Le rôle des hormones dans la reproduction
Introduction :
La procréation permet à l’humain d’assurer sa descendance. Chez le mâle comme chez la femelle, un nombre important d’organes est impliqué dans la procréation.
Nous allons tenter de comprendre comment le fonctionnement de ceux-ci est coordonné ; par exemple, comment le cerveau entre-t-il en interaction avec les gonades ? Dans une première partie, notre attention se portera sur les molécules qui assurent ce contrôle : les hormones. Nous verrons ensuite comment ces connaissances ont permis à l’être humain de prendre le contrôle sur sa fertilité et de réguler les naissances.
Le contrôle à distance des gonades
Le contrôle à distance des gonades
Une hormone est une molécule produite par un organe et qui agit à distance sur d’autres organes, assurant ainsi une fonction de messager. En général, c’est la circulation sanguine qui assure sa distribution.
Fonction hormonale du complexe hypothalamo-hypophysaire
Fonction hormonale du complexe hypothalamo-hypophysaire
L’hypothalamus est une structure du système nerveux central. Il a une fonction endocrine, c’est -à-dire qu’il sécrète une hormone. Cette hormone est une neurohormone car ce sont des neurones qui la sécrètent. Cette neurohormone est appelée GnRH (gonadotrophin releasing hormone), ou hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires.
L’hypophyse est un organe qui, lui aussi, appartient au système nerveux central. Sa fonction endocrine est de produire la LH (luteinizing hormone) pour hormone lutéinisante et la FSH (follicular stimuling hormone) pour hormone folliculo-stimulante.
On sait que chez un individu avec un hypothalamus non-fonctionnel, l’injection de GnRH provoque la production de LH et de FSH.
L’hypothalamus et l’hypophyse produisent des neurohormones.
La GnRH hypothalamique est à l’origine de la production de la FSH et de la LH hypophysaires.
Rôles des neurohormones chez le mâle
Rôles des neurohormones chez le mâle
Des études ont été réalisées pour comprendre le rôle des hormones de l’hypophyse : les résultats ont été recensés dans le tableau suivant.
Procédés | Ablation de l’hypophyse chez un rat mâle adulte | Ablation de l’hypophyse chez un rat mâle adulte + injection régulière de FSH | Ablation de l’hypophyse chez un rat mâle adulte + injection régulière de LH | Ablation de l’hypophyse chez un rat mâle adulte + injection régulière de LH et FSH |
Résultats |
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Fonctionnement normal des testicules |
On observe que l’ablation de l’hypophyse chez le rat mâle stoppe la production de testostérone et de spermatozoïdes.
Afin de comprendre quelles sont les hormones en jeu pour chacune de ces fonctions, trois expériences supplémentaires sont effectuées sur des rats mâles dont l’hypophyse a été retirée.
- La première expérience consiste en une simple ablation de l’hypophyse : le rat ne produit alors ni gamètes, ni testostérone.
- La deuxième expérience consiste (sur les bases de la première expérience) en une injection régulière de FSH. On observe dans ces conditions une croissance des testicules, en particulier des cellules de Sertoli, et la reprise de la production des spermatozoïdes. En revanche, il n’y a pas de production de testostérone.
On peut en conclure que la FSH est une hormone qui permet la spermatogenèse en agissant directement sur les cellules de Sertoli.
- La troisième expérience consiste en une injection régulière de LH. On observe dans ces conditions une augmentation du nombre de cellules de Leydig et une production de testostérone. En revanche, il n’y a plus de production de spermatozoïdes.
On peut en conclure que la LH agit sur les cellules de Leydig, qui produisent la testostérone.
- La quatrième expérience consiste en une injection régulière de FSH et de LH. On observe alors un fonctionnement normal des testicules.
Une hypophyse fonctionnelle est indispensable à la procréation.
- Pour résumer à l’aide du schéma ci-dessous, l’hypothalamus sécrète une neurohormone (GnRH) qui agit sur la fonction endocrine de l’hypophyse. Ainsi, l’hypophyse sécrète deux hormones qui sont la LH et la FSH, et qui se retrouvent dans la circulation sanguine.
- Au niveau des testicules, la FSH est reconnue par les récepteurs sur les cellules de Sertoli qui vont alors stimuler la spermatogenèse. La LH, quant à elle, va être reconnue par les récepteurs sur les cellules de Leydig : elle stimule la sécrétion de testostérone qui elle-même favorise la spermatogenèse.
Rôles des neurohormones chez la femelle
Rôles des neurohormones chez la femelle
Procédés | Ablation de l’hypophyse chez une rate | Ablation de l’hypophyse chez une rate + injection régulière de FSH | Ablation de l’hypophyse chez une rate + injection régulière de LH et FSH |
Résultats | Pas de développement du follicule |
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- La première expérience consiste en l’ablation de l’hypophyse d’une rate adulte. On n’observe alors aucune croissance du follicule.
On peut en conclure que l’hypophyse est impliquée dans le développement du follicule (qui contient le futur ovule).
- La deuxième expérience consiste en l’ablation de l’hypophyse d’une rate adulte et une injection régulière de FSH. On observe alors le développement du follicule mais aucune ovulation.
On peut en conclure que la FSH permet le développement folliculaire.
- La troisième expérience consiste en une ablation de l’hypophyse d’une rate adulte et une injection régulière de LH et de FSH. On observe alors une croissance du follicule et le retour de l’ovulation.
On peut en conclure que la LH permet l’ovulation.
- Pour résumer à l’aide du schéma ci-dessous, la FSH stimule la maturation du follicule et la LH va déclencher l’ovulation au $14^\text{e}$ jour du cycle. Donc l’hypophyse contrôle à distance les gonades et l’hypothalamus contrôle l’hypophyse (grâce à la GnRH, comme chez les mâles).
Le système nerveux central régule donc la fonction de reproduction. Comment ces connaissances peuvent-elles permettre de contrôler les naissances ?
Régulation des naissances
Régulation des naissances
Le contrôle des naissances permet une régulation de celles-ci, qu’il s’agisse d’empêcher une grossesse ou de la favoriser.
Maîtrise de la procréation
Maîtrise de la procréation
- Contraception
Contraception :
Les techniques de contraception (mot formé des termes « contre » et « conception ») empêchent la fécondation, c’est-à-dire la rencontre des deux cellules sexuelles.
Le tableau ci-dessous liste les principales techniques de contraception. Il en existe beaucoup d’autres.
Composition | Effets | Efficacité | |
Pillule féminine œstroprogestative | Contient un œstrogène et un progestatif de synthèse | Empêche temporairement l’ovulation en agissant sur la production de FSH et de LH, épaissit la glaire cervicale (sécrétion vaginale) bloquant ainsi les spermatozoïdes, rend l’endomètre moins accueillant pour un œuf fécondé | $99\,\%$ |
Pillule féminine progestative | Contient uniquement un progestatif de synthèse | Épaissit la glaire cervicale (sécrétion vaginale) bloquant ainsi les spermatozoïdes, rend l’endomètre moins accueillant pour un œuf fécondé, peut (dans certains cas seulement) empêcher l’ovulation | $97$ à $99\,\%$ |
Pillule masculine | Contient un progestatif de synthèse et de la testostérone | Empêche la production des spermatozoïdes en agissant sur la production de FSH et de LH | $90\,\%$ (tests en cours) |
Dispositif intra-utérin (anciennement appelé « stérilet ») | Moyen de contraception en forme de T inséré dans l’utérus ; il est en plastique avec un ou plusieurs manchons de cuivre et fonctionne sans hormones | Le cuivre bloque la fécondation en empêchant les spermatozoïdes d’atteindre l’ovule | $99,2\,\%$ |
Préservatifs externes et internes | Gaine en latex ou en polyuréthane | Retient le sperme et empêche donc le passage des spermatozoïdes | $85$ à $88\,\%$ |
Les pilules contiennent des hormones de synthèse qui se substituent aux hormones naturelles et perturbent le production de FSH et de LH.
- Contragestion
Contragestion :
Les techniques de contragestion (contraction des mots « contre » et « gestation ») empêchent la gestation, c’est-à-dire le développement des embryons. En d’autres termes, ces techniques sont utilisées alors que la fécondation a déjà eu lieu pour empêcher une grossesse non désirée.
Le tableau ci-dessous liste les principales techniques de contragestion.
Effets | Efficacité | |
Pilule du lendemain | Empêche la fixation de l’embryon à l’utérus et provoque les règles | $58$ à $96\,\%$ (selon le moment de la prise) |
Pilule abortive (RU486) | Provoque les règles et donc une fausse couche | $95\,\%$ |
Avortement par chirurgie | Opération chirurgicale qui consiste à éliminer l’embryon ou le fœtus | $99,7\,\%$ |
Il n’existe pas de méthode universelle pour contrôler la procréation : chacun doit choisir celle qui lui convient le mieux.
Les préservatifs sont les seuls moyens de contraception qui sont aussi efficaces contre les Infections Sexuellement Transmissibles (IST).
Assistance médicale à la procréation (AMP)
Assistance médicale à la procréation (AMP)
Les couples qui rencontrent une infertilité disposent de différents moyens pour envisager une procréation médicalement assistée.
L’infertilité peut être liée à :
- des troubles ovulatoires ;
- l’obstruction des trompes utérines ;
- une anomalie de la paroi de l’utérus avec une glaire cervicale non-adaptée au passage des spermatozoïdes ;
- des spermatozoïdes peu mobiles ;
- des spermatozoïdes anormaux ;
- une faible concentration de spermatozoïdes dans le sperme ;
- une obstruction des canaux déférents qui empêche la sortie des spermatozoïdes.
- Les causes peuvent être multiples.
On recense notamment les pathologies touchant l’hypophyse et/ou l’hypothalamus, l’obésité, l’intoxication alcoolique chronique (alcoolisme), certaines IST, ou encore l’endométriose.
En France, $1$ couple sur $6$ a des difficultés à avoir un enfant. Il existe différentes méthodes de procréation médicalement assistée :
- la stimulation ovarienne pour les femmes ne développant pas assez d’ovules ;
- l’insémination intra-utérine pour les hommes n’ayant pas de spermatozoïdes suffisamment mobiles pour atteindre les trompes (lieux habituels de la fécondation) ;
- la FIVETE (fécondation in vitro et transfert d’embryon) pour les ovules non fécondables in vivo ;
- le recours à un don de gamètes d’un tiers.
Les lois de bioéthique encadrent strictement l’AMP, afin d’éviter les abus. Régulièrement, elles sont remises à jour pour s’adapter aux évolutions techniques et sociétales.
Conclusion :
Le fonctionnement des organes reproducteurs dépend du système nerveux central : la GnRH hypothalamique provoque la sécrétion de FSH et de LH hypophysaires. Quant à la FSH et à la LH, elles stimulent les productions des hormones gonadiques et la gamétogenèse.
Les connaissances des régulations hormonales ont permis, d’une part le contrôle des naissances et, d’autre part, l’assistance médicale à la procréation.