Diverses formes d'engagement citoyen
Paradoxe de l’action collective et engagement dans une organisation politique
Paradoxe de l’action collective et engagement dans une organisation politique
- L’économiste Mancur Olson a souligné que la participation à une action collective entraîne des coûts ou risques pour les individus.
- De ce constat découle le « paradoxe d’Olson » : lorsqu’une grande action collective est prévue, chaque individu suppose que sa propre participation ne changerait rien aux chances de réussite de cette action.
- Or, si l’action collective permet d’obtenir des bénéfices collectifs, l’individu susnommé en profitera, qu’il participe ou non.
- Un individu rationnel aurait donc tout intérêt à ne pas s’engager : ainsi, il profiterait d’éventuels bénéfices sans supporter les coûts et risques de l’acte d’engagement (stratégie du « passager clandestin »).
- Malgré cela, des actions collectives ont bel et bien lieu : pour Olson, la participation est motivée par les incitations sélectives.
- Celles-ci peuvent être :
- positives quand elles récompensent la participation ;
- négatives quand elles sanctionnent la non-participation.
- Ces incitations se retrouvent dans différentes formes d’engagement, mais elles sont particulièrement présentes dans le cadre du militantisme politique étudié par Daniel Gaxie.
- Il a constaté que les personnes qui s’engagent dans la durée, bénévolement, le font parce qu’elles tirent des rétributions de leur participation.
- Rétributions qui sont souvent immatérielles : leur valeur est symbolique ou sociale.
- D’après Daniel Gaxie, elles sont nécessaires à la vie du parti : en motivant la participation des individus, elles entretiennent une activité au sein des organisations politiques.
Les engagements contemporains : entre démarches individuelles et organisation collective
Les engagements contemporains : entre démarches individuelles et organisation collective
- Les rétributions que nous venons d’étudier concernent aussi toutes les formes d’engagement.
- Certains citoyens s’investissent dans la défense d’une cause en participant aux activités d’une association.
- Le sociologue Jacques Ion distingue différentes façons de s’engager dans une association :
- l’engagement « timbre » (sur le temps long) et « affilié » (appartenance à un groupe/identification à une idéologie) ;
- l’engagement « post-it » (court et passager) et « affranchi » (sans affiliation à un groupe d’appartenance).
- D’après Jacques Ion, l’individualisme contemporain conduit les seconds à occuper une place de plus en plus importante.
- Mike Davis et d’autres auteur·e·s ont souligné que les acteur·ice·s du NIMBY avaient tendance à occulter la dimension locale de leur lutte.
- En mettant en avant des arguments universels, ils·elles parviennent à élargir la portée de leur combat.
- Les aspirations individuelles et collectives peuvent aussi se renforcer mutuellement dans la participation au mouvement.
- La sociologue Sophie Dubuisson-Quellier a montré que, même si les pratiques de consommation engagée semblent être des actions individuelles, elles sont impulsées et coordonnées par un travail collectif de communication.
- Ce travail collectif repose sur trois types de démarches :
- la dénonciation des abus, qui met en cause la responsabilité des entreprises et consommateurs ;
- la promotion des modes de production vertueux ;
- la promotion de solutions locales de consommation et de réduction de la consommation.
- Cependant, Sophie Dubuisson-Quellier souligne que la consommation engagée a surtout un effet de sensibilisation à des thématiques écologiques et sociales, mais que sa pratique systématique ne concerne qu’une minorité de consommateurs.
Un engagement qui dépend de caractéristiques sociales
Un engagement qui dépend de caractéristiques sociales
- Les enquêtes de l’INSEE montrent que l’engagement dans une organisation est plus fréquent chez :
- les individus de sexe masculin ;
- les catégories socioprofessionnelles disposant d’un capital culturel important (cadres et professions intellectuelles, professions intermédiaires) ;
- les personnes diplômées de l’enseignement supérieur ;
- les personnes vivant en ville ;
- les étudiant·e·s et jeunes de moins de 25 ans encore extérieur·e·s à la vie active ;
- ainsi que les personnes de plus de 50 ans.
- Les hommes et personnes fortement diplômées ou issues de catégories supérieures sont davantage présents dans les partis politiques.
- Cela contribue à expliquer (sans justifier) par exemple pourquoi les élus politiques sont majoritairement des hommes issus des classes dominantes.