Lutter contre le harcèlement scolaire
Introduction :
Le harcèlement est un comportement qui vise à isoler et à humilier de façon répétée une personne ou un groupe de personnes. Cette forme d’agression peut passer par des violences verbales (insultes, moqueries), physiques (bousculade, bagarres, etc.) et psychologiques (agressions répétées). Le harcèlement peut être commis par une personne ou un groupe de personnes. Il est souvent lié au rejet d’une différence basée sur l’origine, une particularité physique, l’identité sexuelle, etc.
Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement liée aux usages d’internet et, plus particulièrement, aux usages des réseaux sociaux. Cela peut s’exprimer par des messages de haine envoyés ou postés de façon répétée sur les comptes des victimes. Cela passe également par la circulation de photos gênantes et humiliantes.
La lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement scolaire est aujourd’hui considérée comme une priorité. Cela signifie que d’importants moyens sont mis en œuvre pour empêcher ces comportements, punir les harceleurs mais aussi identifier et accompagner les élèves harcelés.
Après avoir analysé dans une première partie la dangerosité et les conséquences du harcèlement scolaire, nous aborderons, dans une deuxième partie, les dispositifs mis en place par la justice pour lutter contre ce fléau. Enfin, la troisième partie traitera des mesures prises au sein même de l’Éducation nationale.
Pourquoi faut-il lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement ?
Pourquoi faut-il lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement ?
Harcèlement scolaire et cyberharcèlement sont souvent liés, car les élèves harcelés dans leur établissement le sont fréquemment par les mêmes personnes sur les réseaux sociaux.
Images mises en scène représentant des élèves en train de harceler un camarade.©Edith Castro Roldán, Oscar Manuel Luna Nieto – CC BY-SA 4.0
Images mises en scène représentant des élèves en train de harceler un camarade.©Elizabet21 – CC BY-SA 4.0
Le harcèlement concerne tous les domaines de la société. Des personnes sont harcelées dans leur famille, au travail, dans les transports en commun. Mais c’est à l’école que le harcèlement est le plus répandu. Toutefois, on estime qu’en 2023, environ 700 000 élèves ont été victimes de harcèlement scolaire en France, soit 6 à 10 % des collégiens français.
Le harcèlement scolaire met en danger la scolarité des élèves victimes qui ont peur d’aller à l’école et sont moins impliqués dans leur travail. Comme l’indiquent ces deux témoignages, le harcèlement peut également avoir des conséquences psychologiques importantes qui, dans certains cas, perdureront jusqu’à l’âge adulte. Les victimes ressentent souvent de la honte. Elles culpabilisent et ont parfois beaucoup de mal à aller vers les autres, notamment pour se faire de nouveaux amis. Ce malaise peut les suivre tout au long de leur vie.
Marie, 24 ans, témoigne du harcèlement qu’elle a subi lors de ses années au collège :
« Mise à l’écart, moquerie quotidienne, surnom rabaissant (comme : "poubelle"), pincement ou tirage de cheveux, tâches d’encre sur mes vêtements, etc… Le plus cruel ce ne sont pas ces faits mais le nombre de personnes qui les font. Ce n’est pas une ou deux personnes contre qui on pourrait se défendre ou que l’on pourrait ignorer mais bien 10, 20, 30 et plus… […] Encore aujourd’hui je me demande ce que j’ai fait pour subir cela. La réponse objective serait "rien" mais j’ai encore cette sensation aujourd’hui que c’était ma faute. […]
Mon estime de moi a été détruite, je n’ai plus aucun souvenir de ma 4e et de ma 3e, je n’étais qu’un robot sans existence, ah si deux souvenirs, un sourire et le jour où j’étais réellement sur le point de passer à l’acte…
Aujourd’hui ça va, je n’ai toujours pas confiance en moi mais je le cache bien, la carapace est là et il m’est difficile d’établir des relations avec les autres. »
D’après Harcèlement scolaire, ils se manifestent. https://temoignages.francetv.fr/harcelement-scolaire/temoignage_24269.html - Consulté le 11 août 2024
Alexandre, 40 ans, témoigne :
« Il y a quelques mois, Alexandre, Normand de 40 ans, reçoit un message inattendu sur Facebook. Un ancien camarade de classe, perdu de vue, souhaite reprendre contact "J’ai préféré ignorer et le bloquer". En cause, des années de harcèlement scolaire subies par Alexandre, de la part notamment de cet ancien camarade. Les injures racistes, les moqueries homophobes, les bagarres sans possibilité de se défendre… Alexandre n’a rien oublié de cette scolarité où il s’est senti "mis à l’écart".
Il voit les séquelles laissées par le harcèlement subi de la fin de l’école primaire jusqu’au lycée dans des établissements privés catholiques. "Je n’ai pas d’estime de moi, j’ai peur de la foule, j’ai du mal à être assez sociable même si je me sens un peu plus à l’aise qu’avant." »
D’après Paul Gratian, TÉMOIGNAGES. « Aujourd’hui à 40 ans, j’en garde des cicatrices » : harcelés à l’école, ils racontent, Ouest-France, publié le 27 septembre 2023
Pour lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement, des mesures ont été prises afin de venir en aide aux personnes victimes et limiter le plus possible ce genre de comportements dangereux.
Lutter en renforçant la législation contre le harcèlement scolaire
Lutter en renforçant la législation contre le harcèlement scolaire
La loi du 2 mars 2022 permet de combattre plus efficacement le harcèlement scolaire, notamment en le considérant comme un délit passible d’une forte amende ainsi que d’une peine de prison. L’élève ou les élèves harceleurs peuvent être exclus par conseil de discipline de leur établissement scolaire. Plus encore, les élèves mineurs de plus de 13 ans risquent :
- 1 an et demi d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende au maximum lorsque le harcèlement scolaire n’a pas entraîné d’incapacité à se rendre à l’école pendant plus de 8 jours ; *2 ans et demi d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende au maximum lorsque le harcèlement scolaire a entraîné une incapacité à aller à l’école pendant plus de 8 jours ;
- 5 ans d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende au maximum lorsque le harcèlement scolaire a conduit la victime à se suicider ou à essayer de se suicider.
Législation :
Ensemble des lois et de la réglementation concernant un sujet donné.
Délit :
Fait ou comportement contraire à la loi pour lequel la personne responsable risque une décision de justice pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.
En France, un adolescent peut aller en prison à partir de l’âge de 13 ans. S’il est plus jeune, ses parents sont considérés comme pénalement responsables des faits commis par leur enfant. Ce seront donc eux qui seront condamnés par la justice.
La loi précise que, dans la situation où il s’agirait d’un cyberharcèlement entre élèves scolarisés dans le même établissement, même si les faits reprochés se sont déroulés via internet, l’élève harceleur pourrait être exclu du collège ou du lycée.
La loi s’applique également si le harceleur est un adulte de l’établissement, qu’il s’agisse d’un enseignant, d’un surveillant ou d’un membre de l’équipe technique. Dans ce cas, l’adulte harceleur d’un ou d’une élève risquerait jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.
Par ailleurs, pour lutter plus efficacement contre le cyberharcèlement, un Observatoire de la haine en ligne a été créé en France en 2020. Son objectif est de mieux analyser et mieux comprendre ce phénomène. L’Union européenne s’est également engagée dans la lutte contre le cyberharcèlement en renforçant, en 2024, le règlement européen sur les services numériques. Celui-ci rend davantage responsables les réseaux sociaux tels que Instagram, TikTok ou Snapchat du contenu publié et diffusé par leurs abonnés.
Enfin, la loi du 7 juillet 2023 établit la majorité numérique à 15 ans afin de limiter l’usage des réseaux sociaux par les plus jeunes.
Majorité numérique :
Âge à partir duquel un enfant peut s’inscrire seul sur un réseau social. La majorité numérique a été fixée par la loi du 7 juillet 2023 à 15 ans. Elle vise à protéger les enfants contre la haine en ligne et le risque de cyberharcèlement.
Nous avons vu que la législation s’était renforcée pour lutter contre le harcèlement scolaire. Voyons à présent les dispositifs mis en place, notamment au collège, pour lutter contre ce danger.
L’Éducation nationale s’engage contre le harcèlement scolaire
L’Éducation nationale s’engage contre le harcèlement scolaire
Plusieurs mesures sont désormais mises en place dans les établissements scolaires afin d’identifier, de donner la parole et d’accompagner les élèves victimes de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement.
Les élèves, qu’ils soient victimes ou témoins de harcèlement, peuvent désormais appeler un numéro gratuit, le 3018, pour être écoutés et orientés en fonction de leurs besoins. Par ailleurs, grâce aux leçons d’EMC, les élèves sont davantage sensibilisés aux risques du harcèlement. Les séances d’éducation aux médias et à l’information leur permettent d’acquérir les bons comportements pour se protéger sur les réseaux sociaux.
Le programme pHARe (Programme de lutte contre le harcèlement à l’école) mis en place dans toutes les écoles, les collèges et les lycées permet une meilleure détection des situations de harcèlement. Il propose également une formation des adultes afin de repérer plus facilement les situations de harcèlement vécues par les élèves. Des ambassadeurs « Non au harcèlement » peuvent également être désignés dans les établissements scolaires. En effet, il est parfois plus facile de se confier à un camarade plutôt qu’à un adulte.
Enfin, des prix « Non au harcèlement » sont décernés à des élèves qui s’engagent dans des projets innovants permettant de sensibiliser leurs camarades. Ainsi, ce sont chaque année des affiches ou de courtes vidéos réalisées par des élèves qui sont récompensées. Elles vont ensuite être largement diffusées dans les établissements scolaires.
Conclusion :
Nous avons vu que la lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement était une priorité pour le gouvernement. Un nouveau cadre législatif punit désormais plus sévèrement les harceleurs. D’importants moyens sont également déployés par l’Éducation nationale pour sensibiliser les élèves afin de créer un environnement scolaire sûr et respectueux de chacun.
Les victimes de harcèlement et de cyberharcèlement sont davantage écoutées et accompagnées que par le passé même s’il reste encore beaucoup de progrès à accomplir afin de venir à bout de ces comportements particulièrement dangereux et destructeurs pour les élèves.