Un roman de science-fiction : L’enfaon, de Éric Simard
Les bouleversements du temps et de l’espace
Les bouleversements du temps et de l’espace
Un récit de science-fiction est une histoire dans laquelle de grandes découvertes scientifiques et techniques permettent de faire voyager des personnages dans le temps et dans l’espace.
Le récit de science-fiction utilise souvent des découvertes scientifiques existantes dans la réalité. Ensuite, il exagère les capacités de ces découvertes ou il leur invente de nouvelles applications.
- La machine à voyager dans le temps peut ressembler à nos robots actuels.
- Les voitures volantes peuvent être inspirées de nos voitures roulantes.
- Dans L’Enfaon, le CHGM (Centre des Humains Génétiquement Modifiés) est une dérive possible des manipulations génétiques que nous pratiquons déjà aujourd’hui.
L’Enfaon raconte l’histoire de Leïla, une petite fille qui tombe amoureuse d’un garçon un peu spécial le jour de la rentrée des classes. Solitaire et sans famille, il se fait appeler l’enfaon, car il a été engendré par des scientifiques qui ont mélangé des gènes humains avec des gènes de cerf. Le garçon va donc progressivement voir des bois pousser sur sa tête.
Cette histoire imagine bien ce qu’il est possible de faire dans un monde où la science ferait de grandes avancées dans le domaine des manipulations génétiques.
Le mot « enfaon » vient de la contraction de deux mots : « enfant » et « faon ». Le faon est le petit du cerf et de la biche.
Un faon ©Ianaré Sévi CC BY-SA 3.0
Un cerf
Gènes :
Minuscules parties du corps humain, des plantes ou des animaux, qui définissent certaines de nos particularités physiques (couleur des cheveux ou des yeux, forme du nez, etc.) Ces particularités sont héréditaires.
Hérédité :
Transmission de caractéristiques physiques par les parents aux enfants.
Le plus souvent, les récits de science-fiction se déroulent dans le futur, dans des lieux plus ou moins modifiés par la technologie.
Des personnages complexes
Des personnages complexes
Les personnages d’un récit de science-fiction peuvent paraître étranges. Il peut s’agir de robots, d’extraterrestres, de créatures monstrueuses ou d’êtres hybrides.
L’enfaon est un être hybride puisqu’il est à moitié enfant et à moitié cerf, comme la maîtresse l’explique à Leïla :
« Lorsqu’il n’était encore qu’un embryon, les scientifiques qui l’ont conçu ont détecté en lui une maladie très rare, mortelle chez les hommes mais inoffensive chez les cerfs. Alors ils l’ont envoyé au CGHM. C’est là qu’il a été opéré. On lui a injecté des gènes de cerf et il a survécu. Du coup, il est devenu un Humain Modifié, un mélange d’enfant et de faon. »
Dans ce passage, la maîtresse décrit bien un être vivant qui a deux identités différentes. L’école dans laquelle est inscrit l’enfaon et les maladies très rares sont des éléments réalistes qui se rencontrent dans la vie. En revanche, il n’est pas encore possible de créer un être qui soit à la fois homme et animal.
La rencontre de ces êtres hybrides avec les autres humains peut créer des situations d’incompréhension ou de rejet.
L’enfaon n’est pas tout de suite accepté par les autres enfants, qui font preuve d’intolérance lorsque son crâne change :
« — Montre-nous ton crâne, L’enfaon ! le harcelaient les gars de la classe. Allez ! Montre-nous ton crâne !
Je leur ai lancé :
— Laissez-le ! Vous ne voyez pas que vous l’embêtez ?
— On ne l’embête pas. On veut juste qu’il nous montre sa tête.
L’un d’eux a saisi L’enfaon par le bras et l’a tiré jusqu’à lui sous les applaudissements de ses copains. L’enfaon s’est débattu. Un autre en a profité pour lui enlever son bonnet. L’enfaon a crié et s’est déchaîné. Alors j’ai hurlé :
— Lâchez-le !
La maîtresse est arrivée au même moment. Elle a disputé les garçons et leur a ordonné de rejoindre la classe. L’enfaon, lui, s’est réfugié contre le mur du préau. Il pleurait et il tremblait en cachant son crâne entre ses mains. »
Intolérance :
Incapacité de certaines personnes à supporter les particularités d’une ou de plusieurs autres personnes.
Dans ce passage, on voit que la méchanceté des élèves est provoquée par une curiosité qui ne respecte pas la différence du petit garçon. Mais Leïla, l’héroïne d’abord timide et hésitante, sait faire preuve d’une plus grande ouverture d’esprit.
Respect :
Attitude qui pousse quelqu’un à traiter une autre personne avec gentillesse.
Une réflexion sur notre monde
Une réflexion sur notre monde
Les événements dans un récit de science-fiction permettent de poser des questions sur notre monde. Ils soulignent les dangers qui nous guettent, les catastrophes possibles ou la perte de contrôle sur nos inventions.
L’Enfaon nous invite à nous demander s’il est souhaitable de pousser les manipulations génétiques jusqu’à la fabrication d’êtres hybrides qui pourraient être mis à l’écart.
Leïla se pose beaucoup de questions sur les conditions de vie de son camarade de classe et sur le travail des scientifiques :
« Je me disais : “Que se passe-t-il derrière ces portes ? Comment vit L’enfaon ? Combien d’humains comme lui sont soignés avec des gênes d’animaux ? Et à quoi ressemblent-ils ?” »
Le récit de science-fiction ne donne pas forcément une opinion. Il ouvre des débats, et c’est au lecteur de se forger un avis.
Débattre :
Discuter des aspects contraires d’un sujet.
Le récit de science-fiction met souvent en avant la philosophie et la beauté pour lutter contre les excès de la technologie.
À la fin de L’Enfaon, c’est bien l’amour qui l’emporte face aux dérives du monde :
« Une nuit, au retour d’une de nos sorties, il a glissé une feuille pliée dans ma poche. Il m’a demandé de ne l’ouvrir qu’une fois seule dans ma chambre. Il avait écrit ceci :
Si tu posais ton oreille sur mon cœur, tu entendrais le chant d’un ruisseau qui s’écoule doucement vers toi. Une seule de ses gouttes pourrait t’inonder de bonheur.
L’enfaon.
Le lendemain, il m’a conduite dans la forêt et nous nous sommes embrassés. Avec ses ramures qui nous surplombaient, j’avais l’impression d’embrasser la forêt. »