, continue à diviser les Espagnols et ravive les tensions du passé.
Le patrimoine est parfois instrumentalisé à des fins géopolitiques, et la destruction ou la préservation de certains sites patrimoniaux constitue une décision d’ordre politique destinée alimenter la propagande ou les intérêts de diverses catégories d’acteurs, étatiques ou non (groupes armés, mouvements politiques ou religieux, etc.). En tant que mémoire du passé, le patrimoine est peut être source d’interrogations, voire de tensions sociétales, comme c’est le cas en Espagne, avec les monuments hérités du franquisme.
La question patrimoniale au Mali
La question patrimoniale au Mali
La question patrimoniale au Mali revêt de nombreux enjeux, tant en termes géopolitiques qu’en termes de développement. Le Mali possède un riche patrimoine, principalement hérité de l’empire médiéval du Mali fondé au XIIIe siècle, riche empire implanté à la jonction des routes commerciales entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Cependant, le Mali doit aujourd’hui faire face à d’importants défis de développement et de sécurité. En termes d’IDH, le pays est classé au 182e rang sur 188.
IDH :
L’IDH ou Indice de développement humain est un indice statistique qui évalue le taux de développement humain des différents pays du monde. L'IDH est calculé à partir de trois critères : le PIB par habitant, l'espérance de vie à la naissance et le niveau d'éducation. Plus l’indice s’approche de 1, plus le développement humain du pays est élevé. En 2017, il était de 0,427 pour le Mali.
Suite à un coup d’état militaire survenu en 2012 et à l’occupation du nord du pays par des sécessionnistes et djihadistes, le pays a été la proie de nombreuses violences. Dans ce contexte, le Mali met en avant la sauvegarde de son patrimoine matériel et immatériel pour favoriser la cohésion entre les différentes ethnies qui peuplent son territoire et maintenir la paix.
En 2012, les djihadistes s’étant emparés du nord du pays ont détruit de nombreux mausolées de saints ou d’imams musulmans classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, en particulier dans la région de Tombouctou. Ces destructions, mises en scène et médiatisées, avaient deux objectifs pour les mouvements djihadistes : démontrer que l’État malien n’exerçait plus aucun contrôle sur le nord du pays et imposer une vision plus rigoriste de l’islam pour affermir l’adhésion de leur base. Cependant, en 2013, l’armée malienne, après avoir demandé l’assistance de l’armée française et de l’ONU, reprend le contrôle de Tombouctou et du nord du pays.
Mausolée :
Un mausolée est un monument funéraire d’une personne ou d’un groupe de personne jugé d’importance historique.
Dès lors, la réhabilitation des sites maliens classés au patrimoine mondial a été la pierre angulaire des efforts de consolidation de la paix au Mali. Sur le terrain, des casques bleus formés à la protection du patrimoine ont été déployés tandis que les mausolées détruits ont été reconstruits à l’identique grâce à un financement de l’Unesco, de l’État malien, de fondations philanthropiques, de l’Union européenne et de la Suisse ainsi qu’à la collaboration des chefs de quartiers, des imams et des populations sur le terrain.
La réhabilitation du patrimoine devient ainsi une source de développement économique et d’échanges entre communautés. Le Mali a également décidé de valoriser son patrimoine immatériel en lui dédiant des festivals dont les objectifs sont de promouvoir la culture et l’artisanat des différentes communautés du pays auprès des touristes.
C’est par exemple le cas du festival de la culture Dogon, peuple de cultivateurs de l’est du Mali, notamment réputé pour son artisanat traditionnel.
Ce mouvement de préservation et de valorisation du patrimoine englobe également les manuscrits de Tombouctou, ensemble original d’ouvrages qui trouvent leurs racines au cours de la période comprise entre le Moyen Âge et le XVIIe siècle, principalement rédigés en arabe et autres langues africaines et qui traitent de l’islam, de l’astronomie, des sciences, des mathématiques ou encore du droit. Environ 90 % de ces manuscrits ont été sauvés des destructions par les habitants lors de l’occupation de Tombouctou par les djihadistes.
Objet de nombreuses destructions au cours de la guerre de 2012, le patrimoine matériel du Mali est aujourd’hui au cœur d’enjeux politiques et géopolitiques. Sa réhabilitation et sa mise en valeur sont porteuses d’espoir de paix et de développement local. Le patrimoine immatériel des différentes communautés du Mali apparaît également aujourd’hui comme un facteur de développement et de cohésion nationale dans le cadre de sa valorisation.
Conclusion :
La préservation du patrimoine est au cœur de nombreux enjeux à travers le monde. Si le patrimoine apparaît comme une source de développement économique non négligeable, sa préservation et sa mise en valeur ont également des conséquences sur l’aménagement du territoire et peuvent être source de tensions. La surfréquentation de certains sites patrimoniaux met ainsi ces derniers en péril, tandis que leur gentrification menace le mode de vie des populations qui y résident. La marchandisation du patrimoine, que ce soit dans les pays du Nord ou dans les pays du Sud, met également en péril son authenticité et, par ricochet, sa préservation. Au-delà des enjeux locaux, la préservation du patrimoine – ou sa destruction – revêt des enjeux géopolitiques. C’est particulièrement le cas dans les pays en guerre, où les destructions patrimoniales sont un instrument de propagande de résonance mondiale pour certains régimes autoritaires ainsi que pour des groupes terroristes.
Cependant, les projets de réhabilitation du patrimoine détérioré ou détruit lors des conflits peut servir d’assise à la construction de la paix en reliant des communautés à leur passé. Cette question du patrimoine hérité du passé est également source de tensions et de vifs débats dans des pays comme l’Espagne, où elle ravive des divisions nationales héritées de l’histoire. En 2017, Vladimir Poutine et le maire de Moscou ont décidé de la démolition de 8000 khrouchtchevki dans la capitale russe. Les khrouchtchevki sont des immeubles d’habitation construits dans les années 1960 par l’URSS, nommé après le leader soviétique de l’époque Nikita Khrouchtchev. Ils sont donc le témoignage architectural d’un certain passé soviétique de la Russie. En démolissant ce patrimoine soviétique et en le remplaçant par des immeubles modernes, ce sont certains éléments historiques que les autorités souhaitent effacer du paysage et des mémoires.