Un conte traditionnel : Le Petit Poucet, de Charles Perrault
Le conte merveilleux
Le conte merveilleux
Le Petit Poucet est un conte merveilleux de Charles Perrault. Perrault est, avec les frères Grimm ou encore Hans Christian Andersen, un des conteurs les plus célèbres en Europe. On parle de contes traditionnels, car on ne connaît pas toujours l’origine de ces histoires très anciennes qui étaient d’abord racontées oralement avant d’être écrites.
Conte merveilleux :
Récit court qui raconte des événements extraordinaires ou magiques. Il sert souvent à transmettre une morale.
Le conte merveilleux peut adopter de nombreuses formes. Néanmoins, il respecte en général un schéma narratif. Ce sont les étapes d’un conte. En général, elles sont au nombre de cinq :
- Une situation initiale → le début de l’histoire
- Un élément perturbateur → un évènement qui trouble la vie des personnages
- Des péripéties → des aventures
- Un élément de résolution → un événement qui résout le problème des personnages
- Une situation finale → une fin heureuse
Au début du conte, un bûcheron et une bûcheronne cherchent à se débarrasser de leurs sept enfants, car ils sont trop pauvres pour s’en occuper. Ils décident donc de les abandonner dans la forêt.
Si le sujet des contes est souvent cruel, c’est que l’un des objectifs de ces histoires est d’expliquer aux enfants les choses difficiles de l’existence tout en les divertissant. Il faut à la fois plaire et instruire.
Dans le conte, alors que les enfants sont extrêmement malheureux de se retrouver perdus dans la forêt, le Petit Poucet est suffisamment malin pour ramener une première fois les enfants à la maison :
« Lorsque ces enfants se virent seuls, ils se mirent à crier et à pleurer de toute leur force. Le Petit Poucet les laissait crier, sachant bien par où ils reviendraient à la maison ; car en marchant il avait laissé tomber le long du chemin les petits cailloux blancs qu’il avait dans ses poches. Il leur dit donc : “Ne craignez point, mes frères ; mon père et ma mère nous ont laissés ici, mais je vous ramènerai bien au logis ; suivez-moi seulement.” Ils le suivirent, et il les mena jusqu’à leur maison par le même chemin qu’ils étaient venus dans la forêt. Ils n’osèrent d’abord entrer, mais ils se mirent tous contre la porte pour écouter tout ce que disaient leur père et leur mère. »
Les parents emmènent leurs enfants dans la forêt pour les perdre. Gravure de Gustave Doré, 1897
Dans ce passage, on voit que l’aventure prend davantage d’importance que la tristesse de la situation.
Des péripéties hors du commun
Des péripéties hors du commun
Les péripéties dans un conte, ce sont les nombreuses aventures qui peuvent arriver aux héros. La succession des péripéties fait avancer l’histoire. Dans Le Petit Poucet, les enfants sont abandonnés plusieurs fois dans la forêt, avant qu’ils ne soient accueillis par un ogre.
Un grand danger : l’ogre
Un grand danger : l’ogre
Il n’y a pas de conte sans que les héros ne courent un grand danger. L’ogre est une créature imaginaire : c’est un géant qui se nourrit de chair humaine.
Le moment où l’ogre découvre les enfants dans sa maison est un moment écrit pour effrayer le lecteur :
« Il les tira de dessous le lit l’un après l’autre. Ces pauvres enfants se mirent à genoux en lui demandant pardon ; mais ils avaient affaire au plus cruel de tous les ogres, qui, bien loin d’avoir de la pitié, les dévorait déjà des yeux, et disait à sa femme que ce serait là de friands morceaux lorsqu’elle leur aurait fait une bonne sauce. Il alla prendre un grand couteau, et, en approchant de ces pauvres enfants, il l’aiguisait sur une pierre qu’il tenait à sa main gauche. »
Gravure de Gustave Doré, 1897
Effrayant :
Qui provoque une peur extrême.
Les éléments magiques dans les contes merveilleux ne sont pas là pour rien : soit ils aident les personnages, soit ils sont un obstacle qui les empêche d’avancer.
La ruse du Petit Poucet
La ruse du Petit Poucet
Dans un conte merveilleux, tout finit bien. Les enfants ne sont donc pas mangés par l’ogre. Ils sont sauvés grâce à la ruse de Poucet qui réussit à tromper l’ogre pendant la nuit : il lui fait croire qu’il réussit à assassiner les sept garçons, alors qu’en fait l’ogre tue ses sept filles.
Ruse :
Façon de tromper quelqu’un pour obtenir quelque chose.
Les contes de Charles Perrault sont violents, mais ils mettent toujours en avant le courage et l’intelligence d’un héros ou d’une héroïne :
« L’Ogre sentit les couronnes d’or : “Vraiment, dit-il, j’allais faire un bel ouvrage. J’ai dû boire trop hier au soir…” Il alla ensuite au lit de ses filles et, ayant senti les bonnets des garçons, dit : “Ah ! Les voilà, nos gaillards !”
En disant ces mots, il coupa sans hésiter la gorge à ses sept filles. »
Dans ce passage, on comprend que c’est parce que Poucet a l’idée de mettre les couronnes des petites filles endormies sur sa tête et celles de ses frères que l’ogre est trompé.
La situation finale et la morale
La situation finale et la morale
La situation finale d’un conte est la dernière étape de celui-ci : quand tout rentre dans l’ordre. Poucet et ses frères réussissent à rentrer chez eux avec les richesses de l’ogre et de sa femme. Ils ne sont donc plus pauvres.
Le conteur peut maintenant donner la morale de son histoire.
Morale :
Conseil pour bien se comporter et pour avoir une attitude correcte envers les autres et envers soi-même.
Perrault donne une morale valable pour toute notre vie à la fin de son récit. Elle est annoncée clairement :
« MORALITÉ
On ne s’afflige point d’avoir beaucoup d’enfants,
Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,
Et d’un extérieur qui brille ;
Mais si l’un d’eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelquefois cependant c’est petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »
On peut expliquer ce passage en disant qu’il ne faut pas se moquer ou se désintéresser des plus faibles et des plus timides. Poucet était le garçon le plus fragile et le plus petit de sa fratrie, et pourtant c’est grâce à lui que tout est rentré dans l’ordre.
Fratrie :
Ensemble des frères et des sœurs d’une même famille.
Voici quelques éléments pour trouver la morale dans un conte merveilleux :
- elle se trouve à la fin du texte ;
- elle est écrite au présent ;
- elle est détachée de l’histoire ;
- elle donne une leçon.