Les premières écritures
Introduction :
Pour les historiens, l’apparition de l’écriture marque le début de l’Histoire. En effet, pour la première fois, les hommes tentent de garder une trace écrite de certains éléments en les inscrivant sur un support, ce qui leur permet de ne pas se fier uniquement à la mémoire.
On peut alors se demander où, quand, comment et pourquoi les premières écritures sont apparues. Afin de répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps la naissance de l’écriture avant de nous intéresser à l‘évolution des premiers systèmes d’écriture.
La naissance de l’écriture
La naissance de l’écriture
Le besoin de mémoire
Le besoin de mémoire
Les hommes découvrent l’agriculture vers 10 000 avant notre ère dans le Croissant fertile.
C’est un espace en forme de croissant qui s’étend de l’Égypte à la Mésopotamie. Il est fertile car la terre est de bonne qualité, le climat est favorable et des fleuves importants (Tigre, Euphrate, Nil, Jourdain) y sont présents.
En Mésopotamie et en Égypte, des populations de plus en plus nombreuses se regroupent et cohabitent au sein de territoires plus vastes et plus organisés qui sont à l’origine des premiers États.
État :
Un État est un territoire soumis à l’autorité d’un chef.
Ainsi, les hommes vont devoir trouver comment garder en mémoire les informations concernant leurs biens, leurs achats ou leurs ventes.
Les premières mémoires
Les premières mémoires
Au départ, les hommes ont besoin essentiellement de se souvenir de leurs biens et de leurs comptes.
L’écriture naît en même temps que les premières villes. Les hommes trouvent des méthodes pour garder leurs biens et transactions en mémoire. Ils commencent alors à inscrire des signes sur des tablettes d’argile qu’ils peuvent conserver.
Les premières écritures
Les premières écritures
Écriture :
C’est l’ensemble des signes que l’on note sur un support pour garder une trace d’une information.
On estime que les premières écritures apparaissent aux alentours de 3500-3300 avant notre ère. Elles apparaissent dans le Croissant fertile, plus précisément en Mésopotamie, à proximité du Golfe Persique. On a retrouvé des traces de ces premiers écrits dans les cités d’Uruk et Ur.
Les premières écritures sont de simples pictogrammes.
Pictogramme :
C’est un dessin qui représente une chose ou un objet concret. Par exemple, une vache dessinée signifie « vache ».
Pour indiquer que l’on possède deux vaches, on dessine deux vaches de manière simplifiée. Nous utilisons encore aujourd’hui des pictogrammes. Tous les panneaux de signalisation du code de la route en sont, de même que les émoticônes.
Les écritures vont peu à peu se complexifier afin que les hommes puissent noter de plus en plus d’informations.
La complexification de l’écriture
La complexification de l’écriture
Du pictogramme à l’idéogramme
Du pictogramme à l’idéogramme
Les pictogrammes sont un système incomplet car ils ne permettent pas de noter des choses complexes. Les hommes ont alors l’idée de combiner des pictogrammes pour former des idéogrammes. Cela leur permet d’exprimer une idée complexe ou abstraite.
Ainsi, on pourra dessiner une bouche barrée pour indiquer un secret. Pour écrire « roi », on pourra combiner les signes de l’homme et le signe signifiant « grand ». Sur la tablette d’argile ci-dessous, les signes « arbre » et « grand » forment le mot « grand arbre ».
Tablette d’argile sur laquelle se trouvent des pictogrammes, fin du IVe millénaire av. J.-C., Musée du Louvre, Paris ©Mbzt
L’écriture cunéiforme
L’écriture cunéiforme
En Mésopotamie, les pictogrammes sont progressivement remplacés par l’écriture cunéiforme. Elle permet d’exprimer davantage d’idées et de sons.
Cunéiforme :
Écriture utilisée en Mésopotamie dont les éléments sont en forme de coin ou de clous (coin a donné cunéiforme).
Les hommes se servent d’un calame taillé, en bois ou roseau. Ils prennent leurs notes sur des tablettes d’argile humides qu’ils font ensuite sécher.
L’écriture cunéiforme n’est pas un alphabet.
L’écriture cunéiforme est une association de pictogrammes, d’idéogrammes et parfois de phonogrammes, et constituée de signes réalisés avec des triangles ou des traits selon la façon dont on utilise le calame.
Une tablette d’argile en écriture cunéiforme, vers 2 600 av. J.-C., Musée du Louvre, Paris ©Marie-Lan Nguyen
Les premiers phonogrammes (signes qui représentent des sons) sont quasiment uniquement des consonnes.
Comme la civilisation mésopotamienne, d’autres populations s’approprient l’écriture et en proposent des adaptations.
Les hiéroglyphes
Les hiéroglyphes
En Égypte, l’écriture se complexifie encore.
Hiéroglyphe :
Écriture formée de dessins précis utilisée dans l’Égypte antique.
Les hiéroglyphes combinent plusieurs systèmes. On retrouve en effet des pictogrammes, des idéogrammes et des phonogrammes.
Les signes utilisés sont des dessins d’objets, d’animaux, de personnages, mais sont utilisés la plupart du temps comme phonogrammes. Dans les cartouches, où sont écrits les noms des pharaons, les signes sont uniquement phonétiques.
Quelques sons de l’alphabet hiéroglyphique inscrits dans un cartouche
C’est cela qui permet à l’égyptologue Champollion (un égyptologue est un spécialiste de l’Égypte antique) de commencer à décrypter les hiéroglyphes. Les lettres qui indiquent les correspondances phonétiques des signes hiéroglyphiques correspondent peu à notre alphabet. En effet, la langue égyptienne devait ressembler un peu à l’arabe actuel, les sons ne sont donc pas les mêmes qu’en français.
Dans les textes en écriture hiéroglyphique, un signe peut donc représenter un son, voire plusieurs sons ou une idée.
Les hiéroglyphes s’écrivent de gauche à droite ou de droite à gauche sur des lignes horizontales ou verticales dont le sens de lecture sera toujours du haut vers le bas. Les animaux regardent le début des textes.
Pour prendre des notes plus rapidement, les scribes peuvent écrire en hiératique. Il s’agit de hiéroglyphes simplifiés pour que le travail et la prise de note soient plus efficaces.
Scribe :
Il s’agit d’une personne qui travaille pour l’État et qui sait lire, écrire et compter.
Les hiéroglyphes ont des phonogrammes. Mais ce sont les alphabets qui vont perfectionner ce système.
Les premiers alphabets
Les premiers alphabets
Avant l’apparition des premiers vrais alphabets, les hommes font des tentatives pour noter les informations de façon phonétique. C’est le cas par exemple quand ils souhaitent noter un mot étranger comme le nom d’une ville. C’est aussi le cas lorsqu’ils essayent d’utiliser des signes d’une langue différente pour écrire la leur.
Le premier alphabet vraiment abouti est celui des Phéniciens.
Il est composé de 22 consonnes.
La plus ancienne inscription retrouvée avec un alphabet est une inscription sur le sarcophage du roi de Byblos, Ahiram datant d’environ 1000 ans avant notre ère.
Conclusion :
L’écriture apparaît en Mésopotamie, dans le Croissant fertile, vers 3 300 avant notre ère. D’abord utilisée pour mémoriser des éléments comptables, elle se perfectionne jusqu’aux systèmes extrêmement aboutis que nous utilisons. La naissance de l’écriture marque la naissance de l’Histoire car les hommes vont enfin garder une trace de ce qui les concerne et comprendre par là même l’importance d’une mémoire longue et précise.