Léonard de Vinci, symbole de l'humanisme
Introduction :
La Renaissance est la période qui suit le Moyen Âge. À partir du XVe siècle, la vision que les Européens ont du monde est complètement modifiée. La découverte du continent américain et des brillantes civilisations qui s’y développaient ont contribué à une interrogation sur la nature humaine. Qui sont ces « sauvages » ? Pourquoi ne vivent-ils pas comme « nous » ? Face à ces multiples interrogations, un nouveau courant culturel prend forme : il s’agit de l’humanisme. L’humanisme est un courant intellectuel issu de la redécouverte des textes de l’Antiquité. Ce courant place l’Homme au centre des préoccupations intellectuelles, de manière indépendante à la question religieuse.
Si l’humanisme a donné naissance à de nombreuses œuvres artistiques, nul ne représente mieux ce courant de pensée que Léonard de Vinci. Ce génie, à la fois peintre, ingénieur, architecte et philosophe, symbolise en effet les aspirations humanistes des intellectuels du XVIe siècle.
C’est en étudiant son œuvre que nous allons aujourd’hui définir la Renaissance. Dans un premier temps, nous présenterons une brève biographie de De Vinci. Puis nous analyserons la polyvalence de son travail, et enfin, nous terminerons par une étude de son œuvre en tant que peintre.
Léonard de Vinci, un humaniste
Léonard de Vinci, un humaniste
Brefs éléments de biographie
Brefs éléments de biographie
Léonard de Vinci est né en 1452, en Toscane près de Florence. Il n’est pas passé par le cursus normal de l’époque, qui prévoyait l’apprentissage des mathématiques, du latin, de l’histoire et de la rhétorique. On dit qu’il est « non lettré ».
On raconte que sa famille l’incite avant toute chose à observer la nature pour en tirer ses propres conclusions. Lorsqu’il rentre, à 17 ans, dans un atelier de sculpture à Florence, c’est seul qu’il enrichit ses connaissances. Animé d’une curiosité sans pareille, il se constitue peu à peu, au gré de ses lectures, une culture encyclopédique.
Observation, déduction et curiosité définissent le personnage bien avant qu’il ne devienne le génie que l’on connait. Rapidement, le jeune Léonard s’intéresse à l’architecture et à la géométrie, démontrant à chaque fois des capacités exceptionnelles. Il bénéficie, une fois adulte, de la protection de plusieurs princes locaux, qui le sollicitent à la fois pour ses capacités artistiques, mais également pour ses talents d’ingénieur.
Ainsi, ce n’est pas en tant que peintre qu’il est convoqué par les Vénitiens en 1499 mais en tant qu’ingénieur militaire. C’est en France, sous le règne de François Ier, que Léonard de Vinci termine sa vie.
L’humanisme de Léonard de Vinci
L’humanisme de Léonard de Vinci
Ces brefs éléments biographiques permettent de mieux comprendre pour quelles raisons on considère que Léonard de Vinci représente le symbole de l’humanisme de la Renaissance. Dans un de ses carnets, il écrit d’ailleurs cette phrase, emblématique de l’esprit du XVIe siècle : « j’ai voulu dompter le monde ».
L’humanisme est donc un courant de pensée dans lequel on souhaite percer les secrets de la nature de manière rationnelle, scientifique et intégrale. Tout cela se fait en partie de manière indépendante par rapport aux croyances : les intellectuels de la Renaissance pouvaient être croyants ou non, cela n’affectait en rien leur volonté de connaitre les secrets de la nature humaine et de s’interroger sur les relations entre l’homme et la nature.
- Léonard de Vinci développe à l’extrême ce goût pour l’observation.
Ce mouvement culturel est le fruit de la redécouverte des textes anciens. Lorsque Constantinople chute en 1453, une grande quantité de manuscrits de l’Antiquité, gardés par les Byzantins, se diffuse en Europe occidentale. Et les interrogations philosophiques des Anciens, tels que Platon ou Cicéron sur la nature humaine, trouvent alors un écho chez les artistes de la Renaissance.
Léonard de Vinci : un artiste intégral
Léonard de Vinci : un artiste intégral
Léonard de Vinci est donc un artiste intégral, qui a excellé dans tous les domaines. Que ce soit en ingénierie, en architecture, en littérature ou même en physique, Léonard de Vinci démontre à chaque fois qu’il est en avance sur son temps.
Léonard l’ingénieur
Léonard l’ingénieur
Tout au long de sa vie, Léonard de Vinci a travaillé au service de plusieurs princes et rois. Mais lorsqu’il résidait en Italie, que ce soit à Milan, Venise, Florence ou Rome, Léonard de Vinci a davantage été sollicité pour ses capacités d’ingénieur militaire et d’ingénieur hydraulique que pour son travail artistique.
- Il mit au point une série d’armes de guerres, notamment destinées à protéger certaines villes marchandes de possibles attaques ottomanes.
C’est également à de Vinci que l’on doit les travaux d’assainissement des marais situés à proximité de Rome, tout comme l’aménagement du port de Civitavecchia. Il est donc, en plus, sollicité en tant qu’urbaniste.
Il s’agit donc bien d’un intellectuel « universel », puisqu’aucune discipline ne lui échappe.
Léonard technicien
Léonard technicien
Dans une perspective humaniste, la technologie est perçue par Léonard de Vinci comme une discipline majeure, susceptible de modifier les comportements sociaux. Il met au point toute une série de machines, dont certaines ne seront inventées que bien des siècles plus tard. On peut notamment citer ses croquis d’hélicoptère, de sous-marin, et même de prototype d’automobile.
Lorsque Léonard de Vinci cherche à dominer les cieux, notamment à partir de « machine volante », c’est exactement une position humaniste qu’il reflète : celle qui permettrait à l’Homme de ne plus être assujetti aux contraintes naturelles.
- La science acquiert dans cette perspective un objectif de libération de l’homme.
Léonard philosophe
Léonard philosophe
Léonard de Vinci n’était pas un « lettré » : il ne connaissait pas aussi bien le latin et la rhétorique que ses collègues artistes. Il a parfois été montré du doigt pour cela, et c’est d’ailleurs dans ses réponses que l’on trouve une véritable philosophie des sciences.
- Selon lui, si les thèses de ses contemporains ne sont pas basées sur une observation précise, rigoureuse et scientifique, elles ne valent rien.
L’observation et l’expérience sont donc, selon de Vinci, des moyens pour atteindre la vérité. C’est dans cette perspective que l’on peut citer le fameux « homme de Vitruve », dans lequel l’Homme se trouve au centre de toute chose.
L’homme de Vitruve
Léonard de Vinci : le peintre
Léonard de Vinci : le peintre
Des techniques innovantes
Des techniques innovantes
L’artiste a révolutionné le monde de la peinture par ses techniques de perspective et de mise en lumière. De Vinci parvient en effet, grâce à de subtils jeux de lumière, à retranscrire les émotions de ses portraits.
C’est lui qui met au point la technique du sfumato, qui consiste à entourer délicatement le portrait et son fond d’une espèce de voile vaporeux, qui rend alors ses tableaux si mystérieux.
La Dame à l’hermine, château de Wawel, Pologne
L’intégration de la perspective s’inscrit d’ailleurs dans son interrogation sur la notion de proportion, que l’on retrouve chez l’homme de Vitruve.
Le mécénat
Le mécénat
Dans plusieurs lettres qui ont été conservées, Léonard de Vinci n’hésite pas à souligner ses nombreuses compétences. Ceci dans un seul but : se faire engager.
- Pour les artistes de la Renaissance, le rapprochement avec des hommes puissants représente la seule possibilité de poursuivre leur travail. C’est le mécénat.
Mécénat :
Mise à disposition de la fortune d’une personne au service des artistes.
- En retour, l’artiste se doit de contribuer au prestige de son mécène. Léonard de Vinci, tout comme les artistes de son époque, peignent donc à partir de « commandes ».
À partir de Léonard de Vinci, le statut de l’artiste évolue : ils étaient jusqu’alors considérés comme de simples artisans. Léonard de Vinci leur permet d’acquérir le statut d’intellectuels renommés.
Conclusion :
Léonard de Vinci représente l’humaniste par excellence. C’est un artiste intégral, qui s’illustre aussi bien dans le domaine de l’ingénierie militaire que dans la peinture, dans l’urbanisme que dans la technique. Génie universel, il exprime de profondes interrogations sur la nature humaine ainsi que sur le rapport de l’Homme à la nature.