Les défis de la transition et du développement pour les pays d'Afrique australe inégalement développés

Introduction :

L’Afrique australe correspond aux pays africains situés sous la forêt équatoriale africaine. Ce sous-continent de 10 États compte 4,7 millions de km² et 137 millions d’habitants. Il se caractérise par de grandes inégalités socio-spatiales, à toutes les échelles. En effet, l’Afrique australe concentre plusieurs PMA, un pays émergent, l’Afrique du Sud et des pays en développement comme le Botswana.
Dans ce territoire où les séparations entre populations noires et populations blanches sont particulièrement marquées, les États sont confrontés aux défis de l’intégration à la mondialisation et de la satisfaction des besoins de leurs populations.
Nous verrons tout d’abord en quoi l’Afrique australe est une région inégalement développée avant de nous intéresser aux défis sociaux et économiques auxquels elle est confrontée.

L’Afrique australe, une région inégalement développée

À l’époque actuelle, il est important pour les États de faire partie autant que possible de la mondialisation. Le développement humain de chaque État est ainsi lié à sa capacité à interagir avec les autres États du globe. L’Afrique australe n’est composée d’aucun pays que l’on peut qualifier de « développé ». En revanche, les différences de développement sont fortes : la région comprend un pays émergent de premier plan, l’Afrique du Sud, mais aussi plusieurs PMA.

Une intégration inégale à la mondialisation

L’Afrique australe est composée d’États aux trajectoires économiques très variées.
Le moteur économique de la région est l’Afrique du Sud, pays émergent et seul membre des BRICS du continent africain.

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Rappel

L’acronyme BRICS désigne le regroupement de cinq pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (South Africa en anglais).

L’Angola, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique et la Zambie font partie des Pays les Moins Avancés (PMA), les pays les plus pauvres de la planète. Le développement humain de leurs populations est nettement insuffisant. L’accès à l’éducation, à la santé et à l’alimentation sont limités.
Ces États subissent une pauvreté qui empêche un développement économique harmonieux.

Certains d’entre eux sont marqués par une forte corruption au sein des gouvernements. Cela fait obstacle à la redistribution des richesses. C’est le cas de l’Angola, qui dispose de mines et d’usines d’aluminium.
Enfin, d’autres pays connaissent des trajectoires économiques différentes.

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Exemple

On peut citer le cas du Botswana qui bénéficie d’une croissance économique forte. L’ONG Transparency International, qui lutte contre la corruption, le cite régulièrement comme un des pays les moins corrompus d’Afrique. Ainsi, les richesses sont davantage redistribuées aux populations. Cependant, comme ses voisins, le Botswana reste trop dépendant de l’économie minière.

L’Afrique australe se compose donc de pays très divers en termes de développement économique. Afin de faciliter l’intégration de la région à la mondialisation et de mutualiser les forces de chacun, certains États ont fait le choix de s’unir au sein d’une organisation de coopération et de libre-échange.

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Rappel

De nombreuses zones de libre-échange existent à travers le monde : l’Union européenne, le Mercosur entre les pays d’Amérique du Sud, l’ALENA pour l’Amérique du Nord ou encore l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est).

En 1980, huit États ont fondé la SADC (Southern African Development Community). Une des raisons premières était de se détacher de l’Afrique du Sud en raison de son régime d’apartheid. Les premiers membres ont été l’Angola, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, l'Eswatini, la Tanzanie et la Zambie. Ils adoptèrent à cette date une déclaration intitulée : « Southern Africa : Toward Economic Libération » (« Afrique australe : vers la libération économique »).
L’Afrique du Sud rejoint ce groupement en 1994, à la fin du régime d’apartheid. La République Démocratique du Congo l’intègre en 1997.
Malgré des résultats encourageants, les échanges entre états sont restés relativement stationnaires. De plus, la SADC n’est pas une zone de libre-échange totalement aboutie. En 1996, certains ont proposé de mettre en place la libre circulation des personnes mais cela a été refusé par l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie par crainte de voir se développer des flux migratoires incontrôlés.

L’inégal développement des pays de la région est corrélé à un développement humain insatisfaisant. L’Afrique australe peine à résorber une grande pauvreté structurelle et une insuffisance de moyens, y compris dans les pays les plus riches de ce sous-continent.

Une région souffrant d’un développement humain insatisfaisant

L’inégale intégration des pays d’Afrique australe à la mondialisation économique est à mettre en parallèle avec l’inégal accès des populations à un développement humain satisfaisant.

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Définition

Indice de Développement Humain :

L’IDH est un indicateur développé par les Nations Unies afin d’évaluer le niveau de développement d’un pays. Il prend en compte diverses données telles que le PIB par habitant (qui montre la puissance économique d’un pays), l’accès à l’éducation ou encore l’espérance de vie à la naissance. De fait, le développement humain des populations dépend aussi de la puissance économique de l’État, qui peut alors fournir l’accès à des hôpitaux ou des écoles.

Cependant, un pays « riche » ne permet pas forcément un développement humain satisfaisant à sa population.

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Exemple

L’Arabie Saoudite est considérée comme une puissance économique de premier plan : elle est vingtième en terme de PIB en 2016. En revanche, elle n’a que le 39e IDH du globe la même année.

En Afrique australe, le Botswana et l’Afrique du Sud bénéficient d’un IDH supérieur aux autres pays.

Cependant, les IDH restent tous très bas par rapport au reste du monde. Les inégalités socio-spatiales sont fortes, y compris dans le seul pays émergent de la région.
Ainsi, en Afrique du Sud, près d’une personne sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, soit avec moins d’1,90$ par jour. Pourtant, le pays est la 2e puissance d’Afrique en termes de PIB et le 34e pays le plus riche du monde.

Le bidonville de Soweto, Johannesburg, Afrique du Sud - géo - 2de - SchoolMouv Le bidonville ou township de Soweto, à Johannesburg, Afrique du Sud (2005)

D’après les projections de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne concentrera 90 % des personnes vivant dans un seuil d’extrême pauvreté en 2050 .

Malgré des avancées en termes d’accès à l’éducation et à la santé, l’Afrique australe souffre de fortes inégalités et d’une pauvreté structurelle (permanente et durable). La région fait face à des défis qu’il lui faut relever afin de permettre un développement humain satisfaisant à sa population.

Les défis des pays de l’Afrique australe

Des États faibles à l’épreuve d’une forte ségrégation

Le sud de l’Afrique a été marqué par une forte ségrégation (séparation entre races) qui se lit encore aujourd’hui dans les inégalités socio-spatiales. Deux pays ont connu l’apartheid : l’Afrique du Sud de 1948 à 1991 et la Namibie (alors nommée « Sud-Ouest africain ») de 1959 à 1979.

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Définition

Apartheid :

Le terme « apartheid » désigne une politique de séparation stricte entre les populations sur des critères ethniques. En Afrique du Sud et en Namibie, elle a consisté en la séparation géographique, à toutes les échelles, des populations noires et des populations blanches.

Illustration de l’apartheid en Afrique du Sud en 1969 - 2de - géo - SchoolMouv Illustration de l’apartheid en Afrique du Sud en 1969 ©Hugues Vassal – CC BY-SA 4.0

Les conséquences humaines et sociales de l’apartheid sont désastreuses. Cette politique d’État raciste a abouti à des déplacements des populations non blanches qui ne bénéficiaient pas d’un contrat de travail vers des réserves africaines, nommées bantoustan.
Ces populations déplacées sont donc devenues dépendantes d’un système et placées à l’écart des services et des infrastructures (santé, éducation, eau, etc.). Cela a abouti à la destruction de la paysannerie africaine qui ne pouvait pas être compétitive face à l’agriculture blanche. Ainsi, l’Afrique du Sud et la Namibie subissent encore aujourd’hui les conséquences de cette politique puisqu’elles doivent faire face à l’existence de poches de pauvreté et de sous-développement au sein de leurs territoires.

En Afrique du Sud, les bidonvilles ou « townships » restent aujourd’hui des quartiers habités par les populations noires, comme Soweto à Johannesburg.
Ces logiques ségrégatives sont une des causes des inégalités d’aujourd’hui. Ainsi, le défi d’un développement profitable à tous pour l’Afrique du Sud passe nécessairement par la prise en compte de cette question. Le gouvernement essaie d’y répondre par des politiques de discriminations positives ou de constructions d’infrastructures dans les quartiers noirs. Cependant, les difficultés sont toujours présentes.

La situation économique précaire de la plupart des pays d’Afrique australe est une cause de fragilité majeure. Comme de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les États sont souvent peu efficaces dans la gestion de la santé des populations.

Le défi de la santé dans le sud de l’Afrique : le cas du Sida

Une des autres problématiques actuelles majeures de l’Afrique australe est l’épidémie du VIH.

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Définition

VIH / Sida :

Le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) est un virus sexuellement transmissible. Sans soins, il entraîne la destruction des cellules du système immunitaire. Le dernier stade du VIH est le Sida (Syndrome de l’Immunodéficience acquise), c’est-à-dire à une immunodépression sévère. Dans ce cas, le patient ne bénéficie plus des défenses de son système immunitaire et décède de maladies dites opportunistes (pneumonie, tuberculose, etc.).

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Attention

Il n’existe aujourd’hui aucun vaccin contre le VIH. Les traitements dits antirétroviraux permettent aux patients d’avoir une espérance de vie similaire aux personnes non infectées. Cependant, ces traitements sont lourds. Ils sont aussi très couteux et profitent majoritairement aux populations des pays développés.

  • L’Afrique australe est la région la plus durement touchée d’Afrique et du monde.

La Banque mondiale alerte régulièrement au sujet de ces différents pays qui semblent incapables de mener une politique de prévention et de soins efficaces.

La prévalence du Sida en Afrique - géo - SchoolMouv - 2de

En 2015, d’après la Banque mondiale, le taux de prévalence atteint 19 % de la population âgée de 15 à 49 ans en Afrique du Sud, 22 % au Botswana et 29 % en Eswatini.

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Définition

Taux de prévalence :

Le taux de prévalence d’une maladie désigne le nombre de personnes victimes de cette maladie à un instant donné.

Les soins utilisés pour traiter l’infection dans les pays développés sont inaccessibles pour l’immense majorité des patients atteints, à cause de leur coût élevé. Cependant, au début des années 2010, l’Afrique du Sud a pu mettre au point des médicaments antirétroviraux à faible coût. En 2016, la 21e conférence internationale sur le sida a eu lieu dans le pays, à Durban. Les efforts des décennies 2000 et 2010 en Afrique du Sud sont à mettre en relation avec la remontée de l’espérance de vie des Sud-africains.
Enfin, la question de l’éducation à la santé est souvent évoquée pour expliquer la propagation du VIH dans les pays les moins développés. En effet, les populations ne sont pas systématiquement informées des moyens de se prémunir contre le VIH (préservatif). Parfois, le manque d’instruction conduit à des comportements à risque, voire criminels, en raison de croyances autour de la transmission du virus. Par exemple, avoir des rapports sexuels non protégés avec des filles vierges permettraient de se prémunir contre le Sida. Ces croyances d’une absurdité évidente conduisent à des crimes, au point que le gouvernement et la société sud-africain se sont saisis de la question.

Affiche en Afrique du Sud pour prévenir le viol sur les jeunes filles - géo - 2de - SchoolMouv Affiche en Afrique du Sud pour prévenir le viol sur les jeunes filles. À gauche : « Je suis seulement un enfant. S’il vous plait, ne me violez pas. Cela ne vous guérira pas du Sida de toute façon ». « Laissez les enfants tranquilles. Ils doivent être entendus, pas battus ! » ©Jeppestown – CC By-SA 2.0

Le défi de la lutte contre la propagation du VIH est donc un combat de longue durée pour ces pays. Sans traitement, les enfants peuvent contracter le virus dans le ventre de leur mère. Sans éducation, les comportements à risque persistent.

Conclusion :

Aujourd’hui, les pays d’Afrique australe restent touchés par une pauvreté structurelle et de fortes inégalités socio-spatiales. L’histoire violente de certains d’entre eux explique le maintien de ces inégalités à toutes les échelles. L’Afrique du Sud et le Botswana font figure d’exception. Ils présentent un développement économique de meilleure facture ainsi qu’un IDH plus favorable que leurs voisins. Cependant, les difficultés demeurent.

L’intégration à l’économie mondialisée et la diversification des sources de revenus pourraient permettre à ces pays de les résorber. C’est le but de la SADC. En effet, une coopération interrégionale permet d’être plus fort face aux concurrents mondiaux et de profiter de l’élan de l’Afrique du Sud, seul BRICS du continent africain.