L'aménagement comme réponse aux inégalités territoriales
Introduction :
Il existe en France trois types d’espaces productifs : le secteur agricole, le secteur industriel et le secteur des services. La répartition de ces trois secteurs n’est pas uniforme sur le territoire national.
Autrement dit, il existe des espaces dynamiques, généralement très peuplés et liés aux services, et des espaces davantage isolés, généralement liés au secteur agricole. Dans ce cours, nous allons donc étudier comment s’organise le territoire français à partir de la répartition de la population d’une part, et à partir de la répartition des espaces de production d’autre part. Nous verrons que les richesses françaises sont essentiellement produites dans les grandes métropoles, et principalement à Paris. Il existe donc en France un contraste entre les métropoles, moteurs de l’économie, et le reste du pays, davantage isolé. Ce sont ces contrastes que nous allons étudier, et que nous allons intégrer à la dynamique européenne. En effet, à l’heure de la mondialisation et de la consolidation économique de l’UE, il est indispensable que les villes françaises soient reliées aux grands centres européens afin de se développer économiquement.
Dans une première partie, nous allons étudier le cas de l’agglomération parisienne, afin d’évaluer son poids dans l’économie française. Dans un second temps, nous présenterons de manière générale l’organisation économique du territoire français puis nous terminerons ce cours par une analyse de l’aménagement du territoire.
Le cas de l’agglomération parisienne
Le cas de l’agglomération parisienne
Sixième ville la plus riche au monde, le poids de Paris en France s’explique tout d’abord par le fait qu’elle concentre différentes fonctions : politiques, économiques et culturelles.
- Politique, parce que c’est là que se trouvent le palais de l’Élysée, l’Assemblée nationale, le Sénat et les différents ministères.
- Économique, parce qu’elle concentre la majeure partie des sièges d’entreprises. L’Île-de-France est la région la plus riche de France : près de 30 % du PIB français (le produit intérieur brut) s’y concentre.
- Culturelle, parce que ses musées sont de renommée internationale. Paris est, en outre, la première ville touristique du monde.
Paris est la seule ville française qui possède un poids mondial. Les autres grandes métropoles françaises, tel que Lyon ou Lille, ne possèdent qu’un poids européen. Certaines villes, telles que Toulouse ou Montpellier, ont un poids seulement régional.
Mis à part la concentration de différentes fonctions, la puissance de Paris est également due à sa population. L’aire urbaine de Paris concentre 18 % de la population nationale, c’est-à-dire plus de 12 millions d’habitants.
Aire urbaine :
Elle se constitue de trois pôles : le centre-ville, la banlieue proche et l’espace périurbain.
Puissante et attractive, Paris rencontre cependant des défis importants pour maintenir son rang. Il s’agit principalement de réduire les profondes inégalités qui se concentrent dans l’agglomération parisienne. Si Paris est la ville la plus riche de France, ses habitants ne possèdent pas tous un niveau de vie élevé. Les populations d’origine immigrées se concentrent dans les communes périurbaines ou dans les banlieues et connaissent souvent des difficultés à accéder aux services offerts par le centre-ville. De plus, le taux de chômage est important dans certains secteurs de l’agglomération parisienne, éloignés et isolés du centre-ville.
Les contrastes territoriaux en France
Les contrastes territoriaux en France
La métropolisation du territoire français
La métropolisation du territoire français
Si Paris est la seule métropole de poids mondial, la France possède tout de même plusieurs métropoles insérées dans l’économie européenne. Sans faire le poids face à Paris, elles permettent toutefois un certain rééquilibrage. On parle même de métropolisation.
Métropolisation :
C’est la concentration des richesses et des habitants dans les grandes villes.
Les dix premières métropoles françaises sont Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice, Nantes, Strasbourg et Toulon.
On peut noter également que les littoraux français concentrent plusieurs métropoles importantes, non seulement en raison du cadre de vie agréable qu’elles proposent mais aussi en raison de leur connexion, par avion et par bateau, aux métropoles mondiales.
Les régions frontalières, c’est-à-dire les régions qui partagent une frontière avec un autre pays européen, sont particulièrement dynamiques.
La région Occitanie possède par exemple de nombreux réseaux, commerciaux, culturels et politiques, avec l’Espagne. La région Grand-Est possède elle un réseau d’échange important avec l’Allemagne et forme une euro-région.
Euro-régions :
Les euro-régions sont une structure administrative qui facilite les échanges culturels et commerciaux entre deux pays qui partagent une frontière. Cela permet alors d’accélérer et d’approfondir les échanges.
Le réseau de transport français
Le réseau de transport français
Ces grandes métropoles françaises doivent s’adapter à la mondialisation par le développement de leurs réseaux de transports, qui leur permettent d’être connectées efficacement aux autres métropoles françaises et européennes et de dynamiser ainsi les flux.
Le réseau de transport français
Afin que les métropoles restent connectées entre elles, avec Paris, mais aussi avec les métropoles européennes, la France doit posséder un réseau de transport routier, aérien et ferré de très haut niveau. Pourtant, lorsqu’on regarde en détail la carte du réseau de transport français, on se rend vite compte de la suprématie et du poids de Paris en France.
Les réseaux de transport se concentrent dans les métropoles. Paris est connectée à toutes les grandes villes françaises, elles-mêmes connectées aux métropoles européennes. Mais il existe en France un secteur très mal desservi : il s’agit de l’Ouest et plus précisément du Sud-Ouest. Les axes routiers et ferrés sont anciens, mais le désenclavement de cet espace est en cours, notamment avec l’ouverture de la LGV Bordeaux-Paris.
Les régions isolées
Les régions isolées
- Les métropoles, les littoraux et les régions frontalières concentrent la plus grande partie de la production de richesses et de population en France.
Il existe donc en France des régions délaissées, isolées, et qui produisent peu de richesses. Il s’agit principalement des régions rurales, situées dans le centre de la France et qui se trouvent dans une situation d’enclavement. Cela veut dire que ces régions sont enfermées sur elles-mêmes, qu’elles ne sont pas dynamiques et qu’elles perdent des habitants. En outre, ces régions enclavées ne possèdent pas les réseaux de transport suffisants pour être reliées efficacement à une autre métropole voisine.
On peut citer trois espaces isolés en France :
- les régions rurales, qui correspondent à la « France du vide » : des Ardennes jusqu’au Pyrénées en passant par le Massif Central. Ce secteur est désavantagé au niveau démographique, mais également au niveau des services publics (comme les maternités par exemple) ;
- l’ancien secteur industriel du nord-est. Lorsque les mines de charbon se sont épuisées, ces régions ont tenté de se reconvertir mais n’ont que partiellement réussi. En effet, la concurrence internationale a rendu très difficile ce processus de reconversion. Ces régions sont toutefois situées à proximité de métropoles importantes et l’action de l’État pour les dynamiser laisse penser qu’elles pourront retrouver un certain poids dans la décennie à venir ;
- le troisième secteur isolé correspond aux régions d’outre-mer. Très éloignées de la métropole et des centres politiques principaux, elles connaissent des difficultés internes et de nombreux problèmes économiques.
Des solutions en cours : l’aménagement du territoire
Des solutions en cours : l’aménagement du territoire
La DATAR
La DATAR
L’expression « aménagement du territoire » signifie que l’État, conscient des faiblesses de certaines régions, a décidé de débloquer des fonds pour aménager les régions.
L’organisme d’aménagement du territoire s’appelle la DATAR : délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale.
Dès les années 1960, afin de limiter le poids de Paris en France, la DATAR met en place des « métropoles d’équilibres » c’est-à-dire un plan pour développer des métropoles régionales.
On peut penser en exemple à la ville de Montpellier. Cette ville régionale, dont le poids en Languedoc ne cesse de grandir, s’est développée à partir des années 1960, afin de dynamiser la région Languedoc-Roussillon.
Ces métropoles d’équilibres n’ont pas totalement réussi leur développement à l’échelle nationale. En effet, Paris continue de posséder un poids écrasant en France.
Les régions et l’Europe
Les régions et l’Europe
Dès les années 1980, l’État n’a plus été le seul à aménager le territoire. Ce sont les collectivités territoriales (c’est-à-dire les régions, départements et communes), qui organisent désormais cet aménagement. Ceci est dû aux lois de décentralisation, c’est-à-dire à un effort pour donner davantage de poids politique aux régions.
Par ailleurs, l’État français cherche à dynamiser les régions à l’aide d’un réseau de pôles de compétitivité, qui permettent de développer les capacités d’une région par la création d’un réseau entre entreprises, laboratoires, et centres financiers. Dans le centre de la France ont ainsi été créés des pôles de compétitivité liés à l’agriculture, afin de tenter de redynamiser ce secteur isolé.
Il faut noter également que le poids de l’Union européenne dans cet aménagement est important : en effet, c’est la France mais également l’Europe qui débloquent des fonds afin de développer les régions françaises.
Conclusion :
L’organisation du territoire français s’articule autour de trois notions :
- une forte métropolisation en France, avec une domination écrasante de l’agglomération parisienne, même si certaines métropoles sont de plus en plus dynamiques ;
- un dynamisme inégal entre les régions : la concentration de richesses se situe dans les métropoles, dans les littoraux et dans les régions frontalières. Il existe donc des espaces fragilisés et isolés. L’État puis les collectivités territoriales tentent depuis les années 1960 de dynamiser ces régions, notamment à travers les pôles de compétitivité ;
- une intégration de plus en plus approfondie dans l’espace européen, notamment dans les réseaux de transport.