Cours : Les Trente Glorieuses

Une croissance économique exceptionnelle et régulière

Définition

Croissance économique :

Ce terme désigne l’augmentation de la production de biens et de services.

Les Trente Glorieuses : une croissance mondiale

À retenir

Cette prospérité sans précédent ne concerne pas seulement la France. Il s’agit en fait d’un phénomène mondial qui touche les pays industrialisés d’Europe occidentale, d’Amérique du Nord, ainsi que le Japon.

De 1945 à 1973, la production mondiale triple. Le produit intérieur brut (PIB) augmente en moyenne de 5 % par an.

Définition

Produit intérieur brut (PIB) :

Ensemble des richesses produites par les entreprises d’un État.

En France, une croissance rapide et soutenue

Après la Seconde Guerre mondiale, les État européens sont détruits et ruinés. Leur redressement économique se fait avec l’aide des États-Unis. Le plan Marshall verse à la France plus de 2,4 milliards de dollars.

Définition

Plan Marshall :

Plan américain d’aide à la reconstruction.

Comme on peut le voir sur le document ci-dessous, cette somme colossale représente le deuxième budget du plan Marshall, derrière celui attribué au Royaume-Uni.

À retenir

Grâce à cette aide, la France peut commencer sa reconstruction et relancer son économie.

Ainsi, de 1945 à 1973, la France connaît une période de prospérité marquée par une forte croissance économique et le plein-emploi, c’est-à-dire un taux de chômage en dessous des 5 %. Entre 1950 et 1973, la croissance annuelle atteint plus de 5 % contre 1,15 % entre 1913 et 1950.

Les facteurs de cette croissance exceptionnelle

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette croissance exceptionnelle. Tout d’abord, au sortir de la guerre, il faut reconstruire des routes, des écoles, des hôpitaux. La reconstruction relance ainsi l’économie. De plus, cette période correspond au baby-boom.

Définition

Baby-boom :

Ce terme désigne une forte croissance de la natalité.

La demande est alors forte : il faut nourrir, loger, équiper et habiller tous les Français. Enfin, la révolution scientifique et technologique entretient une économie florissante avec, par exemple, la création du transistor en 1948.

Définition

Transistor :

Ce composant électronique permet de créer de petits appareils portables pour écouter la radio.

Cette forte croissance économique entraîne des changements dans les modes de vie et des transformations sociales conséquentes.

Le nouveau visage de la société française

Une société de consommation

La croissance économique génère un enrichissement de la population. L’accroissement rapide du pouvoir d’achat favorise une plus grande consommation des ménages, encouragée par les gouvernements.

La France instaure un salaire minimum et les banques facilitent l’accès au crédit. Les Français peuvent désormais consommer plus de choses, et en plus grande quantité. Attirés par la publicité, ils achètent de l’électroménager (des machines à laver et des réfrigérateurs, par exemple), des voitures, et bien d’autres nouveaux objets du quotidien.

Les Français font désormais leurs courses dans des grandes surfaces. C’est d’ailleurs en France qu’apparaissent les premiers supermarchés. On y trouve tous les produits rassemblés au même endroit : le pain, les légumes, la viande, les boîtes de conserves et même la lessive. Une petite révolution pour le consommateur !

Les mutations socioprofessionnelles

À retenir

La société se transforme, et l’urbanisation progresse.

Beaucoup de paysans quittent les campagnes pour trouver un travail dans les usines ou dans les bureaux, en ville.

À retenir

Les exploitations agricoles qui résistent à l’exode rural s’agrandissent et se modernisent.

Les Français et les Françaises sont ainsi de plus en plus nombreux à travailler dans le secteur secondaire, ou dans le secteur tertiaire.

Définition

Secteur secondaire :

Ce secteur correspond aux industries.

Définition

Secteur tertiaire :

Ce secteur rassemble les activités dites de service telles que les assurances, l’enseignement et le commerce.

Cette mutation du monde du travail s’accompagne aussi d’une réduction du temps de travail. Les français disposent de plus de temps pour se divertir. C’est la naissance de la société des loisirs.

Société des loisirs et culture de masse

• La société de consommation est aussi une société de loisirs et de la culture de masse.

Avec plus de temps et plus d’argent, les Français entrent de plein pied dans les activités de loisir. Ils peuvent désormais sortir plus souvent, notamment aller au cinéma. Et les pratiques sportives se développent.
Grâce à l’allongement des congés payés, les Français partent davantage en vacances. Beaucoup investissent aussi dans une résidence secondaire.

À retenir

Le temps libre est aussi mis à contribution des activités culturelles. Les nouveaux médias – d’abord la radio puis, à partir des années 1960, la télévision – favorisent « une culture de masse ».

Même la lecture se démocratise, avec la création du livre de poche, en 1953.

À retenir

Au cours des Trente Glorieuses, le niveau de vie progresse et le quotidien des français évolue.

Pourtant, la société n’en est pas moins traversée de débats sociaux, car les mentalités changent et les contestations s’organisent.

Contestations et évolution des mentalités

Abattre le modèle patriarcal

Dans cette société en marche vers la modernité, les combats sociaux visent à mettre à mal les conceptions traditionnelles.

À retenir

Le modèle à abattre est le modèle patriarcal sur lequel repose la famille dans l’après-guerre.

Alors que toute la société est en pleine transformation, le modèle familial reste inchangé jusque dans les années 1960.

À retenir

Le père détient toute l’autorité et les femmes, même si elles travaillent, restent sous la tutelle légale de leur mari.

Les premières à s’élever face à cette réalité sont aussi les premières intéressées, les femmes.

L’émancipation des femmes

• Les années 1950 sont marquées par le développement du féminisme.

Regroupées autour du MLF, le Mouvement de libération des femmes, les féministes militent activement pour l’évolution des mentalités.

À retenir

Elles signent une première victoire en 1965, lorsque les femmes obtiennent le droit de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur époux.

Cela paraît aujourd’hui une banalité, mais à l’époque, c’est une révolution. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir la multiplication des divorces qui suivent cette avancée. Les féministes ne s’arrêtent pas là.

À retenir

Elles militent par la suite en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps. Le combat est difficile, mais il porte ses fruits. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception.

Les femmes peuvent alors prendre la pilule, et décider d’avoir, ou non, des enfants.

À retenir

La loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse, aussi appelé avortement, sera, elle, votée en 1975.

Mai 1968, la jeunesse dans la rue

Mais la contestation vient aussi de la jeunesse. Les médias et les loisirs ont contribué à la naissance d’une culture jeune, avec ses codes, sa musique et ses idoles.

À retenir

Cette jeunesse supporte de plus en plus mal une autorité héritée d’un autre temps, qu’elle soit parentale, patronale ou étatique.

En mai 1968, un mouvement de contestation éclate. Les jeunes sont pendant plusieurs semaines dans les rues et affrontent les forces de l’ordre. Ils expriment leur volonté d’émancipation et veulent la libération des mœurs, notamment la liberté sexuelle. La société entend en partie ces aspirations.

À retenir

En 1974, la majorité passe de 21 à 18 ans.