Une démocratie directe mais limitée : être citoyen à Athènes au Ve siècle

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Introduction :

Lorsque l’on parle de démocratie, on a souvent en tête son plus ancien modèle, qui nous vient de la Grèce antique : la démocratie athénienne.
Ce régime politique donne le pouvoir (krâtos) au peuple (dèmos). L’organisation « démocratique » de la cité athénienne fait figure d’exception dans les paysages politiques de l’époque.

Mais quelles sont précisément les caractéristiques de cette démocratie et comment s’exerce-t-elle dans la cité athénienne, entre le Ve siècle et le IVe siècle avant J.-C. ?

Afin de répondre à cette question, nous aborderons dans un premier temps le fait que, dans le cas athénien, la notion de démocratie n’implique pas pour autant que tous les habitants ont les mêmes droits et devoirs. Puis nous verrons comment la participation du peuple aux décisions est limitée et encadrée.

Une société inégalitaire

La citoyenneté athénienne : un privilège

Au Ve siècle avant Jésus-Christ, la population athénienne comprend entre 250 000 et 350 000 personnes. Parmi elles, seulement un habitant sur dix est citoyen.

Les esclaves représentent plus d’un tiers de la population athénienne, les femmes et les enfants presque la moitié. Le reste sont des métèques, c’est-à-dire des individus de culture grecque, étrangers à la cité.

  • La démocratie athénienne s’accommode de la pratique esclavagiste et ne reconnaît pas le principe d’égalité entre les hommes.

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La citoyenneté athénienne est donc :

  • masculine mais restrictive ;
  • multidimensionnelle, dans le sens où elle constitue un privilège, mélange de vie civique et religieuse, qui implique des devoirs, nombreux et rigoureux : occuper les fonctions politiques, rendre compte de son action en tant que magistrat ou stratège (sous peine d’être privé de ses terres ou exilé), financer les jeux et les liturgies, assister aux assemblées de citoyens, etc.
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Définition

Liturgie :

Dans la démocratie athénienne, impôt payé par les riches citoyens ou les métèques pour financer l’organisation de fêtes, de jeux ou de cérémonies. C’est une prise en charge des dépenses publiques et une manifestation de civisme.

L’ensemble des citoyens forme une démocratie, car ils exercent collectivement le pouvoir. À Athènes, celle-ci se définit comme la participation des citoyens aux décisions de la cité. Elle n’implique pas, comme aujourd’hui, de protéger des droits et des libertés. Elle est perçue comme une forme de constitution, dans le sens où elle organise la société et les pouvoirs publics.

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Définition

Constitution :

Norme suprême de l’ordre juridique dans un État de droit. Ce texte organise les pouvoirs publics et peut reconnaître des droits fondamentaux aux citoyens. Toutes les autres normes (lois, décrets, etc.) lui sont inférieures et doivent y être conformes. C’est le juge, grâce au contrôle de constitutionnalité, qui s’assure du respect de la constitution par les normes inférieures.

La démocratie athénienne désigne donc un mode d’exercice du pouvoir entre les mains d’une caste restreinte de citoyens privilégiés.

  • L’Athénien pauvre a davantage de droits politiques que le métèque riche.
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À retenir

La citoyenneté athénienne est donc un privilège : elle ne concerne qu’une infime partie de la population totale qui participe aux décisions de la cité, excluant les femmes, les enfants, les esclaves et les métèques.
Toutefois, elle exige de nombreux devoirs de la part de ceux qui en bénéficient.

Le régime politique athénien représente une singularité parmi les cités-États grecques de l’époque classique (en général des monarchies, des oligarchies ou des tyrannies).
À ce titre, les nombreuses victoires d’Athènes sur ses ennemis renforcent la solidité de ses institutions et la démocratie athénienne semble favorisée par les dieux.

Le démos : un corps social divisé et hiérarchisé

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Définition

Démos :

Ensemble de la population athénienne, littéralement le peuple. Ce terme sert également parfois à désigner uniquement les détenteurs de droits politiques.

Bien que la société athénienne soit très inégalitaire, toute la population participe aux fêtes religieuses annuelles, les Panathénées. Toutefois, hors de ce cadre, les femmes et les enfants restent confinés à l’intérieur du foyer.

Les esclaves sont considérés comme la propriété de leurs maîtres ou de la cité athénienne.
Bien qu’il soit relativement intégré dans la famille qu’il sert, l’esclave n’a aucun droit d’un point de vue juridique. Il peut parfois être affranchi (libéré), mais cela ne fait pas de lui un citoyen pour autant.

Les métèques, en revanche, jouent un rôle moteur dans l’économie de la ville : ils sont souvent agriculteurs, commerçants ou artisans, et vivent en périphérie de la cité ou sur le port du Pirée.
Ils sont soumis aux mêmes obligations que les citoyens concernant le financement des liturgies et des cérémonies et la défense de la cité, mais n’ont pas de droits identiques en retour. Ils paient un impôt spécifique, le métoikion (sorte de taxe de résidence), et peuvent, à titre exceptionnel, obtenir la citoyenneté.

Ce sont les pièces de théâtre, financées par des liturgies, qui permettent à tous les hommes athéniens, hormis les esclaves, sous couvert d’un masque et d’un rôle, de critiquer le manque de discernement des citoyens, à qui les charges ne sont pas confiées sur la base de leurs compétences.
Ces citoyens sont, en effet, tirés au sort et pas forcément capables d’exercer les tâches qui leur sont confiées. C’est là une limite importante au modèle démocratique athénien.

Klérotèrion tirage au sort Athènes Le klérotèrion était un objet permettant de procéder au tirage au sort des membres de la Boulè et de l’Héliée. Dans les fentes étaient insérées des tablettes portant les noms des candidats, ©Marsyas

Une participation à la vie politique limitée et encadrée

Les institutions démocratiques athéniennes

Plusieurs institutions régissent la vie démocratique à Athènes.

  • La Boulè est une assemblée de 500 membres tirés au sort parmi les citoyens. Elle représente le pouvoir législatif et contrôle les magistrats, notamment les stratèges qui sont nommés pour conduire les affaires militaires.

  • Les archontes sont des magistrats comparables à des ministres. Ils sont élus tous les dix ans et dirigent l’armée, assurent le respect de l’ordre public, veillent à l’organisation des fêtes religieuses et l’observation des rites. Ce sont eux qui détiennent les plus hautes fonctions politiques à Athènes et exercent le pouvoir exécutif.

  • L’Héliée constitue le pouvoir judiciaire : il s’agit d’un tribunal composé de 6 000 jurés tirés au sort par l’Ecclésia.
    Le droit de parole, de même que celui d’obtenir justice durant un procès, est une conséquence de la citoyenneté, mais les risques sont grands pour celui qui perd un procès qu’il a provoqué ou pour l’orateur charismatique qui, jugé ambitieux, sera finalement ostracisé (exilé).

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Définition

Ostracisme :

Exil provisoire (10 ans) ou définitif décidé par l’Ecclésia à l’encontre d’un citoyen athénien, convaincu d’ambition, de trahison ou responsable d’une défaite militaire. Il est exclu de la cité et du corps social.

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À retenir

La liberté d’expression est limitée à Athènes et ne s’étend pas à la contestation du principe démocratique.

  • Enfin l’aréopage, composé des anciens archontes, s’apparente à un conseil de sages, chargé de surveiller la constitution de la cité et d’assurer le respect de ses institutions démocratiques.

  • S’il existe des institutions pour exercer le pouvoir législatif (faire les lois), le pouvoir exécutif (faire appliquer les lois) et le pouvoir judiciaire (sanctionner le non-respect des lois), toutes les grandes décisions, comme les déclarations de guerre ou d’alliance ou encore l’ostracisme, doivent être votées par l’Ecclésia réunie sur la colline de la Pnyx.
    Celle-ci réunit tous les citoyens athéniens plusieurs fois par an et vote les lois proposées par la Boulè.

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Définition

Ecclésia :

Assemblée réunissant tous les citoyens athéniens sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois proposées par la Boulè et élit, pour un an, les membres des différentes institutions athéniennes.

Pnyx Athènes Acropole Vue depuis la colline du Pnyx avec le lieu de rassemblement de l’Ecclésia au premier plan, l’Acropole au centre et la ville d’Athènes sur la gauche, ©Tomisti

La parole y est libre, mais le débat est dominé par les orateurs les plus en vue de la cité, à l’instar de Périclès ou de Cimon en leur temps.
Les lois sont écrites afin d’être pérennisées et portées à la connaissance de tous.

Les multiples facettes de la citoyenneté à Athènes

À Athènes, les citoyens pratiquent une démocratie directe, c’est-à-dire qu’ils votent eux-mêmes les lois de la cité.

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Définition

Démocratie directe :

Forme de gouvernement où le peuple est composé de l’ensemble des citoyens, chacun titulaire d’une parcelle de souveraineté, exerçant le pouvoir sans intermédiaire.

La démocratie athénienne se traduit donc comme un acte positif, à savoir une participation effective de chacun à la vie de la cité.
Les citoyens les plus riches se doivent de financer les célébrations en l’honneur des divinités protectrices, au premier rang desquelles Athéna, mais aussi l’organisation de jeux et de représentations théâtrales, ou encore le financement des trières, les bateaux de guerre athéniens : ces citoyens sont des évergètes (bienfaiteurs).

Par ailleurs, un citoyen qui refuserait de justifier son action auprès de l’Ecclésia risquerait de voir ses propriétés confisquées.

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À retenir

Si chacun participe à la vie de la cité, l’Ecclésia s’accorde donc un droit de regard et de contrôle sur tous ceux qui exercent les fonctions politiques.

Tout débat public, toute réunion de la grande assemblée des citoyens, en somme toute prise de décision politique à Athènes, s’effectue sous les auspices des dieux, c’est-à-dire sous leur regard et leur jugement, et commence par un sacrifice.
Il est par conséquent nécessaire de leur rendre hommage et de les honorer afin qu’ils continuent à favoriser les intérêts de la cité.

  • Au cours de la procession des Panathénées, la foule traverse la voie sacrée, qui relie l’Agora (place publique où se déroule la vie politique) et l’Acropole, siège de la pratique religieuse officielle et institutionnalisée.

Observer les rites religieux et les faire respecter par sa famille et ses esclaves est donc un gage de citoyenneté.

Les jeunes garçons athéniens doivent accomplir leur service militaire (éphébie) de 18 à 20 ans afin de pouvoir efficacement défendre leur cité, dont la prospérité économique est jalousée dans toute la Grèce.

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À retenir

Ainsi, le citoyen n’est pas uniquement l’homme athénien qui vote. C’est également un fidèle qui croit à la religion officielle de la cité (polythéiste), mais aussi un guerrier.

Conclusion :

La société athénienne est une société inégalitaire, la citoyenneté n’étant accordée qu’à une très faible portion de la population. Cette citoyenneté est ainsi exclusivement masculine : les femmes, les enfants, les esclaves et les métèques en sont exclus.

L’accès à la citoyenneté permet de voter et de participer aux décisions politiques, mais elle implique également de nombreux devoirs.
La citoyenneté athénienne revêt de multiples facettes, mêlant les aspects politique, religieux et militaire.

Différentes institutions organisent la vie démocratique athénienne. L’encadrement de l’exercice de la démocratie est plus particulièrement assuré par l’Ecclésia, qui contrôle les agissements des citoyens.