- Alors que la monarchie française traverse une période difficile au XVIIIe siècle, elle convoque les États généraux en 1789. Le peuple se soulève au même moment. Le tiers état se constitue en Assemblée nationale en juin. Le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est proclamée. Le mode de gouvernement reste la monarchie, mais les pressions extérieures et le manque de collaboration du roi (celui-ci tente de fuir Paris en juin 1791) amènent une radicalisation des révolutionnaires.
- Les sans-culottes prennent d’assaut les Tuileries en août 1792. L’Assemblée législative suspend alors les pouvoirs du roi. Elle annonce la convocation d’une nouvelle Assemblée : la Convention nationale est alors élue au suffrage universel masculin, et la Ire République est instaurée en septembre 1792.
Si la Révolution française pose comme fondement politique la liberté et l’égalité entre les hommes, la question de l’esclavage n’est pas abordée dans la Déclaration des droits de l’homme d’août 1789.
Toutefois, des intellectuels de la période prérévolutionnaire avaient déjà avancé des réflexions sur la conditions des esclaves ; un club politique, la Société des amis des Noirs, fondé juste avant la Révolution, prône l’abolition immédiate de la traite et l’abolition progressive de l’esclavage. La Rochefoucauld, lors de la nuit du 4 août 1789, avait évoqué la remise en cause de ce système de domination. Robespierre, en 1791, souhaite donner la pleine citoyenneté aux hommes de couleurs. C’est dans ce climat que la Convention montagnarde abolit l’esclavage le 4 février 1794, malgré une forte pression des colons, bien représentés dans l’hémicycle, portant un intérêt particulier à conserver leur position dans les Antilles.
Mais le décret d’abolition n’est pas simplement une traduction légale des idéaux révolutionnaires : il répond à une réalité géopolitique. En effet, Saint-Domingue, principale colonie française et premier producteur de sucre et de café, connaît de violents affrontements entre les esclaves et les colons dès 1791. La Révolution française et les révoltes de Saint-Domingue se font écho l’une à l’autre, et c’est suite à la prise de conscience de la réalité de l’esclavage, via l’envoi de commissaires de la République, que l’Assemblée vote finalement le décret d’abolition.
- Six ans après l’abolition de l’esclavage en France, l’avènement de Napoléon ne bouleverse tout d’abord pas totalement la situation : l’empereur rejette le rétablissement de l’esclavage plusieurs fois. Mais les révoltes à Saint-Domingue et le lobbying assez intense des colons le font finalement changer d’avis.
- En avril 1802, les grandes lignes sur le rétablissement de l’esclavage sont fixées. Au départ, l’esclavage ne devait pas être rétabli entièrement, mais plutôt maintenu là où le décret d’abolition ne s’appliquait pas, c’est-à-dire dans les colonies qui n’étaient pas encore françaises. Mais le ministre de la Marine de Bonaparte souhaite un rétablissement général. Les Antilles se révoltent de nouveaux, et les armées napoléoniennes sont vaincues à Saint-Domingue.