Une diversité d'entreprises et d'entrepreneur·se·s
Introduction :
L’entreprise est une organisation chargée de la production de biens et services marchands.
Il existe une grande diversité d’entreprises. Afin de les distinguer en fonction de leur taille, l’Insee distingue les microentreprises (moins de 10 salariés), les petites et moyennes entreprises (entre 10 et moins de 250 salariés), les entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et moins de 4 999 salariés) et enfin les grandes entreprises (plus de 5 000 salariés).
Sur les 4 millions d’entreprises que compte la France, la majorité sont des microentreprises et près de 6 sur 10 n’ont aucun salarié : on parle alors d’entrepreneurs individuels travaillant « à leur compte ».
Une entreprise est une personne morale qui possède une existence juridique propre : le choix d’un statut juridique légal permet de distinguer les entreprises entre elles et ce statut peut évoluer en fonction de leur stratégie de croissance.
Nous verrons dans un premier temps comment naît et se développe une entreprise, puis nous étudierons différents types d’entrepreneurs en fonction des tailles d’entreprises.
Entreprise :
Une entreprise est une organisation chargée de la production de biens et services marchands. Au niveau juridique, il s’agit d’une personne morale (groupement doté d’une personnalité juridique).
Entrepreneur :
Un entrepreneur est la personne physique à l’origine d’une activité économique ou d’une innovation (entrepreneur-innovateur). Il est celui qui assume le leadership (chef d’entreprise) et prend les risques associés à la création de l’entreprise.
Quel est le cycle de vie d’une entreprise ?
Quel est le cycle de vie d’une entreprise ?
L’entreprise évolue au gré d’étapes. La vie d’une entreprise suit un cycle allant de sa création à sa possible destruction. Entre temps, elle connaît une phase de croissance au cours de laquelle son statut juridique peut évoluer.
On distingue généralement cinq grandes étapes dans ce cycle de vie.
- L’amorçage : l’entreprise entre dans sa phase de création. Elle ne réalise pas encore de chiffre d’affaires.
- La création : cette phase dure en moyenne deux années allant de la création juridique à une phase de « test » au cours de laquelle l’entreprise se familiarise avec la production de valeur. Elle réalise alors son premier chiffre d’affaires, mais l’entreprise peut tout de même être déficitaire en raison des coûts fixes liés à sa création (amortissement lié au financement, enregistrement de l’entreprise, salaires, etc.).
Chiffre d’affaires :
Montant des ventes réalisé au cours de l’année par une entreprise. On l’obtient grâce au calcul suivant :
prix × quantités vendues
Coût fixe :
Coût qui ne varie pas avec les quantités produites. Il s'agit de charges que l'entreprise doit engager, qu'elle produise ou non.
- Le développement : l’entreprise a développé une routine et détient un portefeuille de clients lui permettant une meilleure diffusion. Durant cette phase, le marché s’ouvre et l’entreprise commence à réaliser du profit.
Profit :
Revenu primaire dégagé par les entreprises à l'occasion de leurs activités. Il récompense les propriétaires de l’entreprise. Plusieurs termes sont possibles : bénéfice, résultat net ou encore excédent brut d’exploitation (EBE) selon l’Insee.
Le profit est un élément central du capitalisme puisque c’est grâce à lui que les propriétaires du capital peuvent effectuer des investissements. On obtient le profit par le calcul suivant :
recettes totales - coûts totaux ou alors valeur ajoutée - salaires
- La maturité : c’est généralement la phase la plus longue. L’entreprise a déjà fait ses preuves, son chiffre d’affaires est solide et son endettement se réduit.
- Les difficultés : c’est une période critique au cours de laquelle l’entreprise peut se réorganiser, être rachetée ou bien déposer son bilan. Le dépôt de bilan d'une entreprise peut entraîner la mort de l'entreprise. Cependant, il peut arriver que l'entreprise trouve un repreneur qui réglera les dettes contractées et enregistrées grâce au dépôt de bilan.
Dépôt de bilan :
Procédure effectuée par l'entreprise en situation d'endettement auprès du tribunal de commerce ou du tribunal de grande instance.
Dans la phase de croissance d’une entreprise, plusieurs stratégies peuvent être observées :
- la croissance interne lorsque l’entreprise développe ses capacités de production grâce à de nouveaux investissements (acquisition de nouveaux locaux, de machines, investissement en recherche et développement afin d’élaborer de nouveaux procédés ou de nouveaux produits) ;
- la croissance externe lorsque l’entreprise décide d’augmenter ses capacités de production en s’associant à d’autres entreprises (par la fusion-absorption par exemple). Nous pouvons par exemple évoquer le rachat de Monsanto par la société chimique et pharmaceutique allemande Bayer en 2019 ;
- l’internationalisation lorsque l’entreprise décide de s’implanter à l’étranger (création de filiales grâce à un investissement direct à l’étranger) ou bien d’exporter sa production à l’étranger.
Au cours de la vie d’une entreprise, son statut juridique peut être amené à évoluer. Le schéma ci-dessous, sans être exhaustif, présente les caractéristiques essentielles des principaux statuts.
Statut juridique :
Le statut juridique détermine les règles de fonctionnement ainsi que les droits et les devoirs des personnes qui composent une entreprise. Il dépend de la volonté ou non de l’entrepreneur de s’associer, d’engager ou non sa responsabilité ou encore des besoins en capitaux.
La diversité des figures de l’entrepreneur
La diversité des figures de l’entrepreneur
Il existe différentes conceptions du rôle de l’entrepreneur selon les économistes.
L’entrepreneur peut créer une entreprise à la suite d’une innovation ou pour exercer un travail indépendant plutôt que salarié. Il peut être considéré comme celui qui dirige et pérennise une entreprise.
La figure de l’entrepreneur innovateur
La figure de l’entrepreneur innovateur
L’entrepreneur-innovateur est un type particulier d’entrepreneur. Il tente en effet de révolutionner un modèle de production en exploitant une invention. Il est celui qui applique l’invention dans le domaine de la production. On retrouve ce type de figure dans l’histoire de presque toutes les industries. On peut prendre l’exemple d’Henry Ford qui crée la société Ford Motor Company et assure la production du célèbre « Model T » dès 1908. Il révolutionne la production en ajoutant la chaîne de montage (aussi appelé convoyeur) en 1913 dans son usine d’assemblage : l’ouvrier ne va plus à la pièce, c’est la pièce qui vient à l’ouvrier. Alors qu’il fallait 12h30 pour produire une automobile, il faudra désormais seulement 1h30 pour la produire grâce au convoyeur, le gain de productivité est donc considérable.
La figure de l’entrepreneur-innovateur a été théorisée par l’économiste Joseph A. Schumpeter (1883-1950). Cet auteur, inclassable puisqu’il n’appartenait à aucun courant précis, met l’accent sur le rôle de l'investissement dans le système capitaliste. Selon lui, une grande part de l’investissement est lié aux innovations (qui ne doivent pas être confondues avec les inventions). Il peut s’agir de nouvelles combinaisons dans les méthodes de production (procédés), les biens (nouveaux produits), les débouchés (nouveaux besoins), les sources de matière première ou les manières d'organiser la production (nouvelles organisations productives). Ainsi, le développement des monopoles au XXe siècle constitue, selon lui, une forme d’innovation économique majeure du capitalisme puisqu’il s’agit d’une nouvelle forme d’organisation de la production sur un marché.
Dans cette dynamique du capitalisme, l'entrepreneur joue le rôle principal. C'est un personnage ambitieux qui saisit une opportunité et gère une innovation en concrétisant un investissement. Cependant, son épargne préalable est insuffisante et il doit obtenir un financement. C’est alors qu’intervient un cycle de crédit.
Dans un de ses célèbres ouvrages, Schumpeter indique que les innovations se répandent par « grappes ». Une innovation majeure peut provoquer une vague d’investissements entraînant une forte croissance économique. De nombreux entrepreneurs tentent alors d’imiter l’entrepreneur-innovateur jusqu’à ce que les effets de l’innovation s’atténuent. Les profits diminuent alors, les banques commencent à ralentir leur offre de crédit et les entreprises les moins rentables disparaissent graduellement. Un ralentissement économique commence alors et il faut attendre une nouvelle vague d’innovations et d’investissements pour que la croissance reprenne. Il s’agit d’un processus qualifié de « destruction créatrice ».
La figure du manager
La figure du manager
Le terme « manager » s’est progressivement imposé dans le langage courant, tendant à remplacer le mot « cadre ». Pourtant le terme manage est influencé par le latin manus (main) et on le retrouve en français dans « manège » (faire tourner) ou encore « ménager » (employer avec mesure, avec économie, régler avec soin, habileté, installer, disposer, etc.).
Quoi qu’il en soit, ce terme évoque là encore une figure particulière de dirigeant. Qu’est-ce qu’un manager et comment la théorie économique peut-elle nous éclairer sur sa fonction au sein de l’entreprise ?
Ce terme fait référence à la direction d’une grande entreprise. Le manager n’est pas l’entrepreneur mais le dirigeant. Il ne possède pas l’entreprise, mais est chargé de prendre des décisions en matière de production et d’investissement.
L’économiste et historien Alfred Chandler (1918-2007) voit dans le manager la figure incontournable du processus d’intégration verticale des grandes firmes historiques des États-Unis au cours du XXe siècle. Il observe une tendance à la diversification des fonctions au sein des entreprises, obligeant ces dernières à rechercher des compétences dans les prises de décision. Le manager est ainsi nommé par les propriétaires-actionnaires. Il impose des décisions puisqu’il détient une information rigoureuse à tous les niveaux de l’entreprise. Pour Chandler, la « main visible des managers » a remplacé « la main invisible du marché », expression que l’on attribue généralement à Adam Smith.
La figure de l’autoentrepreneur
La figure de l’autoentrepreneur
Loin de la figure de l’innovateur ou du manager, un nouveau statut entré en vigueur en 2009 dessine les contours d’un nouveau type d’entrepreneur : l’autoentrepreneur. Avec la révolution du numérique, de nombreuses entreprises apparaissent et bouleversent nos vies quotidiennes. La technologie permet alors à des professionnels et à des clients d’entrer en contact de manière quasi instantanée. Cela permet une fourniture de services plus rapide.
Prenons l’exemple d’un graphiste. Avec la révolution du numérique, ce dernier peut, grâce au statut d’autoentrepreneur, décider d’exercer en travailleur indépendant (« freelance »). Cela lui permet d’être beaucoup plus autonome dans son travail. Il perçoit des revenus en facturant ses services à des clients. Il est affilié au régime des indépendants pour sa protection sociale.
De nombreuses grandes entreprises du numérique ont de plus en plus recours aux autoentrepreneurs. Ce phénomène nouveau est parfois qualifié d’« uberisation de l’économie » en référence à une célèbre entreprise américaine. Ces plateformes décident de confier à des autoentrepreneurs des prestations de services exigeant peu de qualification : par exemple, un livreur de pizza ou encore un chauffeur de VTC peuvent vendre leurs services directement sur ces plateformes. Ces autoentrepreneurs sont pourtant loin d’être des « indépendants » puisqu’ils dépendent de la plateforme gérant pour eux les commandes. En un sens, ils sont très proches des salariés sans toutefois bénéficier des mêmes protections que ces derniers (protection sociale).
Conclusion :
Une entreprise est d’abord le fruit d’un projet qui évolue au cours du temps. Elle peut naître d’une idée prenant la forme d’une innovation ou simplement d’une volonté de travailler de façon autonome (autoentrepreneurs).
Au cours du temps, l’entreprise est amenée à évoluer : elle suit un cycle de vie et peut donc disparaître en raison de difficultés. Le développement et la croissance d’une entreprise s’expliquent par les différentes stratégies déployées par ses dirigeants.
Au sein des entreprises, l’entrepreneur peut avoir différents statuts. Pour Schumpeter, il s’agit d’une personne aventureuse qui prend le risque de développer une innovation. Dans les grandes entreprises, c’est plutôt la figure du manager travaillant sous le contrôle d’actionnaires qui prévaut. Enfin, le monde de l’entreprise est également marqué par la présence de nombreux travailleurs indépendants délivrant des prestations de façon autonome. Leur essor actuel s’explique en grande partie par la révolution du numérique.