Pour un oui ou pour un non
Une littérature en crise
Une littérature en crise
- Deuxième moitié du XXe siècle
- Contexte historique : Après la Seconde Guerre mondiale, les écrivains cherchent à renouveler la littérature. Sarraute s’inscrit dans cette dynamique en tant que figure du Nouveau Roman.
- Concepts-clés :
- Mort de l’intrigue et du personnage (Robbe-Grillet).
- Mort de l’auteur (Barthes).
- L’ère du soupçon (Sarraute). Refus des récits linéaires et réalistes.
- Renouveau générique :
- Nouveaux Romanciers : Robbe-Grillet, Butor, Simon rejettent les formes classiques du roman.
- Importance de représenter les flux de conscience, pensées fragmentées et répétitives.
- Influence du théâtre de l’absurde : Ionesco, Beckett. Le langage est considéré comme un outil trompeur.
- Sarraute et le théâtre
- Romans importants :
- Portrait d’un inconnu (1948), Martereau (1953), Les Fruits d’or (1963).
- Sarraute délaisse les grandes épopées pour se concentrer sur l’anecdote et le fragment.
- Passage au théâtre :
- Pièces écrites à partir de 1964. Le langage devient central, délaissant l’intrigue.
- Théâtre basé sur le dialogue, influencé par le théâtre radiophonique.
- Elle se concentre sur la prononciation, laissant une grande liberté aux metteurs en scène.
- Caractéristiques du théâtre de Sarraute :
- Minimalisme : peu d’indications de mise en scène. Personnages anonymes (H1, H2).
- Langue simple, mais sujet exigeant : exploration des tensions derrière les mots.
- Mettre en scène le rien
- Sujet de la pièce : une simple dispute entre deux hommes pour une raison apparemment futile.
- Thème : importance des non-dits, des sous-entendus, et des tonalités derrière les paroles.
- Minimalisme scénique :
- Aucun décor élaboré ni explication détaillée des personnages.
- L’attention du spectateur est centrée sur les mots, les silences, et les joutes verbales.
- Rupture et superficialité : le conflit semble anodin (« pour un oui ou pour un non »), mais révèle une rupture profonde.
L’invention du « logodrame »
L’invention du « logodrame »
- Le logodrame dans « Pour un oui ou pour un non »
- Définition : le logodrame est un drame où le langage lui-même devient l’objet de l’action.
- Organisation de la dispute :
- H2 reproche à H1 une remarque apparemment anodine, mais interprétée comme condescendante : « C’est biiiien… ça. »
- Le conflit s’intensifie par l’intervention des voisins (H3 et F), qui prennent parti.
- La dispute révèle des incompréhensions profondes entre les deux personnages.
- Dire et ne pas dire
- Sous-conversation : Sarraute s’intéresse aux non-dits, ce qui se cache derrière les paroles.
- Tropismes : réactions inconscientes, révélées par un ton, un geste, ou une pause. Ces mouvements trahissent des pensées cachées.
- Influence de la psychanalyse : l’inconscient influence les paroles et les actes des personnages.
- Le rôle des silences : les silences sont aussi importants que les mots. Ils révèlent les pensées des personnages et accentuent les tensions.
- La parole comme personnage
- Tropismes visibles à travers le langage : énonciation, ponctuation (points de suspension, guillemets), figures de style (métaphores, ironie, épanorthose) structurent le dialogue.
- Figures de style marquantes :
- Stichomythies : Répliques brèves qui accélèrent le rythme de la dispute.
- Aposiopèses : Phrases suspendues qui traduisent l’hésitation et l’inconscient.
- Métaphores : Comparaisons de la dispute à une guerre, de la relation entre les personnages à une souricière.