Les Fausses Confidences
Les Fausses Confidences, Marivaux : une comédie de mœurs
Introduction :
Il n’est pas surprenant que le véritable succès des Fausses Confidences ne soit devenu palpable qu’après la Révolution française alors que la pièce date de 1737. Comédie grinçante mettant une veuve au cœur de l’intrigue amoureuse et prenant un valet très libre comme moteur, cette pièce est un reflet ironique de la société française et de ses imperfections au XVIIIe siècle. Par bien des aspects, elle annonce ce qui va motiver quelques années plus tard les remous politiques du pays.
Pourtant, c’est sur une trame bien maîtrisée que s’appuie Marivaux : l’amour reste au cœur de ses préoccupations, comme dans la plupart des pièces du même auteur qui ont précédé celle-ci. Dorante cherche à épouser la veuve Araminte, chez qui il se fait embaucher. Mais cette dernière est déjà engagée dans un projet de remariage avec le Comte Dorimont et seul un valet rusé, comme l’est Dubois, pourra dénouer les nœuds qui entravent l’épanouissement des sentiments amoureux.
Dans ce premier cours, nous allons nous demander dans quelle mesure on peut considérer que Marivaux remet en cause les mœurs de son époque dans Les Fausses Confidences. Une comédie de mœurs est un lieu scénique où peut s’épanouir une critique satirique du monde social, de sa morale et des comportements des individus qui le constituent. C’est pourquoi nous interrogerons dans un premier temps ce qui fait la spécificité farcesque de la pièce. Dans un deuxième temps nous montrerons comment Marivaux met en relation rire et amour. Tout cela mène à la construction d’une satire sociale dont nous nous efforcerons de pointer les audaces et les limites dans un troisième et dernier temps.
Interroger la farce
Interroger la farce
Les Fausses Confidences oscille entre la farce et la comédie plus sérieuse. Tout en mettant en scène des personnages parfois grotesques, les situations galantes conduisent les protagonistes à utiliser un langage précieux et à analyser finement leurs sentiments.
Une commedia dell’arte ?
Une commedia dell’arte ?
Comme Molière avant lui, Marivaux est influencé par la Commedia dell’arte, ce genre théâtral apparu au XVIe siècle en Italie et dont le succès auprès du public ne s’amoindrit pas. Mais il ne faut pas oublier que c’est d’abord l’énorme inventivité scénique du théâtre de Foire, qui sévit depuis le Moyen Âge sur les places de France, qui séduit Marivaux.
Théâtre de Foire :
Ensemble de spectacles qui se tenaient sur les marchés et où se retrouvaient aussi bien des troupes de théâtre que des acrobates, des jongleurs, des dresseurs, etc. En général, on jouait des farces courtes qui s’adressaient aux instincts les plus bas des spectateurs.
Outre ce théâtre populaire, le public se rendait principalement à l’Opéra, à la Comédie-Française ou au Théâtre-italien. Ce dernier se trouvait à l’Hôtel de Bourgogne depuis 1680 et c’est par ses comédiens que furent jouées en premier lieu Les Fausses Confidences.
Les caractères des personnages des pièces de Marivaux, des archétypes, étaient alors très proches de ceux régulièrement joués par ces comédiens d’origine italienne.
Les valets, ou zanni en italien, tirent leur vis comica (« force comique ») de leur stupidité ou, au contraire, d’une forme d’intelligence qui les amène à se sortir des situations les plus compliquées par la ruse, l’intrigue, ou même la fourberie.
Arlequin ©CC BY-SA 3.0
Arlequin et son habit reconnaissable à ses losanges, tantôt balourd, tantôt malin, en est un représentant. Il incarne le glouton paillard.
C’est d’ailleurs le personnage d’Arlequin qui retient l’écriture du dramaturge français. Cependant, il en fait un être plus malicieux et naïf que son ancêtre de la commedia dell’arte, dont l’attitude brutale et la tendance à la goinfrerie sont systématiques.
« Arlequin empereur dans la lune », Jean-Antoine Watteau, vers 1715 Domaine public – ©Gérard Blot/RMN
Qu’est-ce que le marivaudage ?
Qu’est-ce que le marivaudage ?
La subtilité de la pièce de Marivaux réside dans l’aisance avec laquelle elle manie l’art de la conversation. Ce rapport privilégié au langage atténue la dimension bouffonne de la comédie.
- Dépassant les stéréotypes liés à l’héritage qu’il récupère, Marivaux invente un nouveau style : le marivaudage.
Marivaudage :
Tendance propre à une pièce de théâtre à utiliser un langage raffiné et subtil dans le but de restituer les nuances du sentiment amoureux.
Le jargon des personnages et leur façon d’avancer doucement pour avouer leurs sentiments n’empêchent pas l’émergence d’une certaine grâce dans leurs dialogues.
Étonnamment, ceux qui marivaudent le plus dans cette pièce ce ne sont pas les amants eux-mêmes, mais le valet Dubois, qui parvient à voir clair dans les attitudes d’Araminte et à fortifier les sentiments de celle-ci :
« DUBOIS, comme s’en allant. — Pure fable. Madame a-t-elle encore quelque chose à me dire ?
ARAMINTE. — Attends ; comment faire ? Si, lorsqu’il me parle, il me mettait en droit de me plaindre de lui ; mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m’en dis ; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer. Il est vrai qu’il me fâcherait, s’il parlait ; mais il serait à propos qu’il me fâchât.
DUBOIS. — Vraiment oui ; monsieur Dorante n’est point digne de madame. S’il était dans une plus grande fortune, comme il n’y a rien à dire à ce qu’il est né, ce serait une autre affaire ; mais il n’est riche qu’en mérite, et ce n’est pas assez.
ARAMINTE, d’un ton comme triste. — Vraiment non ; voilà les usages. Je ne sais pas comment je le traiterai ; je n’en sais rien, je verrai.
DUBOIS. — Eh bien ! madame a un si beau prétexte. Ce portrait que Marton a cru être le sien, à ce qu’elle m’a dit…
ARAMINTE. — Eh ! non, je ne saurais l’en accuser, c’est le Comte qui l’a fait faire.
DUBOIS. — Point du tout, c’est de Dorante ; je le sais de lui-même ; et il y travaillait encore il n’y a que deux mois, lorsque je le quittai.
ARAMINTE. — Va-t’en ; il y a longtemps que je te parle. Si on me demande ce que tu m’as appris de lui, je dirai ce dont nous sommes convenus. Le voici ; j’ai envie de lui tendre un piège.
DUBOIS. — Oui, madame ; il se déclarera peut-être, et tout de suite je lui dirais : “Sortez.” »
Acte II, scène 12
Dans ce passage, il apparaît clairement que Dubois indique à Araminte, par son pouvoir de conviction, comment se comporter avec Dorante. Araminte anticipe une situation complexe dans laquelle les sentiments de l’autre ne sont pas faciles à identifier.
Il est trop caricatural de considérer Les Fausses Confidences comme une farce drolatique ou comme un exemple édifiant de marivaudage. Afin de montrer un éventail d’émotions et de situations sur lequel il est possible ensuite de réfléchir, Marivaux propose une œuvre où se mêlent de nombreuses influences.
Penser la comédie amoureuse
Penser la comédie amoureuse
Écrire une comédie amoureuse est pour Marivaux un moyen de peindre un tableau des obstacles que la société dresse contre l’épanouissement de l’individu. En effet, tout comme l’orgueil et l’amour-propre, les questions maritale et pécuniaire sont présentées comme des freins au déploiement des sentiments.
Mettre en scène l’amour-propre
Mettre en scène l’amour-propre
Souvent, les personnages de Marivaux ne savent pas eux-mêmes qu’ils sont amoureux. Ils sont aveuglés par des soucis beaucoup plus triviaux.
Araminte est successivement occupée par des événements ménagers ou sociaux : l’arrivée de la « marchande d’étoffes » (fin de l’acte I scène 8) ; puis les nouvelles de « Madame la marquise » (début de l’acte I scène 13).
Elle est surtout plus préoccupée de soucis pécuniaires (procès et éventuel mariage avec le Comte) que de vrais sentiments amoureux. C’est d’ailleurs pour faire le point sur ses revenus qu’elle cherche à engager un intendant.
C’est l’arrivée de Dorante qui va provoquer l’amour. Il demeure une « surprise » pourrait-on dire, comme le titre de cette autre pièce de Marivaux : La Surprise de l’amour.
Bien que l’amour de Dorante pour Araminte soit révélé dès la scène d’exposition, il faudra à Araminte trois actes pour reconnaître qu’elle est amoureuse de lui à son tour. Et seules les paroles du valet réussissent à mettre au jour ces sentiments enfouis.
« DUBOIS. — Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant ; vous m’en direz des nouvelles. Vous l’avez vue et vous l’aimez ?
DORANTE. — Je l’aime avec passion ; et c’est ce qui fait que je tremble. »
Acte I, scène 2
La scène d’exposition est la première scène (parfois la deuxième si la première est très courte) d’une pièce de théâtre. Elle a pour objectif de présenter les personnages principaux et de donner les informations nécessaires à la construction de l’intrigue.
Ce n’est pas parce que le personnage ne sait pas qu’il est amoureux que le spectateur, pour sa part, n’est pas mis au courant rapidement.
D’ailleurs, en entendant Dubois lui révéler que Dorante est amoureux, une didascalie informe le lecteur (et le jeu de l’actrice informe le spectateur) que la nouvelle incite Araminte à prendre un air « boud[eur] » (elle ne sait pas à ce moment-là qu’elle est l’objet de cette passion). Cette mimique est révélatrice d’une forme de jalousie.
La situation relève d’une originalité psychologique très forte pour l’époque, qui veut que les sentiments ne soient pas toujours conscients.
Du fait de cette lenteur à discerner la nature de ce qu’ils ressentent, la vérité et la morale ne s’offrent pas comme des évidences aux personnages. L’ambition et le désir de richesse que la société impose sont des voiles qui dissimulent la pureté de l’âme.
« La déclaration d’amour », Jean-François de Troy, 1724
Mettre en scène le rapport entre l’amour et l’argent
Mettre en scène le rapport entre l’amour et l’argent
Il est légitime de vouloir s’enrichir dans Les Fausses Confidences car ce sont les revenus qui déterminent avec qui il est possible de se marier. Ainsi, les personnages cherchent à aimer toujours au-dessus de leur condition : Dorante l’intendant aime Araminte la bourgeoise qui elle-même projette de se marier avec un noble. La valeur des biens se confond donc avec la valeur humaine (seuls les personnages riches méritent d’être aimés). En avouant son amour pour Dorante à la fin de la pièce, Araminte renversera cet ordre des choses.
La réplique de Monsieur Remy au dernier acte confirme ce douloureux état de fait. Si Dorante avait eu de l’argent dès le début de la pièce, il aurait pu avouer son amour sans retenue :
« MONSIEUR REMY. — Eh bien, quoi ? C’est de l’amour qu’il a ; ce n’est pas d’aujourd’hui que les belles personnes en donnent ; et tel que vous le voyez, il n’en a pas pris pour toutes celles qui auraient bien voulu lui en donner. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu’il veut courir ; voilà le mal. Car, au reste, s’il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu’il adore. (Contrefaisant madame Argante). Accommodez-vous, au reste ; je suis votre serviteur, madame. (Il sort.) »
Acte III, scène 8
Des chiffres très précis sont annoncés par les différents personnages au fil des scènes. Le spectateur sait qu’Araminte touche près de « cinquante mille livres de rente » (acte I scène 2), ce qui justifie d’ailleurs que Dorante tente d’entrer à son service. À Marton, le Comte Dorimont propose « mille écus » (acte I scène 11) pour que son mariage se fasse ; il cherchera également plus tard à soudoyer Dorante.
Et c’est toute l’intrigue amoureuse qui est parasitée par ces questions monétaires : le spectateur peut notamment douter de la sincérité de l’amour de Dorante vis-à-vis de la veuve tant désirée. De plus, les personnes désintéressées sont montrées comme des imbéciles.
Dans cette scène, le Comte Dorimont méprise ouvertement Dorante parce que Marton le juge incorruptible :
« LE COMTE. — N’y aurait-il pas moyen de raccommoder cela ? Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer, et, pour achever de la résoudre, il ne s’agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. Elle ne voudra pas soutenir l’embarras d’un procès. Parlons à cet intendant. S’il ne faut que de l’argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l’épargnerai pas.
MARTON. — Oh ! non ! ce n’est point un homme à mener par-là, c’est le garçon de France le plus désintéressé.
LE COMTE. — Tant pis ; ces gens-là ne sont bons à rien. »
Acte II, scène 4
Pour autant, les astuces du valet et le dénouement heureux indiquent que ce n’est pas cette avidité cynique qui l’emporte au moment où la pièce prend une tournure morale. L’intelligence et les stratagèmes permettent de déjouer les injustices de certaines conditions sociales.
Construire une satire sociale
Construire une satire sociale
Avec Les Fausses Confidences, Marivaux écrit une satire dans le sens où il fait ouvertement la critique négative de certains aspects de son époque. Ces charges prennent principalement deux visages : il s’agit d’abord de montrer des personnages qui s’émancipent de leurs conditions, Araminte et Dubois, la femme (en théorie soumise) et le valet (en théorie passif) ; et ensuite de montrer le ridicule de certaines conventions, comme le mariage ou le rêve de noblesse.
La veuve : un statut libérateur
La veuve : un statut libérateur
Rien d’étonnant à ce que Marivaux choisisse une veuve comme personnage central de sa pièce. Cette situation sociale est courante au XVIIIe siècle, car les jeunes filles sont souvent mariées à des hommes plus âgés qu’elles. De cette façon, après avoir été sous l’autorité de son père, la jeune femme se retrouve placée sous celle de son mari, avec des droits limités par rapport à ce dernier.
Ainsi, pour une femme de l’époque de Marivaux, la situation de veuvage (période pendant laquelle la personne a perdu son conjoint et n’est pas remariée) est l’une des rares qui permettent aux femmes d’être vraiment libres de leurs choix.
En perdant son époux, Araminte a gagné son indépendance et la liberté de pouvoir user comme bon lui semble de ses biens propres.
Araminte, Edmond Geffroy, Chefs d’œuvre dramatiques du XVIIIe siècle
Le point de vue d’Araminte permet de montrer les travers de la société précisément parce qu’elle se trouve en marge de celle-ci.
De ce point de vue, le mariage comme contrepoint du veuvage n’est plus un rite sacré, mais une coutume superficielle qui rend fous et cupides ceux qui s’en préoccupent.
Il est probable qu’Araminte résiste à Dorante, et traîne à épouser le Comte de Dorimont, justement parce qu’elle tient à conserver cette liberté. Le cœur de la pièce repose donc sur la défiance d’une héroïne vis-à-vis des hommes.
Vers le libertinage
Vers le libertinage
Les attaques à l’encontre du mariage ne sont pas les seules critiques que se permet Marivaux. Bien que servant, le valet Dubois intrigue auprès de l’entourage de son maître pour qu’ils atteignent ensemble leurs objectifs.
Il est donc question de montrer un serviteur plus puissant que son maître, puisque le sort de Dorante dépend de la réussite des manigances de Dubois, et surpassant sa condition.
Carnaval :
Le carnaval est un type ancestral de fête. À l’origine, il s’agit non seulement de se déguiser et de défiler, mais également d’abolir les règles et les barrières sociales qui régissent la société. La commedia dell’arte récupèrera ce folklore fait de costumes et de masques.
Dans le passage suivant, Dubois coupe la parole de son maître et lui donne des ordres à l’impératif. Comme dans la tradition carnavalesque qu’apprécie particulièrement le théâtre-italien, c’est le monde à l’envers :
« DUBOIS. — Retirez-vous.
DORANTE. — Je ne sais qu’augurer de la conversation que le viens d’avoir avec elle.
DUBOIS. — À quoi songez-vous ? Elle n’est qu’à deux pas : voulez-vous tout perdre ?
DORANTE. — Il faut que tu m’éclaircisses…
DUBOIS. — Allez dans le jardin.
DORANTE. — D’un doute…
DUBOIS. — Dans le jardin, vous dis-je ; je vais m’y rendre.
DORANTE. — Mais…
DUBOIS. — Je ne vous écoute plus. »
Acte II, scène 17
Cette habileté et cet affranchissement du valet ont le dernier mot face à la rigidité de la mère d’Araminte.
- À une bourgeoisie traditionnelle qui cherche à s’élever au rang de la noblesse, Marivaux oppose la légèreté d’un valet brillant qui choisit de se ranger du côté des amoureux qui ne cherchent que le badinage et le bonheur.
Dans le dernier mot de la pièce, le spectateur perçoit bien la frustration de Madame Argante et la satisfaction de Dubois, dont le courage et le mérite ont été récompensés :
« MADAME ARGANTE. — Ah ! la belle chute ! ah ! ce maudit intendant ! Qu’il soit votre mari tant qu’il vous plaira ; mais il ne sera jamais mon gendre.
ARAMINTE. — Laissons passer sa colère, et finissons. » (ils sortent)
DUBOIS. — Ouf ! ma gloire m’accable. Je mériterais bien d’appeler cette femme-là ma bru. »
Acte III, scène 13
Il est possible de considérer que, par la façon dont la pièce fait gagner l’amour sur l’appât du gain, l’intelligence sur l’ambition aveugle ; et par la façon dont elle fait d’une femme la proie de tous les désirs en dépit de la sincérité amoureuse, elle annonce avec amusement les grands traits du libertinage qui occupera la littérature de la seconde moitié du siècle.
Libertinage :
Caractère d’un être qui jouit d’une très grande liberté de mœurs.
Le libertinage n’est pas une notion qui se résume à la liberté sexuelle, c’est avant tout une indépendance d’esprit caractérisée par la libre pensée.
Portrait de Dazincourt en valet Dubois, eau forte en couleur pour une édition de 1793 des Fausses Confidences
Conclusion :
Tout en se construisant sur les ressorts classiques du drame bourgeois, les trois actes des Fausses Confidences font triompher l’amour et présentent l’ambiguïté de personnages issus de toutes les couches de la société. Ces critères permettent de voir dans cette pièce une comédie de mœurs qui ne se détourne pas d’une portée satirique.
Pourtant, il serait fautif de croire que cette pièce est résolument révolutionnaire ou subversive : l’intelligence du valet est toujours mise au service de son maître, l’intendant parvient à s’enrichir, la morale et les bons sentiments sont victorieux. Entre l’irrévérence faite aux traditions et le respect accordé aux convenances, entre brutalité et finesse, c’est le langage théâtral de Marivaux qui montre ici sa virtuosité.