- Entre 1914 et 1918, pour financer l’effort de guerre, le gouvernement allemand a recours à l’emprunt public. On émet des bons du Trésor (emprunts de l’État) à court terme et des bons à long terme pour la population. Les impôts sont également augmentés.
- Dès juillet 1914, le mark papier remplace le mark convertible en or. Cela signifie que la monnaie ne peut plus être échangée contre de l’or, ce qui permet aux banques de protéger leur stock de métal précieux, mais également d’imprimer autant de monnaie que le gouvernement en réclame. La dette publique est multipliée par 30. Le blocus imposé par les Alliés engendre une hausse des prix des produits de base, restreignant fortement le pouvoir d’achat de la population.
- Le 28 juin 1919, le traité de Versailles condamne l’Allemagne à une dette pharaonique. Basés sur l’inflation, les salaires augmentent, ce qui engendre une surimpression des billets par la Reichbank, dirigée par Rudolf Havenstein.
- La stabilité économique se maintient jusqu’en 1922, mais lorsque les Allemands découvrent la dette publique, ils échangent leurs économies en mark contre des devises (monnaies étrangères). C’est la « fuite devant le mark » qui va, en partie, causer cette hyperinflation, par la vitesse de circulation de la monnaie. Ils investissent également dans des objets qui servent de monnaie d’échange (chaussures, tabac, nourriture, vaisselle…).
- Une économie parallèle se met en place. Dès lors, les métiers fabriquant les produits utiles au troc connaissent le plein emploi quand les métiers intellectuels sont touchés par des baisses de salaires ou du chômage (enseignants, chercheurs, ingénieurs).
En novembre 1922, le chancelier Wilhelm Cuno demande à la France un sursis de deux ans pour rembourser la dette, le temps que le mark se stabilise. Pour toute réponse, les Français, sous les ordres de Raymond Poincaré, envahissent la Ruhr, berceau de l’industrie allemande, le 11 janvier 1923. Cuno appelle à une résistance passive. La réaction allemande est immédiate. En effet, les ouvriers, soutenus par l‘État et le patronat, se mettent en grève, paralysant tout le bassin industriel de la Ruhr, qui fournit alors 80 % du charbon dont l’Allemagne a besoin. La lutte des classes est temporairement abolie. Le général Degoutte bloque l’envoi du charbon au reste de l’Allemagne, crée une frontière douanière, et tient le siège.
La monnaie de référence, le dollar, qui équivalait à 18 000 marks au début de 1923, vaut désormais 4 200 milliards de marks à la fin de l’année. Le chômage touche 20 % de la population. Le 15 novembre 1923, une réforme monétaire casse l’inflation et stabilise l’économie. En effet, le financier Hjalmar Schacht, appelé par Gustav Stresemann, le nouveau chancelier, substitue le mark par le rentenmark (monnaie de transition pour faire face à l’hyperinflation), afin d’annuler une partie des dettes de l’État, puis par le reichmark, basé sur l’or, grâce au plan Dawes, signé en 1924. Sous l’ère Schacht, le redressement de l’économie est spectaculaire.
- La crise de 1923, dite « l’année inhumaine », a laissé des traces sur la population. Excédée par l’incapacité des gouvernements à gérer la crise politique, économique et sociale, elle se tourne vers les extrêmes.
- En octobre 1923, le parti communiste (KPD) tente de s’emparer du pouvoir, et trois semaines plus tard, en novembre, Adolf Hitler, du parti national-socialiste (NSDAP), tente à son tour un putsch dans une brasserie de Münich. S’il échoue à renverser le gouvernement, son appareil idéologique est en place.