Le système nerveux et la sexualité
Introduction :
Contrairement à la majorité des autres animaux, le comportement sexuel des humains n’est pas forcément associé à une volonté de reproduction ; en d’autres termes, ils distinguent l’acte sexuel de la volonté de procréer.
Nous savons que le système nerveux est impliqué dans la réalisation biologique de la reproduction. Ainsi, dans une première partie, nous verrons le rôle joué par celui-ci dans le déclenchement du comportement sexuel ; puis nous nous intéresserons à son rôle dans le sexe biologique, l’identité de genre et l’orientation sexuelle ou affective de chacun.
Implication du cerveau dans le plaisir
Implication du cerveau dans le plaisir
La « voie du plaisir »
La « voie du plaisir »
Des expériences historiques conduites sur des rats par les chercheurs Lods et Milner ont démontré que certaines parties du cerveau sont responsables du sentiment de plaisir. En effet, on a pu observer que des rats qui pouvaient stimuler électriquement ces parties du cerveau en appuyant sur une pédale, sont allés jusqu’à se laisser mourir de faim pour ne pas renoncer au plaisir procuré par l’expérience.
La sensation de plaisir est donc générée par le cerveau.
D’autres expériences ont été menées en ce sens, et notamment sur les humains. Des individus ont reçu des stimulations visuelles susceptibles de provoquer une excitation sexuelle, en parallèle, les réponses cérébrales ont été mesurées grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
Sur les documents ci-dessous, les zones cérébrales activées (qui montrent donc une activité électrique) apparaissent en couleur : on dit qu’elles « s’allument ».
La stimulation visuelle provoque donc une réponse cérébrale : certains neurones réagissent en ayant une activité électrique.
La voie du plaisir (ou circuit de la récompense) :
On appelle « voie du plaisir » le trajet qui part d’une stimulation et qui aboutit à la sensation de plaisir sur le cerveau.
Trajet de la voie du plaisir dans le corps
Les zones cérébrales qui « s’allument » sur l’IRMf sont très proches des zones impliquées dans la mémoire. C’est pour cette raison que les humains ont tendance à répéter les actions à l’origine de leur plaisir.
La dopamine : molécule du plaisir
La dopamine : molécule du plaisir
Une cellule nerveuse est formée d’un corps cellulaire qui renferme le noyau et de centaines d’extensions qui se terminent par des synapses qui permettent aux cellules d’être connectées entre elles.
Chez le rat, on sait que les zones cérébrales activées dans la voie du plaisir montrent la présence de fortes concentrations de dopamine. Par ailleurs, on constate que les individus sujets aux états dépressifs présentent un déficit en dopamine : la guérison est accélérée lorsque ce déficit est comblé par l’absorption de dopamine de synthèse.
La dopamine est donc une molécule associée au plaisir.
Fonctionnement d’une synapse de cellule nerveuse
Sur le schéma ci-dessus, on observe un neurone excité électriquement (message nerveux) qui provoque la libération de la dopamine dans la synapse. La molécule se fixe ensuite sur un récepteur spécifique porté par la cellule post-synaptique. En réponse, la cellule post-synaptique génère la sensation de « plaisir ».
Certaines drogues ou médicaments ont des effets comparables : ils vont se fixer sur les mêmes récepteurs à dopamine et vont donc procurer les mêmes effets.
Les terminaisons nerveuses, déclenchant une excitation, peuvent se trouver à de nombreux endroits du corps, qui varient selon les individus et peuvent évoluer dans la vie d’un même individu. Les zones qui en contiennent beaucoup sont nommées zones érogènes.
Le clitoris est l’organe du plaisir par excellence car il n’a pas d’autre fonction connue. Il est constitué d’environ $8000$ terminaisons nerveuses. Le pénis, qui a la même origine embryonnaire que le clitoris, en contient environ $4000$, et assure quant à lui d’autres fonctions en plus de celle de l’envoi de signaux électriques déclenchant la production de dopamine. Dans les deux cas, les terminaisons nerveuses se concentrent sur une petite partie de l’organe sexuel, le gland, qui est donc particulièrement sensible.
- Le plaisir sexuel est donc un processus très élaboré chez les humains. Il a un rôle primordial, car il stimule la reproduction et de ce fait permet la pérennité de l'espèce.
Sexe biologique, identité de genre et orientation sexuelle ou affective
Sexe biologique, identité de genre et orientation sexuelle ou affective
Le sexe biologique
Le sexe biologique
Le sexe biologique est acquis durant le développement embryonnaire : en fonction de son caryotype et de son génotype, l’individu aura un sexe biologique. On attribue à la naissance un sexe selon l’apparence des organes génitaux externes qui peut être mâle, femelle ou non clairement déterminée (on parle alors d’intersexuation ou de personne intersexe).
- Dans ce dernier cas, l’enfant subit, le plus souvent, des manipulations médicales visant à lui donner une anatomie d’apparence strictement mâle ou femelle.
Il existe des variations du développement sexuel qui font que, à la naissance, le phénotype n’est pas clairement identifié comme mâle ou femelle. Ces variations peuvent également s’exprimer au moment de la puberté ou rester invisibles car elles touchent des caractères non-visibles.
C’est le cas pour $2\,\%$ à $4\,\%$ de la population, soit presque autant de personnes intersexes que de personnes à la chevelure naturellement rousse ! Mais ces différences se voient moins qu’une chevelure flamboyante et sont donc moins remarquées.
Le sexe d'une personne se réfèrerait donc au sexe biologique, en fonction de critères génotypiques et phénotypiques (les caractères sexuels).
On a tendance à diviser les phénotypes en deux (mâle ou femelle), mais il existe d’autres phénotypes possibles.
L’identité de genre
L’identité de genre
Le sexe biologique et/ou attribué à la naissance et l’identité de genre sont deux choses différentes. Le genre est une identité sociale, liée aux rôles assignés à chaque sexe dans la société. On attribue l’identité « homme » aux personnes présentant des caractères sexuels mâles, et l’identité « femme » aux personnes présentant des caractères sexuels femelles. Lorsque l’identité de genre correspond à celle qui a été assignée à la naissance, on parle de personne cisgenre lorsque ce n’est pas le cas, on parle de personne transgenre.
Certaines personnes peuvent expérimenter une dysphorie de genre. C’est le fait de ressentir une détresse face à un élément de soi qui ne correspond pas à son identité de genre.
L’identité de genre est différente du sexe biologique et/ou attribué à la naissance. Elle correspond à une identité sociale liée aux rôles et aux stéréotypes masculins et féminins.
L’orientation sexuelle et affective
L’orientation sexuelle et affective
L’orientation :
L’orientation définit le genre des personnes par lesquelles on est attiré sexuellement ou affectivement.
L’orientation sexuelle est donc liée à l’attirance sexuelle. On la répartit actuellement en trois catégories : l’hétérosexualité (attirance pour des personnes de sexe ou de genre différent), l’homosexualité (attirance pour des personnes de même sexe ou genre) et la bisexualité (attirance pour des personnes de tous sexes et genres). Cependant, cette classification ne tient pas compte de l’état actuel des recherches et n’est donc pas fixe. Il arrive également que l’attirance sexuelle ne se manifeste pas ou très peu : on parle alors d’asexualité.
L’environnement social et les apprentissages font que l’orientation sexuelle et affective, et surtout le choix ou non de leur expression, peuvent être influencés par la norme présentée dans notre entourage et dans la société en général. Les lois rappellent cependant que toute discrimination liée à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre est sévèrement punie.
Il existe donc une grande diversité d'identité de genre et d'orientations sexuelles ou affectives chez les humains. Chacun doit pouvoir les vivre sans subir de discriminations ni de violences.
Conclusion :
Chez l’humain le système nerveux est impliqué dans la réalisation de la sexualité. Le plaisir repose notamment sur des mécanismes biologiques, en particulier l’activation dans le cerveau de la voie du plaisir.
Les facteurs biologiques, sexuels et culturels ont une influence majeure sur le comportement sexuel humain.