Une nouvelle : « Silence ! », Histoires pressées, de Bernard Friot
Introduction :
Bernard Friot est un auteur français de livres pour la jeunesse. Il a notamment écrit Histoires Pressées, un recueil d’histoires courtes et amusantes. « Silence ! » est l’une de ces histoires.
« Silence ! », une histoire très courte
« Silence ! », une histoire très courte
La structure du récit
La structure du récit
« Silence ! » est une nouvelle très brève qui ne compte qu’une vingtaine de lignes.
Nouvelle :
Une nouvelle est une sorte de roman très court. L’histoire est souvent centrée autour d’un unique événement et il y a peu de personnages dans le récit.
Pour que le récit soit bref, l’auteur évite les descriptions. L’histoire qu’il raconte débute en plein milieu d’une action.
Voici le début de la nouvelle :
« La maîtresse a hurlé :
― Silence ! Taisez-vous ! Exercice 6 page 23 ! Silence, j’ai dit ! SILENCE ! »
Au cours du récit, l’auteur utilise des connecteurs logiques qui marquent l’enchaînement rapide des actions.
« Et j’ai pensé : ‟Si elle continue, elle va me transpercer la tête […]” »
« Et puis, Marie a laissé tomber sa gomme. »
« Alors, moi, je me suis levé […]. »
« Ensuite, avec David, on a cherché dans un livre des renseignements sur Marco Polo. »
Connecteurs logiques :
Les connecteurs logiques sont des mots qui permettent de faire le lien entre les différentes actions d’un texte. Ils indiquent notamment dans quel ordre les actions ont lieu.
Le contexte de l’histoire
Le contexte de l’histoire
L’auteur de « Silence ! » ne décrit pas clairement le contexte de l’histoire. On ne sait pas où se passe l’action, ou qui sont les personnages. Mais il nous donne plusieurs indices pour le deviner.
Explicite :
On dit qu’un message est explicite quand il est exprimé clairement dans un texte.
Implicite :
On dit qu’un message est implicite quand le lecteur doit le comprendre par lui-même.
Dans « Silence ! », on comprend que l’action se déroule dans une salle de classe grâce à l’utilisation du champ lexical de l’école :
« La maîtresse » / « Exercice 6 page 23 » / « nos cahiers » / « sa gomme » / « travailler » / « le bureau » / « écrire un texte » / « chercher dans un livre » / « mathématiques ».
Un champ lexical est un ensemble de mots ou d’expressions se rapportant à un même thème.
Le narrateur
Le narrateur
Dans « Silence ! », la narration est faite à la première personne du singulier.
« Alors, moi, je me suis levé et j’ai respiré autant que j’ai pu. »
On ignore l’identité exacte du narrateur. On ne connait pas son nom et on ne sait rien de lui. Cependant, certains indices nous permettent de comprendre qu’il s’agit d’un élève.
« J’ai fini mon exercice et puis j’ai écrit un texte. »
« On s’est tous mis à écrire dans nos cahiers. »
Le narrateur utilise parfois la troisième personne du singulier « on » ou la première personne du pluriel « nous », pour désigner l’ensemble des élèves de la classe.
Le jeune lecteur peut facilement s’identifier au narrateur car la situation initiale, une maîtresse qui s’énerve contre ses élèves, est plutôt banale pour n’importe quel enfant qui va à l’école !
« Silence ! », une histoire renversante
« Silence ! », une histoire renversante
L’utilisation de l’humour dans le texte
L’utilisation de l’humour dans le texte
« Silence ! » est un récit très court. En quelques lignes seulement, l’auteur raconte toute une histoire qui provoque à la fois le rire et l’étonnement.
Pour réussir à provoquer autant d’effets en si peu de lignes, l’auteur utilise l’exagération pour accentuer l’aspect comique de la situation :
- l’auteur écrit « SILENCE » en majuscules pour souligner que la maîtresse hurle trop fort ;
- le narrateur précise que c’est « la quarante-septième fois » qu’elle hurle aujourd’hui, le chiffre est largement exagéré !
- la maîtresse se met à hurler juste parce que « Marie a laissé tomber sa gomme. », il y a un gros décalage entre l’action de l’élève et la réaction de la maîtresse ;
- le narrateur pense : « Si elle continue, elle va me transpercer la tête, je le sens, ça va éclater comme une fusée. » Cette comparaison est excessive mais elle permet de souligner le fort agacement des élèves face à leur maîtresse.
Entre réalité et imaginaire
Entre réalité et imaginaire
La nouvelle « Silence ! » débute par une situation assez classique. L’action se déroule dans une salle de classe et la maîtresse s’agace contre ses élèves qui font du bruit. Cette scène, même si elle est très exagérée par l’auteur, pourrait se trouver facilement dans la réalité.
Un événement pour le moins cocasse survient dans l’histoire. Le narrateur, un élève, se dresse face à la maîtresse et lui demande de se taire pour les laisser travailler. Ce n’est pas banal !
Ce qui est cocasse est ce qui étonne par son étrangeté et fait rire.
Puis, l’histoire bascule complètement et devient absurde. La maîtresse a du mal à respirer et les élèves la mettent dans un bocal rempli d’eau.
« On a vite cherché un bocal et on l’a rempli d’eau. On a mis le bocal sur le bureau et la maîtresse a plongé dedans. »
Ce qui est absurde est ce qui est contraire à la logique, au bon sens.
À partir de ce moment, on ne sait plus si ce qu’on lit est uniquement imaginé par le héros ou s’il s’agit bien de la suite des événements. On ne sait pas non plus si, par magie, la maîtresse arrive à respirer sous l’eau ou si elle s’est transformée en poisson !
« Elle nageait furieusement dans l’eau et elle tournait à toute vitesse en ouvrant et en fermant la bouche. Ça faisait des bulles. »
L’auteur ne dit pas tout pour inviter le lecteur à faire travailler son imagination.
Une chute inattendue
Une chute inattendue
Comme souvent dans les nouvelles d’Histoires pressées, la chute du récit est assez inattendue.
Au début de la nouvelle, la maîtresse hurle sur ses élèves pour les faire taire. À force de crier « SILENCE », c’est elle qui fait le plus de bruit. Puis on a une inversion des rôles, un élève demande à la maîtresse de se taire !
« J’ai regardé la maîtresse et j’ai hurlé :
― SILENCE ! Taisez-vous et laissez-nous travailler ! »
La maîtresse, sous le choc, n’arrive plus à respirer et plonge dans un bocal comme un poisson. Le silence revient. Les élèves peuvent enfin travailler tranquillement sans être dérangés.
« Si elle reste encore un peu dans son bocal, j’aurai le temps de faire des mathématiques. Et peut-être, même, d’écouter de la musique. »
La chute est invraisemblable mais personne ne semble s’étonner de la situation. Cette fin inattendue permet de faire réfléchir sur le comportement de la maîtresse : hurler, crier, s’énerver est rarement une bonne manière d’obtenir ce que l’on souhaite.