Qu’est-ce que la rhétorique ?
La langue et la parole
La langue et la parole
- Pour Aristote, les pensées, les sentiments, ou encore les souvenirs, constituent l’origine des mots.
- Ces états de l’âme sont chargés de traduire et d’exprimer à l’extérieur nos dispositions intérieures.
- Autrement dit, c’est parce que nous avons des pensées que nous parlons.
- Pour le linguiste Saussure (comme pour Aristote d’ailleurs) un mot ne signifie rien.
- Il considère en effet que le mot est un signe qui a été choisi arbitrairement et n'a par lui-même aucun rapport avec la réalité de ce qu'il désigne.
- Aristote relève deux éléments inhérents aux mots :
- leur fonction : ce sont des symboles expressifs de l’état de notre âme ;
- leur efficacité : avec des combinaisons de mots, je peux dire quelque chose de vrai ou quelque chose de faux.
- On peut ainsi parler d’un pouvoir de la parole : lorsque je parle, ma parole n’est pas sans effets.
- Pour Isocrate, la parole est le propre de l’Homme et la condition rendant possibles toutes nos réalisations intellectuelles.
- Sans langue, pas de paroles ; sans parole, pas d’humanité.
- Saussure distingue le langage, la langue et la parole :
- le langage est un système de communication (pas nécessairement verbal) ;
- la langue est un langage acquis propre à un groupe ;
- la parole est l’utilisation concrète d’une langue, une langue en action.
- La caractéristique première de la parole est donc son oralité.
- Mais le terme de « parole » ne s’utilise pas uniquement dans un sens oral, puisqu’il désigne avant tout l’utilisation de la langue.
- La parole peut donc être écrite.
- Les caractéristiques de la parole sont :
- le message (l’information exprimée) ;
- l’intention (la raison de la prise de parole) ;
- le style (mots et tournures de phrases choisis) ;
- la voix (timbre, rythme, intonation).
La technè
La technè
- La rhétorique est l’étude théorique et pratique de l’éloquence, de l’art de bien parler, ainsi que de l’influence du discours sur les esprits et les comportements.
- La rhétorique est donc la technè (savoir-faire) de la parole.
- Cet art de la parole nécessite
- un « savoir » théorique (connaître les règles de la grammaire, les figures de style, connaître les mots) ;
- et un « faire », une action pratique (être capable de se servir concrètement de ce savoir).
- La rhétorique cherche à identifier quel procédé permet de produire un effet voulu : elle est donc essentiellement utilisée dans le but de convaincre.
- C’est pourquoi le modèle de la rhétorique est traditionnellement celui du discours judiciaire (ou politique).
- Il existe deux conceptions de la rhétorique :
- celle des Romains (Cicéron) dont la finalité est le bien parler, l’éloquence même ;
- celle des Grecs (Aristote), dont la finalité est de convaincre par la pertinence de l’argumentation et de la forme mise au service du fond.
- Aristote donne cette définition de la rhétorique dans La Rhétorique : « apprentissage de la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est potentiellement persuasif ».
- Pour Aristote, la rhétorique se divise en trois genres de discours :
- le discours délibératif (exhortation ou dissuasion) qui cherche à convaincre d’une prise de décision ou d’une action (au futur) ;
- le discours judiciaire (accusation ou défense) qui consiste à évaluer des faits et des preuves (au passé) ;
- le discours épidictique (beauté ou laideur morale) qui fait l’éloge ou le blâme d’une personne (au présent).
Les parties de la rhétorique
Les parties de la rhétorique
- La rhétorique se compose de cinq parties :
- l’inventio (trouver des arguments) ;
- la dispositio (ordonner les arguments) ;
- l’elocutio (style du discours) ;
- la memoria (mémorisation du discours) ;
- l’actio (prononcer le discours avec geste posture et diction).
- En outre, la rhétorique admet quatre moments du discours :
- L’exorde (exordium), qui est l’introduction et se fait en deux temps :
- l’accroche (captatio benevolentiae), une anecdote amenant le sujet ;
- la division (partitio), l'annonce du plan ;
- la narration (narratio) qui est une partie descriptive, brève et concise, ayant pour vocation l’exposition des faits ;
- l’argumentation (confirmatio) qui doit être méthodique et suivre le processus suivant :
- la proposition : détermination des points à débattre ;
- l’argumentation : développement des arguments ;
- la réfutation : objections aux arguments de la partie adverses ;
- la péroraison (peroratio) qui constitue la conclusion, en deux temps :
- la reprise : synthèse de l’argumentation ;
- le couronnement : fin empathique qui en appelle à la sensibilité de l’auditeur.