Les fragilités du lien social liées aux transformations sociales
Introduction :
La société française du XXIe siècle est en mouvement et se transforme sur l’ensemble du territoire. En effet, dans les villes comme dans les campagnes, les nouvelles formes d’organisation du travail, l’essor d’Internet et la révolution du numérique, ou encore les nouvelles formes d’aménagement du territoire comptent comme autant de bouleversements. Comment ces mutations sociales peuvent ainsi fragiliser les liens entre les individus ? Dans un premier temps, nous analyserons les mutations du cadre de vie. Puis nous nous interrogerons sur l’importance des institutions de socialisation. Enfin nous terminerons par l’étude du phénomène d’exclusion sociale et de ses conséquences.
Les mutations du cadre de vie
Les mutations du cadre de vie
Comprendre comment fonctionne un cadre de vie, c’est comprendre comment chaque individu vit au quotidien, car nous sommes tous une personne interagissant dans l’un de ces cadres, qu’il s’agisse de la famille, de l’école, du lieu de travail, etc.
Cadres de vie :
Ce terme désigne les lieux dans lesquels une personne vit et interagit avec d’autres individus. Ces cadres de vie peuvent être intimes (famille, amis), hiérarchiques (école, travail) ou institutionnels (mairie).
Intéressons-nous dans un premier temps à la qualité du cadre de vie.
Un cadre de vie d’inégale valeur selon les individus
Un cadre de vie d’inégale valeur selon les individus
Le cadre de vie a connu des mutations importantes au cours des dernières années. En effet, l’augmentation de la population, un urbanisme croissant et les mobilités liées à l’évolution du travail et de l’emploi sont les sources de ces transformations.
L’urbanisme englobe à la fois la population qui vit dans une métropole et l’aménagement de la ville selon des nécessités : services publics (écoles, hôpitaux, crèches) ; voirie (pistes cyclables, trottoirs) ; secteurs économiques.
Or, la crise économique qui a suivi les Trente Glorieuses (1945-1973) a bouleversé les cadres de vie et favorisé l’essor du chômage provoquant des bouleversements : comme la faillite et la fermeture d’usines, des campagnes qui se vident toujours plus de leurs habitants et donc des services publics comme les écoles qui ferment leurs portes. Le cadre de vie s’est transformé profondément. Les conséquences sont encore visibles aujourd’hui.
Métropolisation :
Il s’agit d’un processus donnant toujours plus d’importance aux villes dans l’économie et les rapports sociaux d’un pays.
Les métropoles sont des « laboratoires de la mixité » et de transformations sociales.
Des métropoles à deux vitesses
Des métropoles à deux vitesses
Pendant les Trente Glorieuses, la France a eu besoin d’une importante main d’œuvre, notamment pour occuper des postes peu qualifiés dans les usines.
Des immigrés issus de son ancien empire colonial, notamment en provenance d’Afrique du Nord, sont donc venus s’installer dans un pays qui leur offrait un emploi.
Cependant, leur intégration a été difficile, en raison de leur implantation dans les quartiers de ces banlieues de grande ville qui ont placé ces nouveaux arrivants en marge de la société d’accueil. Cet isolement est à l’origine d’une forme de ségrégation, toujours visible aujourd’hui.
Assignation résidentielle :
Il s’agit du phénomène définissant un individu, malgré lui, selon son lieu d’habitation. Cela touche principalement les habitants des banlieues difficiles et entraîne des discriminations (emploi et logement en particulier).
Logement sociaux à Saint-Denis, Seine-Saint-Denis (France)
Notons cependant que la cellule familiale n’échappe pas aux transformations sociales ni aux fragilités qui en résultent.
La cellule familiale en questions
La cellule familiale en questions
La cellule familiale est le cadre de vie le plus important pour l’individu : c’est en effet dans celui-ci qu’il évolue et apprend les bases de la vie en société dans les premières années de sa vie.
Or, le concept de cellule familiale a connu de significatives transformations depuis la fin des Trente Glorieuses.
Ainsi, les divorces ont augmenté significativement entre 1972 et aujourd’hui, passant d’un peu plus de 44 000 divorces en un an à environ 130 000 aujourd’hui.
Ces mutations sont source de bouleversements : familles séparées ou monoparentales, enfants fragilisés, complexité des systèmes de pensions alimentaires etc.
Nous remarquons donc que ce cadre de vie élémentaire est fragilisé par des liens qui se distendent.
Cela conduit spécifiquement à une hausse du nombre de parents célibataires, possédant un faible niveau de vie pour élever des enfants dont ils ont la garde. Dans un contexte économique difficile, ces changements ont pour conséquence l’émergence d’une nouvelle catégorie sociale en difficulté.
Si les différents cadres de vie ont évolué, les institutions de socialisation ont toujours par ailleurs un rôle à jouer dans la vie des individus.
Institutions de socialisation
Institutions de socialisation
Ces institutions, informelles ou officielles, participent à la construction sociale de l’individu, c’est-à-dire à la façon dont il s’insère dans la société, comment il la comprend et comment il interagit avec.
Socialisation :
La « socialisation » désigne le processus au cours duquel un individu se construit par rapport à la société dans laquelle il évolue. Ce processus permet de comprendre les normes, valeurs, lois et règles de la société en question.
Un exemple d’institution informelle de socialisation : le cercle d’amis
Un exemple d’institution informelle de socialisation : le cercle d’amis
Les amis permettent à l’individu d’éviter l’isolement.
Ils le soutiennent, partagent avec lui des loisirs et des passions communes. Dans les moments difficiles, ils peuvent même lui suggérer la correction de certains défauts et lui permettre ainsi de progresser. L’apprentissage de l’amitié se fait dès l’enfance, et les jeux entre amis sont un moment idéal pour sociabiliser et intégrer des règles partagées par toutes et tous.
Les amis permettent à l’individu d’éviter l’isolement.
Si le cercle d’amis est un exemple de socialisation informelle, il n’est pas le seul : le sport en est un autre.
La socialisation par le sport
La socialisation par le sport
Après la Seconde Guerre mondiale, le sport est devenu un phénomène de masse. Des vitrines comme la Coupe du Monde de football (depuis 1930) ou les Jeux Olympiques modernes (depuis 1896) ont largement contribué à son succès.
Le sport est un vecteur de socialisation.
Le sport est une institution de socialisation car chaque discipline sportive exige de chacun de ses participantes et participants une adhésion complète aux règles.
Les arbitres, ou les juges selon les cas, sont chargés de veiller au bon respect de ces règles. Le cas échéant, et pour garantir le bon déroulement des épreuves, un sportif ou un pays peuvent être exclus. C’est pourquoi, la Russie fut exclue des Jeux Olympiques d’Hiver de Pyeongchang (Corée du Sud) en 2018 : une affaire de dopage organisé avait effectivement été dévoilée.
Le sport a certes pris une place importante et influente dans notre société moderne, mais le travail conserve sa position prépondérante de lien social entre les individus.
La socialisation par le travail
La socialisation par le travail
Le travail est l’institution de socialisation la plus courante pour les individus une fois qu’ils ont atteint l’âge adulte.
En échange d’une tâche, le salarié est rémunéré chaque mois. Il doit toutefois veiller au respect de ses collègues, ou de ses confrères s’il travaille à son compte, respecter les clients ou les patients, dans le cadre d’une activité médicale, et ne pas nuire à l’entreprise dans laquelle il est employé.
Cependant, des conditions économiques délicates, comme la crise économique de 2007-2008, peuvent remettre en question le lien de confiance entre un employé et son employeur. Dès lors, l’État intervient afin d’écouter les différentes parties et, le cas échéant, se positionner en tant qu’arbitre. Ce sont alors les syndicats, représentant les employés et le patronat, qui sont en charge du dialogue avec l’État.
Lorsque l’individu se retrouve malgré tout en situation d’exclusion sociale, il faut être en mesure d’évaluer les conséquences et étudier les différentes voies de recours.
L’exclusion sociale et ses conséquences
L’exclusion sociale et ses conséquences
On parle d’exclusion sociale lorsque l’individu ne parvient plus à s’intégrer ni à être accepté par la société. Ce phénomène intervient lorsque l’individu s’exclut de la société ou bien lorsque la société n’arrive plus à faire valoir ses normes sur les individus. Dans ce dernier cas, on parle alors d’anomie.
Anomie :
Concept forgé par le sociologue Émile Durkheim (1858 – 1917) et qui définit la diminution ou la perte d’influence des normes d’une société sur un individu ou sur un groupe d’individus. Sans repères, le ou les individus sont donc fragilisés et susceptibles d’être socialement exclus.
Le chômage, important facteur d’exclusion sociale en France
Le chômage, important facteur d’exclusion sociale en France
D’après Eurostat, organisme chargé par l’Union Européenne d’établir des statistiques économiques pour l’ensemble de ses pays membres, le taux de chômage était de $8,8\,\%$ en France en janvier 2019.
Chômage :
Selon l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques), le chômage représente l’ensemble des personnes de 15 ans et plus qui, en France, sont privées d’emploi tout en cherchant un. La définition de ce mot est toutefois variable selon les organismes officiels (le Bureau International du Travail offre ainsi une définition sensiblement différente).
Une personne au chômage est donc une personne qui est privée de lien social fort, quotidien, avec ses collègues, ses employeurs et/ou ses clients.
Une société avec un taux de chômage élevé est une société plus susceptible d’être confrontée à l’anomie des individus qui la composent.
Le chômage conduit à l’exclusion sociale, il convient donc d’en étudier les conséquences.
Les conséquences de l’exclusion sociale
Les conséquences de l’exclusion sociale
Une personne en situation d’exclusion sociale est une personne fragilisée, qui perd rapidement de la considération, soit vis-à-vis d’elle-même, soit vis-à-vis des autres individus de la société.
Ainsi, les débats agitent souvent la société pour savoir que faire des exclus sociaux : faire plus d’efforts pour les intégrer ou bien pousser les exclus à se responsabiliser pour se réintégrer eux-mêmes. Ces problématiques sont souvent centrales lors des périodes électorales.
L’exclusion sociale n’est cependant pas une fatalité : il existe des moyens pour la contrer.
Moyens de lutte contre l’exclusion sociale
Moyens de lutte contre l’exclusion sociale
Lutter contre l’exclusion sociale, c’est le moyen pour une société de conserver un important lien entre ses individus. Il existe différentes façons pour y parvenir. Les moyens les plus importants sont mis en place par les associations caritatives qui participent à des levées de fonds pour permettre d’aider les personnes en difficulté sociale, en distribuant notamment des produits alimentaires ou, dans certains cas, en permettant aux enfants de partir en vacances. Notons que si le chômage est un important facteur d’exclusion sociale, il n’est pas seul : une personne libérée de prison, en longue maladie ou en situation de handicap a autant de probabilités de se retrouver à la marge de la société.
Les Relais du Cœur, plus connus sous le nom des Restos du Cœur, sont une association par la loi de 1901 à but non lucratif. Cette association reconnue d'utilité publique a été créée en France par Coluche en 1985. Elle bénéficie du soutien de plusieurs personnalités françaises, d'une vaste médiatisation et attire la participation de nombreux bénévoles. Les Restos du cœur distribuent une aide d’urgence et permettent un accompagnement vers l’autonomie.
Conclusion :
- Les fragilités liées aux transformations sociales concernent avant tout des individus en situation de vulnérabilité. Cela peut-être le chômage, une maladie, ou un handicap.
- La part croissante de l’urbanisme, l’éclatement du modèle familial traditionnel et la métamorphose du marché du travail sont autant de facteurs contribuant à la fragilité, voire l’absence du lien social.
- Toutefois, une prise de conscience et une action constante de l’État avec les partenaires sociaux (syndicats et associations caritatives) doivent permettre de lutter contre la marginalisation des individus et maintenir ainsi une importante solidarité par un accompagnement personnalisé.