La rupture napoléonienne ou la recherche d’un ordre politique stable : les ambiguïtés de l’héritage révolutionnaire (1799-1814)
Introduction :
En quelques années, la Révolution française a transformé la France. D’une monarchie absolue et de droit divin, le pays voit se succéder la Première République, la Terreur, puis le Directoire. Avec son coup d’État le 18 brumaire, Napoléon Bonaparte semble avoir mis fin à la Révolution Française.
Nous verrons dans ce cours en quoi la période napoléonienne révèle-t-elle la volonté de mettre fin à la Révolution tout en diffusant ses grands principes à travers l’Europe.
La première partie de ce cours permettra d’étudier la mise en place du régime napoléonien en France, et la seconde partie s’intéressera à l’Empire napoléonien et son expansion en Europe.
L’établissement d’un ordre politique autoritaire mais qui conserve certains acquis de la Révolution
L’établissement d’un ordre politique autoritaire mais qui conserve certains acquis de la Révolution
Un retour à l’ordre s’appuyant sur la mise en place d’un régime autoritaire
Un retour à l’ordre s’appuyant sur la mise en place d’un régime autoritaire
À la suite de son coup d’État qui met fin au Directoire en 1799, le général Bonaparte devient l’homme fort d’un nouveau régime politique, le Consulat. Il entend alors mettre fin à la Révolution et rétablir l’ordre tout en entérinant un certain nombre d’acquis de la période révolutionnaire.
Consulat :
Régime républicain dans lequel le pouvoir exécutif se trouve entre les mains de trois consuls. Dans les faits, le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, concentre l’essentiel des pouvoirs (Constitution de 1799).
Si le Consulat est encore la République, Napoléon Bonaparte instaure rapidement une dictature légale : il devient consul à vie en 1802 puis empereur en 1804.
Le sacre de Napoléon, Jacques-Louis David, 1806-1807
Un seul homme contrôle dès lors l’ordre politique français. Cette volonté de stabilité s’appuie aussi sur le retour de la paix, notamment avec l’Église (Concordat de 1801) et de nombreuses réformes destinées à moderniser, centraliser et uniformiser le territoire français (création des préfets et des lycées, uniformisation du système décimal et du franc germinal, etc.).
Concordat :
Accord conclu entre le pape Pie VII et le Premier Consul Napoléon Bonaparte. Il reconnaît que la religion catholique est celle « d’une grande majorité de Français » et laisse à l’État le soin de nommer les évêques (dont il assure en contrepartie l’entretien). La liberté de culte est affirmée dans la France du Consulat.
Le Code civil de 1804 fixe le cadre de vie de tous les Français en s’appliquant sur l’ensemble du territoire.
Code civil :
Promulgué par le Premier Consul en 1804, ce texte rassemble et unifie les règles de droit civil en France. Une partie importante de son contenu est toujours en vigueur.
À la suite de son sacre par le pape Pie VII le 2 décembre 1804, Napoléon met en place un régime personnel fort, l’Empire (appelé par la suite Premier Empire).
Empire :
Période durant laquelle Napoléon est au pouvoir en tant qu’Empereur des Français, entre le 2 décembre 1804 (jour de son sacre à Paris) et le 4 avril 1814 (date de sa première abdication).
Si le pouvoir du nouvel empereur repose avant tout sur sa grande popularité, il s’appuie également sur un retour partiel à l’ordre ancien : le cérémonial monarchique est en partie restauré et un certain nombre de libertés sont supprimées.
L’Empire apparaît donc comme un régime autoritaire.
Les ambiguïtés du nouveau régime napoléonien
Les ambiguïtés du nouveau régime napoléonien
Si le Consulat puis l’Empire (à partir de 1804) ont renforcé certains acquis révolutionnaires, ils établissent également un régime autoritaire sans équivalent en Europe qui pose trois grandes questions :
- la question de l’égalité : l’égalité devant la loi est inscrite dans la Constitution de 1799 mais l’esclavage est rétabli dans les colonies en 1802 tandis que le Code civil n’accorde pas le statut de citoyenne aux femmes qui restent sous la tutelle d’un homme (le père ou l’époux).
- la question de la souveraineté nationale : le suffrage universel est rétabli en 1799, et Napoléon s’appuie sur le plébiscite afin de recevoir l’adhésion du peuple. Mais le pouvoir impérial exerce un contrôle croissant sur le peuple (la pratique de la censure se développe, les grèves et syndicats sont interdits, etc.).
Plébiscite :
Consultation du peuple par l’intermédiaire du suffrage. Le pouvoir exécutif pose une question directe aux électeurs qui doivent alors répondre par oui ou non.
- la question des valeurs républicaines : Napoléon fait souvent référence aux valeurs républicaines (le drapeau tricolore sur tout le territoire) tout en diffusant dans l’Empire un culte à sa gloire.
L’Europe napoléonienne, entre diffusion des principes révolutionnaires et volonté d’expansion de l’Empire
L’Europe napoléonienne, entre diffusion des principes révolutionnaires et volonté d’expansion de l’Empire
La Grande Armée au service de la France : quand l’Empire de Napoléon impose les idées de la révolution en Europe
La Grande Armée au service de la France : quand l’Empire de Napoléon impose les idées de la révolution en Europe
Le général Bonaparte puis l’empereur Napoléon ont fait de l’armée le pivot de leur régime. Cette armée devient en 1804 la Grande Armée, une armée de conscription (dans laquelle les jeunes hommes sont réquisitionnés par l’État pour effectuer leur service militaire) qui enrôle au fur et à mesure l’ensemble des territoires englobés dans la nouvelle nation française (qui a compté jusqu’à 130 départements du fait des campagnes militaires). Cette armée napoléonienne se caractérise notamment par le fort attachement de ses membres à son chef charismatique et par son haut degré d’organisation. Napoléon a ainsi su s’entourer de grands officiers (comme les maréchaux Michel Ney et Joachim Murat).
Cette Grande Armée, par ses conquêtes jusqu’en 1812 (la campagne de Russie), a ainsi permis la diffusion des principes révolutionnaires puis napoléoniens à l’échelle du continent. Un peu partout en Europe, au sein des États sous influence française (notamment dans les royaumes dirigés par la famille Bonaparte : le Royaume d’Espagne, le Royaume de Naples, le Royaume d’Italie, le Royaume de Westphalie) se diffuse par exemple le Code civil de 1804.
Des résistances multiples à l’Empire : l’émergence des sentiments nationaux et la coalition des puissances monarchiques européennes
Des résistances multiples à l’Empire : l’émergence des sentiments nationaux et la coalition des puissances monarchiques européennes
D’abord plutôt bien accueillie, cette armée (accompagnée de l’administration napoléonienne) rencontre rapidement de farouches résistances, notamment à cause des impôts, de la répression politique et de l’enrôlement de force dans la Grande Armée qu’elle impose. L’Empire doit alors faire face à l’éveil des sentiments nationaux dans la plupart des territoires conquis. C’est notamment le cas en Espagne, royaume dirigé par Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon.
À partir de 1808, les Espagnols subissent l’oppression des Français. Le 2 mai, les habitants de Madrid se soulèvent contre l’autorité française. Le lendemain, les troupes françaises répriment férocement cette révolte. Mais les nombreuses exécutions sommaires n’empêchent pas cette insurrection de s’étendre alors dans tout le pays.
L’Empire napoléonien doit également affronter une coalition militaire de monarchies européennes désireuses de rétablir l’ordre monarchique. Battu en 1814 par ces armées coalisées, Napoléon doit abdiquer définitivement (après l’épisode des Cent-Jours) en juin 1815. C’en est fini de l’Empire.
Cent-Jours :
Période s’étendant du 1e mars au 22 juin 1815 durant laquelle Napoléon chasse Louis XVIII qui avait pris le pouvoir en 1814 et tente de restaurer l’Empire. La défaite de Waterloo marque la fin de son retour, Napoléon étant exilé par les puissances coalisées sur l’île de Sainte-Hélène.
Conclusion :
Après avoir mis fin au Directoire, Napoléon Bonaparte instaure donc le Consulat, en ayant pour objectif la fin de la Révolution et le retour à l’ordre.
Pourtant, Napoléon met en place progressivement un régime personnel et autoritaire en devenant consul à vie puis empereur.
Ses conquêtes ont permis la diffusion des principes révolutionnaires puis napoléoniens à l’échelle du continent.
Lors de la chute de l’empereur, l’Empire disparaît.