Un roman : Vachement moi ! d’Emmanuel Bourdier
Introduction :
Emmanuel Bourdier est auteur de romans pour la jeunesse. Il a notamment écrit Vachement moi !, l’histoire de Paul, un enfant qui vit dans un monde où chacun est identifié grâce à un code-barres. Un jour, l’ordinateur indique que le code-barres de Paul est celui d’une vache !
Vachement moi ! : une histoire humoristique
Vachement moi ! : une histoire humoristique
Des jeux de mots fréquents
Des jeux de mots fréquents
Dès la couverture du roman, on note un premier jeu de mots. Le titre, Vachement moi !, est illustré par un petit garçon, l’air surpris, déguisé en vache. Habituellement, « vachement » est un terme familier qui signifie « énormément » et qui n’a rien à voir avec les vaches.
Jeu de mots :
Un jeu de mots est un outil humoristique basé sur le détournement du sens habituel des mots.
Dans le roman, tout le monde croit que Paul est une vache. Cette situation comique est renforcée par la présence de nombreux jeux de mots autour de la vache.
« ― Mais nom d’un bœuf, puisque je vous dis que je ne suis pas une vache ! »
« Le directeur le nota à contrecœur pour faire cesser mes beuglements. »
« Je demeurai là, assis au pied de l’arbre, ruminant que je n’étais pas une vache. »
L’auteur s’amuse également avec le défaut de langage de Mademoiselle Latrille qui inverse les « b » et les « v ». Quand elle essaye de soutenir Paul, elle lui dit : « Merci. C’était tout de même très très veau. ». Cette phrase est comique car le veau est le petit de la vache !
Des situations cocasses
Des situations cocasses
Le roman enchaîne des situations toutes plus cocasses les unes que les autres.
Cocasse :
Ce qui est cocasse est ce qui étonne par son étrangeté et fait rire.
À partir du moment où Paul est identifié comme une vache, les adultes se mettent à le traiter ainsi.
« ― Ah oui… bien sûr. La vache.
― Qu’en faisons-nous monsieur ? On la pousse jusqu’au trottoir et on appelle les pompiers ?
― Vous n’y pensez pas, Verzy ! On ne peut pas la renvoyer comme ça en ville. Vous imaginez la panique sur la chaussée ! Non, non, attachez-la à un arbre dans la cour […] »
« […] monsieur Verzy avait fait remplir une baignoire d’eau fraiche et avait dégoté une botte de foin. »
Des personnages ridicules
Des personnages ridicules
Certains personnages de l’histoire sont tournés en ridicule. Cet outil humoristique permet à l’auteur de dénoncer l’attitude bornée des adultes qui ne croient qu’en la technologie.
Ridicule :
Ce qui est ridicule est ce qui provoque la moquerie par sa laideur, sa bêtise ou son absurdité.
Absurde :
Ce qui est absurde est ce qui est contraire à la logique, au bon sens.
Le concierge de l’école est décrit comme un personnage mollasson et bête. Il est comparé à « un hippopotame avec un cerveau de ver de terre ».
Le directeur est décrit comme un personnage laid et obtus : « Il portait des costumes à grands carreaux jaunes et des souliers presque verts. Il ne lui manquait qu’une perruque fluo et un nez rouge pour commencer une carrière de clown. Et surtout, il lui manquait l’humour. »
Vachement moi : une critique de la technologie
Vachement moi : une critique de la technologie
Le code-barres : un système d’identification absurde
Le code-barres : un système d’identification absurde
Paul vit dans un monde où chacun est identifié grâce à un code-barres sur la main. Ce système absurde est contestable car, tous les matins, le concierge de l’école scanne les élèves comme s’ils s’agissaient de produits de supermarché. Ils ne s’appellent même plus par leurs prénoms !
« Je ne m’appelle pas ‟13-NRV”. Mon vrai prénom est Paul, mais comme tout le monde dans mon école, j’avais hérité d’un surnom qui correspondait à la fin de mon code-barres. »
Grâce au code-barres, l’ordinateur a accès à toutes les informations concernant l’élève.
« […] l’ordinateur posé à ses côtés enregistrait tout ce qu’il y avait à savoir pour la journée : si on mangeait à la cantine, si on allait à l’étude, qui venait nous chercher à seize heures trente, mais aussi nos absences des mois passés, toutes nos notes depuis les petites classes, nos allergies, notre adresse, notre numéro de téléphone, l’âge de nos parents, leur métier, les dents de lait qu’il nous restait, le nombre de chewing-gums que nous avions collés sous les tables, la quantité de petits pois lancés à la cantine, et même le décompte exact des lignes de punition copiées depuis la maternelle. »
Cette liste est drôle car, si certaines données sont sérieuses (l’inscription à la cantine), d’autres informations sont inutiles et impossibles à connaître (la quantité de petits pois lancés) !
Le pouvoir des machines
Le pouvoir des machines
L’auteur de Vachement moi ! dénonce un monde où la technologie aurait pris une place trop importante. Il nous invite à prendre du recul car les machines peuvent se tromper.
Pour faire cette critique, l’auteur imagine des situations absurdes provoquées par la confiance aveugle des êtres humains envers la technologie.
« ― L’ordinateur est formel. Cela ne fait aucun doute. Vous êtes une vache. »
Même les propres parents de Paul finissent par être convaincus qu’il est une vache.
« ― […] votre Paul est bel est bien une vache. Il vous faut l’accepter.
Maman baissa la tête. Papa lui prit la main et souffla :
― Il a raison, ma chouette, si l’ordinateur le dit… »
À la fin du roman, le directeur, qui a cru aveuglément que Paul était une vache, se retrouve piégé : l’ordinateur a décrété que c’était un papillon. Sa bêtise s’est retournée contre lui.
« Monsieur Verzy, armé d’un gigantesque filet à papillons, tentait tant bien que mal de grimper à l’arbre. En haut, sur la plus haute des hautes branches, un homme en costume à grands carreaux jaunes, chaussures vernies presque vertes et couvert d’égratignures de la tête aux pieds, hurlait :
― C’est une erreur, je suis monsieur Darfeux, le directeur de cette école ! »
Vachement moi ! : un récit d’apprentissage
Vachement moi ! : un récit d’apprentissage
Un combat pour s’affirmer
Un combat pour s’affirmer
Quand le héros réalise qu’on le prend pour une vache, il décide de tout faire pour prouver qu’il est bien un garçon. Mais les adultes restent bornés et ne répondent que des absurdités.
Il se vante de connaître ses tables de multiplication, on affirme qu’il est une vache mutante.
Il joue un air de Mozart à la flûte, on lui dit qu’une vache a déjà joué Beethoven à l’harmonica.
Enfin, il propose de rentrer dans l’enclos d’un taureau qui charge tous les êtres humains. Mais le taureau ne le charge pas et le lèche gentiment. Il est donc clair pour tous qu’il est une vache.
Paul est donc prêt à risquer sa vie pour prouver qui il est et affirmer sa personnalité par rapport aux autres. Il a besoin de la reconnaissance de son entourage pour exister.
La question de l’identité de Paul
La question de l’identité de Paul
Vachement moi ! pose la question de l’identité de Paul. À partir du moment où les autres pensent que Paul est une vache, son attitude se transforme. Il sait qu’il est un garçon mais il ne peut pas s’empêcher d’agir comme les autres le voient.
Il rumine et regarde le train comme une vache dans un champ :
« Sans savoir pourquoi, je fus fasciné par son jeu et passai le reste de la récréation à l’observer, l’œil rond, jusqu’à ce que la sonnerie retentisse et que le train disparaisse, emporté par son petit chef de gare. Je pris un chewing-gum dans ma poche pour le mâcher lentement, en repensant à la jolie locomotive. »
L’auteur veut nous interroger sur l’impact du regard des autres sur notre identité. Malgré tous les efforts de Paul pour prouver qui il est, cela ne fonctionne pas. Cela signifie qu’il ne faut pas se laisser imposer son identité ni se soucier de ce que pensent les autres.
« […] Je contemplai mon code-barres. XWZ1972W13-NRV.
Je le fis disparaître dans mon poing.
13-NRV.
Non.
J’étais Paul Moulin.
Mammifère omnivore de dix ans.
Paul.
Un enfant.
J’enfouis ma main dans ma poche et entrai dans la classe vide en sifflotant une petite marche de Mozart. »