Les fondamentaux du journalisme
Introduction :
C’est à la fin du XVIIIe siècle qu’apparaît le mot « journalisme » en France ; et c’est curieusement dans ces mêmes années qu’on commence à le qualifier de « quatrième pouvoir ». Comme si, originellement, le journalisme était de toute façon chahuté car associé à une forme de manipulation.
Dans un premier temps, nous tenterons d’éclaircir certaines notions liées à la presse. Ensuite, nous verrons certains éléments théoriques. Enfin, nous aborderons la question de l’objectivité journalistique.
Journalisme et journaliste
Journalisme et journaliste
Qu’est-ce que le journalisme ?
Qu’est-ce que le journalisme ?
Journalisme :
Le terme « journalisme » désigne la profession consistant à informer le public dans les médias, écrits ou non.
Le journalisme, à l’image de la littérature, peut prendre des formes diverses : journalisme politique, presse people, journalisme d’investigation, journalisme sportif, quotidiens, magazines, télévision…
Mais tous les journalistes ont un objectif commun : informer.
Journalisme et information sont deux termes indissociables.
Le travail du journaliste est centré sur l’information : recherche, vérification et communication. À cela s’ajoutent, selon le type de journalisme, la rédaction, l’oralisation, l’illustration visuelle, l’explication, l’argumentation, etc.
Les mots « gazetier », « publiciste », « journaliste », ont tour à tour désigné les travailleurs de presse. Les journalistes ont peu à peu pris la place des écrivains et hommes politiques qui rédigeaient jusqu’alors des articles dans les journaux.
Qu’est-ce qu’être journaliste ?
Qu’est-ce qu’être journaliste ?
Le métier de journaliste est défini et encadré par un document qui date de 1971 intitulé « Déclaration des droits et devoirs des journalistes ».
Ce document garantit la liberté d’expression des journalistes tout en les mettant en garde sur une certaine moralité à conserver, en ne tombant pas par exemple dans la propagande.
- Intervient ici la complexe notion d’objectivité. Il s’agit pour chaque journaliste de s’informer pour mieux informer, sans déformer.
Éléments de réflexion
Éléments de réflexion
La société de l’information, évoquée par le sociologue Cyril Lémieux dans son ouvrage La Subjectivité journalistique, onze leçons sur le rôle de l’individualité dans la production de l’information, est une notion étroitement liée à celle de subjectivité.
L’auteur pose les questions du pouvoir et du devoir des journalistes.
- Que peuvent-ils faire ?
- Cette interrogation en sous-entend une autre sur la liberté d’action et de pensée des journalistes.
- Que doivent-ils faire ?
- Cette interrogation en sous-entend une autre sur la morale et les pressions vécues.
En somme, un journaliste n’est pas toujours libre de faire et dire ce que bon lui semble. Il s’inscrit dans un système, une organisation, une corporation, avec ses codes et ses limites.
Face au flot d’informations non hiérarchisées d’internet notamment, le journaliste est en quête d’une légitimité. C’est la condition sine qua non pour être lu ou écouté, et donc pour être cru. Cette crédibilité, le journaliste la gagne grâce à son travail d’investigation, c’est-à-dire grâce à une recherche rigoureuse et précise de l’information. L’investigation contre la manipulation : là est le cœur du métier de journaliste.
Le destinataire a également un rôle à jouer. Le lecteur – lorsqu’il s’agit de presse écrite – doit développer un esprit critique. Comme dans toute lecture active, il s’agit de faire intervenir la réflexion ; cela évite de tout accepter ou de tout rejeter de façon brutale et absurde.
Être vigilant, choisir son média, recouper les informations grâce à divers supports, voilà un début de démarche à accomplir pour s’informer efficacement.
Éléments théoriques
Éléments théoriques
Lexique journalistique
Lexique journalistique
Définissons tout d’abord quelques termes.
Accroche :
Ce terme désigne le début d’un article. L’accroche a pour objectif de séduire en quelques phrases le lecteur, d’attirer son attention.
Angle :
L’angle renvoie à la façon dont le sujet est traité, à l’orientation de l’article et à son axe d’entrée.
Censure :
Interdiction de la parution d’une information, d’un texte ou d’une image.
Chapeau (ou chapô) :
Texte de quelques lignes résumant l’article et placé avant celui-ci.
Chute :
Fin d’un article.
Cible :
Destinataires auxquels s’adresse un article ou un média.
Déontologie :
Règles liées à la morale existant dans chaque métier.
Investigation :
Recherche minutieuse d’informations diverses dans le but d’une communication de ces informations.
Intertitre :
Expression mise en exergue au milieu d’un article.
Marronnier :
Sujet récurrent, qui revient à intervalles réguliers dans les médias. Par exemple, le sujet des régimes traités tous les ans à l’approche de l’été.
Source :
Origine de l’information.
Une :
Première page d’un journal.
Structure d’une une
Structure d’une une
La question de l’objectivité
La question de l’objectivité
L’idée que la presse détient la vérité est à passer au crible de l’esprit critique que doit avoir chaque lecteur.
Journalisme et vérité
Journalisme et vérité
« Le journaliste et son journal sont-ils vraiment responsables devant leurs lecteurs ou devant l’Histoire ? […] La nécessité de donner avec assurance une information immédiate force à combler les blancs avec des conjonctures, à se faire l’écho de rumeurs et de suppositions qui ne seront jamais démenties par la suite et resteront déposées dans la mémoire des masses. »
Dès 1978, dans cet extrait du discours tiré de Le Déclin du courage, l’écrivain Alexandre Soljenitsyne parle de ce qui nous préoccupe encore aujourd’hui à l’heure des réseaux sociaux et des « infox » (néologisme créé à partir de « info » et « intox »).
Les fausses informations (fake news) ne sont pas nées avec Facebook ou Twitter, mais elles se répandent particulièrement rapidement par ces réseaux.
Certains éléments sont à prendre en considération :
- il ne suffit pas de relayer une information pour être journaliste ;
- le journaliste doit s’assurer de la véracité de ce qu’il dit ou écrit avant de produire un article ou répéter une information ;
- les réseaux sociaux ne sont pas nécessairement des sources fiables ;
- il est de la responsabilité de tout lecteur de ne pas nécessairement croire tout ce qui est écrit, notamment sur certains supports ;
- il est absurde de rejeter toute forme d’information en bloc et de crier au complot.
L’objectif de transmettre l’information sans la déformer est au cœur du métier de journaliste.
Journalisme et neutralité
Journalisme et neutralité
Lorsqu’on évoque le travail de journaliste, très vite apparaît la notion d’objectivité.
Dans Les Média sont-ils dangereux ?, le chapitre « Concentration et perte d’indépendance » écrit par l’économiste Julia Cagé évoque l’évolution de la presse depuis le début du XIXe siècle. L’auteure parle notamment du rachat des journaux les plus connus par de grands groupes industriels.
« Jusqu’au début des années 2010, la plupart des actionnaires des médias étaient des patrons de presse qui tiraient l’essentiel de leurs revenus de leurs activités dans le secteur des médias. Ces derniers pouvaient donc être considérés comme indépendants. Aujourd’hui, à quelques rares exceptions près – on pense à Mediapart ou au Canard Enchaîné –, les médias ont perdu cette indépendance. […] Il ne faut pas sous-estimer les conséquences d’un tel changement sur la qualité de l’information produite : la censure et l’autocensure. »
- Ainsi, chaque média est à appréhender en connaissance de cause. Par exemple, en politique, il y a des journaux dits « de gauche » et d’autres dits « de droite ».
Journalisme et liberté
Journalisme et liberté
« Les médias ont une mission impossible, quel que soit le régime politique : informer. En démocratie, le journaliste est aux ordres du capital. En dictature, à ceux du pouvoir. Quelques héros refuseront toujours d’obéir. »
Dans ces propos de l’écrivain Patrick Besson issus du chapitre « Le journaliste et le jardinier » (Les Médias sont-ils dangereux ?), l’auteur met au centre du métier de journaliste non pas la notion d’information, même si celle-ci demeurera toujours l’objectif premier, mais celle de liberté.
En effet, au-delà de ce qui fait de la presse un espace de crédibilité, il s’agit de réfléchir sur ce que les journalistes peuvent faire, sur la part de liberté accordée aux journalistes dans leur investigation et leur restitution de la « vérité ».
Priver un journaliste de sa liberté de dire ou d’écrire ce qu’il souhaite (dans le respect de la charte de déontologie) prive également la presse de sa légitimité.
Conclusion :
Le journalisme est un univers qui engendre crainte et fascination car il est aisé de lui accorder des pouvoirs, des influences. Au-delà de ces éléments qui prêtent à débattre, le journalisme est avant tout un milieu professionnel avec ses codes, son vocabulaire, mais également ses interrogations de fond.
Il ne s’agit pas de vénérer ni de diaboliser le journalisme, car pour tout journaliste, l’important demeure l’information, et la liberté des écrits reste encore aujourd’hui une question centrale.