Les grandes périodes de l'histoire
Introduction :
Si aujourd’hui l’histoire est une discipline dispensée dans toutes les écoles et si son étude semble une évidence pour comprendre la complexité du présent, on ne saisit toujours pas que, derrière ce qui nous est présenté comme des faits acquis de tous, existe une méthode précise et rigoureuse. L’histoire est une discipline qui fait du temps son principal outil et qui permet de comprendre les processus du passé et comment ceux-ci expliquent notre présent.
Nous nous intéresserons dans un premier temps à l’histoire en tant que discipline, pour comprendre comment celle-ci fonctionne et sur quels fondements se base la méthode historique, puis nous verrons comment les historiens ont subdivisé les périodes historiques pour faciliter l’étude du passé dans sa totalité.
Qu’est-ce que l’histoire ?
Qu’est-ce que l’histoire ?
Une enquête sur le passé
Une enquête sur le passé
Pour comprendre ce qu’est l’histoire en tant que discipline, il faut revenir à son origine. Au Ve siècle avant J.-C., un Grec du nom d’Hérodote décide d’écrire un ouvrage qui permettrait aux générations futures de comprendre l’époque dans laquelle il vit. Hérodote va s’atteler à raconter ce qu’il connait et, pour être plus précis, va mener des enquêtes pour pouvoir expliquer de la manière la plus exacte possible : son ouvrage s’appellera Historia en grec, et Enquête, en français. L’Histoire était née. Par la suite, il va susciter la vocation d’autres écrivains qui vont s’inspirer d’Hérodote pour affiner sa méthode, tout en gardant le même objectif : expliquer les faits passés au plus près de la vérité.
Dès l’Antiquité, les historiens s’attachent à écrire une histoire qui soit la plus neutre possible, en prenant de la distance par rapport à leurs sources, c’est-à-dire les personnes ou les documents qui leur ont servi à écrire leur récit. En effet, chaque personne véhicule un point de vue personnel, qui est influencé par son époque, son éducation, ses opinions, un contexte ou une idéologie.
Le travail de l’historien ne consiste donc pas à compiler l’ensemble des informations trouvées par rapport au sujet que l’on souhaite traiter, mais à effectuer un véritable travail de recherche pour comprendre comment ces documents sources ont été produits et les replacer dans leurs contextes.
Les démarches de la méthode historique
Les démarches de la méthode historique
Ce travail nécessite donc une démarche complexe, qui a été affinée au cours du temps, et qui requiert des efforts permanents de remise en cause. Pour s’assurer de la véracité des informations qu’il a à disposition, l’historien doit varier les sources : il ne peut se permettre de baser un raisonnement sur une unique source, qui pourrait être erronée. Il doit donc s’informer auprès d’une multitude de sources de différentes natures : témoignages écrits, témoignages oraux, gravures, numismatique, peinture, photographie, vidéos, architecture et archéologie.
Numismatique :
L’étude des pièces de monnaie.
Archéologie :
Science qui consiste à comprendre les sociétés humaines du passé à partir de l’étude de leurs vestiges.
Cet ensemble de documents constitue un corpus qui permettra à l’historien de voir les points communs et les divergences dans les sources par rapport au sujet traité, et les raisons de ces divergences.
En effet, les différents points de vue des sources nous informent sur la complexe pluralité des sociétés étudiées et les motifs de rédactions des documents sources. Il faut donc que l’historien mène un travail critique vis-à-vis de l’ensemble de ces sources pour comprendre pour chaque document étudié les intentions de l’auteur, son contexte d’écriture et le public visé par le document. Ce travail de critique des sources demande à l’historien une étude scrupuleuse de chaque auteur, pour mieux le comprendre en le replaçant dans son contexte d’écriture. En effet, cela lui permettra de mieux saisir ce qui relève de la véracité des faits décrits ou de la volonté de donner une image distordue de la réalité. Après avoir analysé les auteurs, évalué leur fiabilité en croisant les sources, l’auteur pourra en déduire des notions, des concepts pour donner du sens à un récit, qui serait sans cela, très complexe.
Les périodes historiques
Les périodes historiques
Les repères en histoire
Les repères en histoire
L’histoire est une discipline qui permet de plonger dans le passé pour l’étudier. Or, il faut pour cela avoir des repères qui puissent nous permettre de nous situer, et ainsi de pouvoir comprendre l’importance d’un phénomène par rapport à un contexte, une période. Ils sont créés dans l’unique but de nous situer, ils ne servent pas à construire un raisonnement, mais à pouvoir le localiser dans le temps et l’espace.
Plusieurs unités de temps sont prises en compte dans l’histoire : le jour (voire l’heure), le mois, l’année, les décennies (période de 10 ans), les siècles (période de 100 ans) et les millénaires (période de 1000 ans). Ce découpage permet de prendre conscience des événements et de leurs conséquences sur les petites et grandes échelles, et aussi de les replacer dans un contexte donné à l’échelle d’une vie humaine.
Pour être bien sûr qu’on parle d’une chronologie commune, il a été décidé d’utiliser un repère unique pour situer les faits et le compte des années : l’ère commune a été imposée par l’Église au Moyen Âge, à partir de la date supposée de la naissance de Jésus-Christ. Cet usage s’est généralisé et a été adopté par d’autres populations du monde comme référence commune. Les évènements qui survinrent avant la naissance de Jésus Christ sont comptés à rebours jusqu’à cette date.
Remarquons que dans ce système il n’existe pas d’année zéro (on passe de -1 à l’an 1 après J.-C).
Notons que si la date de naissance de Jésus Christ est à l’origine le repère choisi pour le commencement de l’ère actuelle, les recherches historiques placent sa naissance en réalité avant cette date (entre -4 et -6 avant lui-même).
Les quatre périodes historiques
Les quatre périodes historiques
Pour tenter d’ordonner l’épopée humaine depuis son commencement jusqu’à aujourd’hui, il a été décidé de redécouper celle-ci en périodes historiques. Celles-ci correspondent à des dynamiques communes, à des grandes époques recouvrant plusieurs siècles voire plusieurs millénaires. La définition de ces périodes historiques permet aux historiens et à ceux qui s’intéressent à la discipline de s’y retrouver facilement, de pouvoir accoler des clés de lecture et des concepts structurant la période et sa place dans la grande histoire multimillénaire de l’espèce humaine.
En France, on considère l’histoire selon quatre périodes historiques majeures :
- L’Antiquité, qui commence avec l’invention de l’écriture vers 3400 avant J.-C. et donc des premières sources écrites pouvant être exploitées, et se termine avec la chute de l'Empire romain d'Occident en 476 après J.-C. Cette époque s’étale sur quatre millénaires et voit l’établissement des premiers États jusqu’à la chute de Rome, sorte d’apogée de l’État antique.
- Le Moyen Âge est une période qui succède à la chute de Rome, en 476 et s’étale jusqu’en 1453 ou 1492. Cette période est marquée par la mise en place d’une nouvelle société en Europe, la société féodale, et connaît des dynamiques très différentes de celles de l’Antiquité.
Débat historique : 1453 ou 1492 ? Ces deux dates sont disputées par les historiens pour marquer la fin du Moyen-âge et le début de l’époque moderne :
- 1453 : Fin de la guerre de Cent ans et chute de l’Empire Byzantin à la suite de la prise de Constantinople par les Turcs.
- 1492 : Fin de l’occupation musulmane en Espagne avec la prise de Grenade, et découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
- L’époque moderne succède au Moyen Âge, ses contemporains se considèrent en rupture historique avec les générations qui les ont précédés. Cette période est marquée par un renouveau de la pensée humaine et la redécouverte des savoirs de l’Antiquité. Si sa date de commencement est contestée (1453 ou 1492), il est communément admis qu’elle se termine par l’année 1789, date de la Révolution française.
- L’époque contemporaine marque la dernière période historique, elle commence avec la Révolution française et est encore en cours : nous vivons donc dans cette époque contemporaine. La Révolution française opère une rupture historique avec la société de l’époque moderne, elle bouleverse tous les champs de savoirs et permet de créer la société dans laquelle nous vivons actuellement.
À noter que la préhistoire, époque de la naissance de l’humanité jusqu’à la création de l’écriture n’est pas considérée comme une période historique, bien qu’elle fasse l’objet de recherches scientifiques soutenues.
Remarquons que ces découpages sont faits à posteriori pour structurer les champs de la pensée, et que les personnes vivant dans ces époques n’ont pas vu de changements en passant d’une époque à l’autre. Ceci rejoint la question complexe et omniprésente en histoire des ruptures et continuités historiques : pourquoi un évènement marque-t-il une rupture, quels sont les éléments qui cependant marquent une continuité entre la période précédente et la période suivante ?
En réalité, chaque pays a sa définition des dates de ruptures et des découpages des périodes historiques. Ceux-ci correspondent à une manière de se projeter dans l’histoire et nullement à un consensus universel.
Conclusion :
L’histoire est une discipline qui permet de se plonger dans le passé afin de découvrir des éléments qui permettent de mieux comprendre le présent. Pensée comme une enquête, l’histoire est une discipline qui doit être rigoureuse et nécessite une constante actualisation. Construite autour de repères communs, l’histoire amène celui qui l’étudie à mener sans cesse un travail de changements d’échelle, de perspectives et d’époques, en s’interrogeant sur le sens des ruptures et des continuités historiques.