Un emploi qualifié suppose un investissement en capital humain

Introduction :

Face au chômage de masse, l’emploi demeure la priorité pour les français. En effet, avoir un emploi stable garantit une participation active à la société, un statut social (position occupée dans la société). Le salaire perçu permet bien sûr de consommer mais dans une vision plus large, avoir un emploi, c’est aussi et surtout être intégré à la société.
À l’inverse, ne pas en avoir, être au chômage, c’est en partie se sentir exclu de la société (difficulté à se loger, sentiment de ne pas être utile).

La France a depuis de nombreuses années un taux de chômage aux alentours des 10 % (9,2 % au troisième trimestre 2018). Ce taux élevé crée une incertitude pour l’ensemble des français : vais-je conserver mon emploi ? Quelles sont mes chances de trouver un emploi ?

Ces questions concernent également la jeune génération : quel diplôme faut-il pour avoir une chance d’avoir un travail stable et bien rémunéré ? Existe-t-il une relation entre le diplôme et le type d’emploi occupé ? Mes années d’études vont-elles être rentabilisées ?

Nous allons tenter de répondre à toutes ces interrogations en montrant que le niveau élevé de diplôme facilite l’accès aux emplois qualifiés mais que cette obtention de diplôme suppose un investissement en capital humain.

La relation entre le diplôme et l’emploi

Revenons tout d’abord sur quelques termes. Comment définir l’emploi ? Quelle est la différence entre travail et emploi ? Qu’est-ce qu’une qualification et comment s’obtient elle ?

Le concept d’emploi

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Définition

Emploi :

Un emploi est une activité professionnelle rémunérée et déclarée.

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Attention

Il ne faut pas confondre le terme « emploi » avec celui de « travail » qui définit toute activité productive, même non rémunérée.

On peut donc en déduire que l’emploi est un travail mais que le travail ne correspond pas forcément à un emploi.

  • Prenons comme exemple une femme au foyer qui s’occupe durant la journée de ses enfants en bas âge. On parlera de travail et non d’emploi car il n’y a aucune rémunération liée à cette activité.

Faire référence à l’emploi permet de mettre en évidence d’autres concepts économiques.

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Définition

Population active :

La population active regroupe la population ayant un emploi (population active occupée) et la population à la recherche d’un emploi (les chômeurs).

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Définition

Chômeur : Personne sans emploi qui est à la recherche d’un travail rémunéré et qui est disponible pour l’occuper.

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Définition

Population inactive :

Personnes qui ne sont ni en emploi ni au chômage : jeunes de moins de 15 ans, étudiants, retraités, femmes au foyer, etc.

Le schéma suivant permet de clarifier les liens entre ces différents concepts.

population active inactive occupée

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À retenir

Les emplois concernent donc les individus qui travaillent ou qui cherchent à travailler.

La distinction entre emploi qualifié et non qualifié

Il est important de distinguer la qualification individuelle de la qualification de l’emploi.

En effet, lorsqu’ on évoque la distinction entre emploi qualifié et non qualifié, on fait référence aux compétences requises pour pouvoir exercer cet emploi.

  • On se place du côté de l’emploi à occuper.
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Définition

Qualification de l’emploi :

La qualification d’un emploi est l’ensemble des savoirs, savoir-faire et savoir-être nécessaires pour exercer un emploi mais aussi les aptitudes requises par l’employeur.

Prenons l’exemple d’un médecin. Pour exercer il lui faut non seulement des connaissances théoriques, des savoir-faire, mais également des qualités relationnelles, une certaine empathie (savoir-être).

On peut donc en déduire une classification des emplois en fonction des compétences nécessaires.

  • Les emplois peu qualifiés sont des emplois qui ne nécessitent pas de qualifications particulières pour pouvoir être exercés. Un ouvrier qui travaille à la chaîne dans l’industrie automobile pourrait être un exemple. Ces emplois sont généralement précaires et peu rémunérés.
  • Les emplois qualifiés sont des emplois qui nécessitent une qualification moyenne, comme par exemple un emploi d’informaticien.
  • Les emplois très qualifiés sont des emplois qui nécessitent un très haut niveau de qualification, comme un poste de directeur/directrice des ressources humaines. Ces emplois sont généralement stables et bien rémunérés.

Si l’on se place du côté du salarié qui occupera cet emploi, on parlera alors de la qualification individuelle.

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Définition

Qualification individuelle :

Ensemble des aptitudes acquises par l’individu au cours de sa formation et dans l’exercice de sa profession.

La qualification, dans ce cas, dépend du niveau de diplôme et de l’expérience professionnelle.

  • Une personne peu qualifiée sera caractérisée par un faible niveau de diplôme voire aucun diplôme.

Maintenant que nous avons défini quelques concepts économiques, il apparaît nécessaire de les mettre en relation. Autrement dit, existe-t-il un lien entre le niveau de diplôme (la qualification individuelle) et l’accès à un emploi stable et bien rémunéré ?

La relation entre la qualification individuelle (le niveau de diplôme) et l’accès aux emplois qualifiés

Diplôme et insertion professionnelle

Les deux tableaux suivants permettent de mettre en évidence un certain nombre de choses.

Statut du premier emploi
Unité : %

Emploi à durée indéterminée Emploi à durée déterminée
Aucun diplôme 20 80
CAP - BEP 23 77
Bac 24 76
Bac + 2 29 71
Bac + 3/4 28 72
Bac + 5 48 52
École de commerce ou d’ingénieurs 54 46
Doctorat 45 55
Ensemble 30 70

Source : Céreq, enquête 2016 aurpès de la génération sortie de l’école en 2013, © Observatoire des inégalités

Taux de chômage des jeunes en 2016 (trois ans après la fin des études)
Unité : %

Aucun diplôme 49
CAP - BEP 28
Bac 19
Bac + 2 12
Bac + 3/4 13
Bac + 5 10
École de commerce ou d’ingénieurs 7
Doctorat 6
Ensemble 20

Source : Céreq, enquête 2016 aurpès de la génération sortie de l’école en 2013, © Observatoire des inégalités

D’une part, il existe une relation entre le niveau de diplôme (ou de qualification individuelle) et le statut du premier emploi.
Et d’autre part, il existe une relation entre le niveau de diplôme et le taux de chômage.

Voici ce que l’on peut en déduire :

  • plus le diplôme est élevé, plus le pourcentage de jeunes accédant à un emploi en CDI est élevé.
  • Par exemple, seuls 20 % des non diplômés accèdent à un emploi en CDI contre 54 % des jeunes ayant fait une école d’ingénieur ou de commerce.
  • À l’inverse, moins le diplôme est élevé, plus le pourcentage de CDD est important.
  • Ainsi, 80 % des jeunes sans diplôme sont embauchés en contrat à durée déterminée contre 46 % pour les jeunes issus des écoles de commerce ou d’ingénieur.
  • Enfin, le taux de chômage diminue en fonction du niveau d’études.
  • Le taux de chômage des non diplômés est de 49 % contre seulement 7 % pour les jeunes issus des écoles d’ingénieurs ou de commerce.
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À retenir

Il semble donc, au regard de ces données, que le diplôme demeure un atout essentiel contre la précarité et le chômage. En effet, face à la précarité, au chômage et aux bas salaires, le diplôme apparaît comme une protection.

Mais qu’en est-il de l’accès aux emplois qualifiés ?

La relation entre le niveau de qualification et l’accès à un emploi stable et bien rémunéré

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Définition

Catégorie socio-professionnelle :

Les catégories socio-professionnelles, ou PCS, sont un outil construit par l’INSEE pour regrouper les actifs français en catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale.

On dénombre 8 PCS :

  • les agriculteurs exploitants ;
  • les artisans, commerçants et chefs d’entreprise ;
  • les cadres et professions intellectuelles supérieures ;
  • les professions intermédiaires ;
  • les employés ;
  • les ouvriers ;
  • les retraités ;
  • les autres personnes sans activités professionnelles.
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Astuce

Le revenu n’est pas un critère pris en compte dans cette classification.

catégories socioprfessionnelles

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À retenir

On voit distinctivement sur ce schéma que les différentes PCS tiennent compte de différents critères :

  • l’activité ;
  • le statut juridique ;
  • le secteur d’activé ;
  • le niveau hiérarchique.

Ce nouveau tableau permet de faire le lien entre le niveau de diplôme et la catégorie socio-professionnelle des jeunes.

Catégorie socioprofessionnelle des jeunes selon le diplôme trois ans après la fin des études
Unité : %

Agriculteurs ou indépendants Cadres supérieurs Professions intermédiaires Employés Ouvriers
Aucun diplôme 3 1 15 37 44
CAP - BEP 2 0 13 37 48
Bac 2 3 26 42 27
Bac + 2 3 6 44 31 16
Bac + 3/4 2 17 53 22 6
Bac + 5 2 59 32 6 1
Doctorat 1 92 7 0 0
Ensemble 2 18 33 27 20

Source : Céreq, enquête 2016 aurpès de la génération sortie de l’école en 2013, © Observatoire des inégalités

Il existe, au vu de ce tableau, une corrélation entre le niveau de diplôme et la PCS 3 ans après la fin des études.

  • Parmi les non diplômés, 44 % se retrouvent dans une PCS ouvrier, alors qu’ils sont 0 % quand ils ont un doctorat.
  • À l’inverse, les diplômés bac + 5 sont à 59 % dans la catégorie cadre supérieur contre 1 % seulement chez les non diplômés.
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À retenir

Le diplôme permet donc un meilleur accès aux emplois qualifiés et aux catégories sociales supérieures.

Le tableau suivant permet de mettre en évidence la relation entre le salaire mensuel et la PCS.

Salaires mensuels et effectifs (en équivalent temps plein)

Salaires bruts moyens Salaires nets moyens Répartition des effectifs (%)
Euros courants Euros constants Euros courants Euros constants 2014 2015
2014 2015 Évolution (%) 2014 2015 Évolution (%)
Cadres2 5 482 5 564 1,5 4 090 4 141 1,2 18,2 18,5
Professions intermédiaires 3 018 3 033 0,5 2 266 2 271 0,2 19,7 19,7
Employés 2 154 2 171 0,8 1 627 1 637 0,6 30,3 30,5
Ouvriers 2 234 2 266 1,4 1 698 1 717 1,1 31,8 31,2
Hommes 3 194 3 239 1,4 2 410 2 438 1,1 58,7 58,5
Femmes 2 619 2 659 1,5 1 961 1 986 1,2 41,3 41,5
Construction 2 695 2 734 1,4 2 038 2 062 1,2 8,2 7,9
Industrie 3 297 3 361 1,9 2 458 2 494 1,4 18,9 18,6
Tertiaire 2 897 2 935 1,3 2 185 2 209 1 72,9 73,5
Ensemble (y compris contrats aidés) 2 956 2 998 1,4 2 225 2 250 1,1 100 100
Ensemble (hors contrats aidés) 2 987 3 034 1,5 2 247 2 277 1,3 nd nd

2 Y compris chefs d’entreprise salariés.
Champ : France, salariés en équivalent templs plein du privé et des entreprises publiques, y compris les bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation. Sont exclus les apprentis, les stagiaires, les salariés agricoles et les salariés des particuliers employeurs.

Source : Insee, DADS, fichier semi-définitif.

  • Ainsi, on peut observer qu’en 2015, les salaires nets moyens des cades étaient de 4 141 euros alors qu’ils n’étaient que de 1 717 euros pour les ouvriers.
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À retenir

Un diplôme élevé permet donc d’accéder aux emplois les mieux rémunérés.

Au regard de cette première partie et des questions que nous nous sommes posées, il apparaît qu’en France, il existe bien une corrélation entre le niveau de qualification, le niveau de diplôme et la probabilité d’accéder à un emploi, et qui plus est à un emploi qualifié et bien rémunéré.

Néanmoins, il semble également intéressant de s’interroger sur la rentabilité de ces poursuites d’étude.
Cet investissement en temps (nombre d’années d’études) et en argent (coût des études) est-il rentable ?
Permet-il réellement d’accéder à de meilleurs emplois ?

Pour répondre à ces questions, nous parlerons dans cette seconde partie, de capital humain et plus particulièrement d’investissement en capital humain.

La rentabilité des investissements en capital humain

Définissons maintenant les concepts d’investissement et de capital humain. Nous verrons par la suite en quoi ces notions sont liées à une idée de rentabilité.

Les concepts

L’investissement est un concept économique qui s’utilise généralement dans le cadre de l’entreprise. On le définit comme une opération réalisée par des agents économiques (entreprise, ménage, administration) dans le but d’acquérir des biens de production (des machines par exemple).

Lorsqu’on fait un investissement, on suppose donc que l’achat de ces nouvelles machines va permettre d’être plus productif, plus efficace.

Ce concept peut également avoir un sens plus large et concerner toutes les dépenses qui vont permettre à un agent d’améliorer sa productivité.

Il existe deux types d’investissements : les investissements matériels et immatériels.

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Définition

Investissement matériel :

Achat par une entreprise de biens durables (machines plus performantes par exemple) dans le but d’augmenter sa productivité.

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Définition

Investissement immatériel :

Ensemble des dépenses d’une entreprise liées à la recherche et développement, à la formation des salariés, à l’acquisition de logiciels et à la publicité.

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À retenir

Gary Becker a développé une théorie permettant de montrer que les connaissances acquises au cours des études et plus généralement de la formation peuvent être assimilées à des investissements.

Ils sont cumulables et forment un stock de compétences professionnelles qui pourra être valorisé.

  • On parle alors de capital humain.
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Définition

Capital humain :

Ensemble des capacités, connaissances et compétences acquises par l'éducation, la formation et l'expérience d’un individu qui peuvent servir à produire.

Cette théorie part du principe qu’un individu en bonne santé sera plus efficace qu’un individu malade. De la même manière, un individu ayant acquis des connaissances, des compétences, une qualification, sera plus efficace dans une entreprise.

L’éducation : un investissement rentable

L’éducation est considérée comme un investissement immatériel destiné à produire un revenu futur, ce qui sous-entend que plus on dépense pour son éducation, plus cela rapportera un revenu élevé.

Dans cette optique, un étudiant en médecine percevra une rémunération supérieure à un étudiant en BTS comptabilité.

Mais cette idée est-elle vérifiée ? L’investissement est-il rentable compte tenu des coûts occasionnés par la poursuite d’études ?

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Définition

Théorie du capital humain :

Théorie selon laquelle les individus font des choix en matière d’éducation en comparant les coûts à supporter et les revenus futurs qu’ils peuvent espérer en contrepartie de cet investissement qui augmente leur productivité (capacité à produire).

Les coûts de la poursuite d’études

On peut distinguer différents types de coûts :

  • psychologiques : quitter sa famille, ses amis, mettre de côté ses loisirs ;
  • financiers : location d’appartement, paiement des frais de scolarité, des livres, absence de revenu car a priori pas d’emplois dans l’immédiat.

En effet, la poursuite d’études longues suppose souvent un départ du domicile, des frais de scolarité et l’absence de revenu pendant le temps que l’on passe à se former. Néanmoins se former procure également des avantages.

Les avantages de la poursuite d’études

Comme nous l’avons montré en première partie :

  • un diplôme plus élevé permet d’accéder plus facilement à un emploi qualifié ;
  • un diplôme plus élevé permet d’obtenir une meilleure rémunération ;
  • un diplôme plus élevé permet de se protéger contre le chômage.

Des économistes ont, par ailleurs, montré qu’en moyenne, une année d’études supplémentaires accroît les revenus dans une proportion variant de 5 à 15 %.

L’éducation apparaît donc comme un investissement rentable.

Conclusion :

Dans ce cours, nous avons montré que le diplôme apparaissait comme une protection contre le chômage, la précarité et les bas salaires. Cela est d’autant plus vrai que le niveau de diplôme est élevé. Nous avons également vu que poursuivre ses études supposait un coût non négligeable mais qui s’avère rentable.

investissement en capital humain études