- Le 21 mai 1981, François Mitterrand gagne l’élection présidentielle : la gauche est pour la première fois au pouvoir dans la Ve République, fondée par de Gaulle en 1958.
- Les deux premières années sont marquées par une politique de type keynésienne, dite de relance par la consommation. Le SMIC et les allocations familiales sont augmentés, l’impôt sur la fortune est créé, la cinquième semaine de congés payés est instaurée, la retraite est portée à 60 ans et la semaine de travail est ramenée à 39 heures. De grandes entreprises sont nationalisées, ainsi qu’une grande partie du secteur bancaire.
- Le contexte international met à mal ce projet de relance économique. Les États-Unis, plongés dans la crise, participent à l’augmentation du déficit budgétaire de la France. La forte hausse du dollar a un impact direct sur l’importation des produits. Les socialistes se trouvent sans solution pour pallier à une situation qu’ils n’avaient pas prévu.
En mars 1983, les socialistes enregistrent de mauvais résultats aux élections municipales. François Mitterrand décide alors de réagir. Le gouvernement lance un plan dit de rigueur : la France expérimente alors l’austérité. Des ponctions sur les revenus des ménages sont lancés (hausse d’impôts), la dépense publique est réduite, les restructurations industrielles (chantiers navals, automobile, etc.) accompagnent l’augmentation du chômage : on compte 25 000 chômeurs de plus par mois entre décembre 1983 et décembre 1984. Le chômage augmente de 25 % durant cette année-là. La ponction économique mise en place par le gouvernement équivaut à 2 % du PIB, soit le double de l’argent distribué en 1981.
En septembre 1983, François Mitterrand, lors d’une allocution télévisée, annonce qu’il y a trop de charges pour les entreprises, et que le déficit budgétaire ne peut plus dépasser les 3 % du PIB, affirmant qu’« il n’y a qu’une politique possible dans les circonstance présente ».
- François Mitterrand, en mars 1983, fait le choix de rester dans le système monétaire européen (SME) plutôt que d’en sortir et ainsi appliquer une relance keynésienne dans le cadre d’un protectionnisme économique. La France renonce à la souveraineté monétaire (incapacité de dévaluer ou de réévaluer la monnaie) et à la souveraineté commerciale (incapacité de mise en place d’un protectionnisme économique).
- Les conséquences politiques sont immédiates. Lionel Jospin, premier secrétaire du PS, estime que les mesures prises ne sont qu’une « parenthèse libérale ». En juillet 1984, les ministres communistes quittent le gouvernement. Alain Juppé déclare « les socialistes font le nettoyage que nous n’avons pas su faire ». Le Front national dépasse pour la première fois la barre des 10 % en 1984. En mars 1986, la France compte deux millions cinq cent mille chômeurs.
- L’austérité mise en place par François Mitterrand en 1983 est présente encore aujourd’hui dans la mémoire collective de la gauche française.