Le roman d'aventures merveilleux
Introduction :
Le roman d’aventures place au cœur de l’intrigue l’action, le danger et l’inconnu. Mais le roman d’aventures n’est pas seulement un genre réaliste, il peut aussi faire intervenir le merveilleux et ainsi comporter des éléments surnaturels.
Dans ce cours, nous lirons des extraits du roman Le Hobbit pour étudier un héros de roman d’aventures merveilleux puis nous verrons un exemple de péripétie dans ce type de roman.
Le héros du roman d’aventures merveilleux
Le héros du roman d’aventures merveilleux
Le roman d’aventures se fonde habituellement sur des situations ou des événements réalistes.
Registre réaliste :
Le registre réaliste présente des récits qui collent au réel, qui s’inspirent de la vie réelle.
Cependant, le roman d’aventures peut aussi faire appel au merveilleux et ainsi donner lieu à des aventures uniques et extraordinaires.
Dans le roman merveilleux, des événements surnaturels arrivent et cela n’étonne pas les personnages. Le surnaturel, l’extraordinaire est la norme.
Joel Lee, Over Hill, (Sur la colline), 2013
Le Hobbit de J.R.R. Tolkien est un roman d’aventures merveilleux publié en 1937. Il raconte l’histoire d’un hobbit qui part malgré lui, avec treize nains et le magicien Gandalf, combattre le dragon Smaug qui leur a volé leurs richesses. Voici le portrait du héros, le hobbit Bilbo Saquet :
« Dans un trou vivait un hobbit. […] Ce hobbit était un hobbit très cossu1, et il s’appelait Saquet. […] Mais qu'est-ce que les hobbits ? […] Ce sont (ou c’étaient) des personnages de taille menue2, à peu près la moitié de la nôtre, plus petits donc que les nains barbus. Les hobbits sont imberbes3. Il n’y a guère de magie chez eux que celle, tout ordinaire et courante, qui leur permet de disparaître sans bruit et rapidement […]. Ils ont une légère tendance à bedonner4 ; ils s'habillent de couleurs vives (surtout de vert et de jaune) ; […] ils ont de longs doigts bruns et agiles et de bons visages, et ils rient d'un rire ample5 et profond (surtout après les repas, qu'ils prennent deux fois par jour quand ils le peuvent). »
1 L’adjectif cossu désigne ici quelqu’un qui vit dans l’aisance, qui est à l’aise financièrement, qui a un confort de vie.
2 L’adjectif menu est synonyme ici de moindre, les hobbits ont peu de hauteur.
3 L’adjectif imberbe désigne quelqu’un qui n’a pas de barbe, pas de poils.
4 Le verbe bedonner signifie prendre du ventre.
5 L’adjectif ample désigne quelque chose qui prend de l’importance, qui est vaste, considérable.
- Le narrateur présente le héros mais aussi sa condition. Il définit ce qu’est un hobbit.
Ici, le narrateur introduit sa définition par la phrase interrogative « mais qu’est-ce qu’un hobbit ? ». Il s’adresse directement au lecteur qui a pu se poser la question en lisant le mot « hobbit ».
Il existe plusieurs types de phrases :
- la phrase interrogative qui se termine par un point d’interrogation et exprime une question ;
- la phrase exclamative qui se termine par un point d’exclamation et exprime une émotion comme la colère ou l’étonnement ;
- la phrase impérative qui exprime un ordre ;
- la phrase déclarative affirmative qui se termine par un point ;
- la phrase déclarative négative qui se termine elle aussi par un point mais comporte une négation comme « ne… pas » ou « ne… plus », « ne… que » ou « ne… guère ».
Le narrateur dresse un portrait physique du hobbit. Ils sont de « taille menue », « imberbes », possèdent de « longs doigts bruns et agiles » et ont « tendance à bedonner ».
- Les nombreux adjectifs qualificatifs employés servent à établir un portrait complet que l’on pourrait penser réel tant il est précis.
Il est intéressant de remarquer que le narrateur emploie le présent de l’indicatif dans sa description. Il s’agit pourtant d’un récit au passé, comme en témoignent les deux premières phrases où l’on peut relever l’imparfait de l’indicatif : « Dans un trou vivait un hobbit. […] Ce hobbit était un hobbit très cossu, et il s’appelait Saquet. ».
- Le présent est employé ici afin de rendre la description plus réelle : c’est un présent de vérité générale.
Le narrateur veut ainsi signifier que les hobbits existent toujours, qu’ils sont réels.
Le narrateur décrit également leur allure puisqu’ils « s’habillent de couleurs vives », mais aussi leur caractère : « ils rient d’un rire ample et profond » et ont « un bon visage » ce qui les rend sympathiques aux yeux du lecteur. Enfin, le narrateur évoque leurs habitudes en précisant qu’ils « prennent deux fois par jour » leur repas.
On voit qu’il s’agit d’êtres surnaturels car il est question de « magie ». Cependant, cette dernière est qualifiée d’« ordinaire ». Or dans la réalité, la magie n’existe pas et ne peut alors être « ordinaire ».
- On est donc en présence d’un roman merveilleux.
Ce portrait du hobbit pose donc les bases du roman, il plonge le lecteur dans un univers merveilleux. Le héros est certes étrange mais semble sympathique. Le lecteur va ainsi suivre le héros dans ses aventures extraordinaires et rêver grâce à l’intrigue merveilleuse.
La péripétie dans le roman d’aventures merveilleux
La péripétie dans le roman d’aventures merveilleux
Une péripétie est un changement de situation dans l’intrigue.
Un récit est composé de différentes phases, cela s’appelle un schéma narratif.
- La situation initiale ouvre le récit : on y présente le cadre spatio-temporel (où, quand) et les personnages. C’est aussi la situation que connaissent les personnages au début de l’histoire.
- Puis intervient un élément déclencheur : il s’agit d’un événement qui lance l’action, comme une rencontre par exemple ou un voyage. On l’appelle aussi élément perturbateur.
- S’en suivent les péripéties : ce sont les actions qui découlent de l’élément déclencheur. Ce sont les actions menées par le héros pour atteindre son but.
- L’élément de résolution met ensuite un terme aux actions et conduit à la situation finale qui est la résolution de tous les problèmes.
Voici une péripétie du Hobbit. Le narrateur décrit le combat opposant le dragon Smaug au capitaine d’une compagnie d’archers.
« Le dragon revenait en tournoyant à faible hauteur et, comme il arrivait, la lune se leva au-dessus de la rive orientale, argentant1 ses grandes ailes. »
1 Le verbe argenter signifie qui brille comme l’argent, qui a son éclat.
« ‟Flèche ! dit l’archer2. Flèche noire ! […] Si jamais tu es sortie des forges du véritable Roi sous la Montagne, va et touche au but !” Le dragon fonça une fois encore, plus bas que jamais, et comme il se tournait pour plonger, son ventre étincela tout blanc avec les mille feux de gemmes3 brillant sous la lune - sauf en un endroit. »
2 Un archer est un homme qui tire des flèches à l’arc.
3 Une gemme est une pierre précieuse.
« Le grand arc vibra. La flèche partit droit de la corde, tout droit vers le creux gauche du poitrail où la patte de devant était largement écartée. […] »
« Avec un cri qui assourdit les hommes, jeta bas les arbres et fendit la pierre, Smaug bondit en l’air, lançant un jet de vapeur, se retourna et s’abattit du haut du ciel. »
Il s’agit ici d’un récit de combat. Les temps du récit sont employés. On peut notamment relever des verbes au passé simple comme « fonça » ou « étincela », mais aussi à l’imparfait comme « revenait », « arrivait » ou encore « tenait ».
Les temps du récit sont l’imparfait et le passé simple de l’indicatif.
Le combat oppose deux concurrents redoutables. L’archer est armé d’une « flèche » et semble particulièrement adroit puisque sa flèche va droit au but et blesse le dragon. Le dragon est quant à lui très rapide et agile, il « tournoi[e] », il « fonc[e] », il « plong[e] », il « bondit ». Il est également présenté comme un animal fascinant et étincelant puisque le narrateur emploie le champ lexical du précieux avec les termes « argentant », « étincela », « mille feux », « gemmes », et « brillant ».
Il s’agit donc d’un combat merveilleux puisque le dragon est un animal irréel et l’archer réussit un tir exceptionnel. La mort du dragon est elle aussi spectaculaire puisqu’il pousse un « cri qui assourdit les hommes, jeta bas les arbres et fendit la pierre ».
Cette péripétie met donc en scène un combat exceptionnel entre deux personnages extraordinaires, et tous deux admirables.
Conclusion :
Nous avons donc pu voir que le roman d’aventures merveilleux met en valeur le héros et son courage. L’aventure se trouve amplifiée par le merveilleux puisque les personnages et les actions sont extraordinaires.