Crédit image : Croisés, 1922
Nataraja-Shiva
- Les lieux saints et reliques occupent une place importante dans la chrétienté du Moyen Âge. L’Église, qui avait déjà justifié la guerre sainte lors de la Reconquista, va initier plusieurs croisades ayant toutes pour but de libérer la terre sainte, Jérusalem.
- Toujours issu d’une bulle papale, l’appel à la croisade est relayé par le clergé qui la présente comme un objectif saint et noble, un devoir pour tout chrétien : elle s’accompagne d’une indulgence (le pardon des péchés). C’est ainsi que les rois, nobles, chevaliers et paysans d’Europe, et surtout de France, s’engagent avec ferveur pour la religion et la gloire sous la bannière du pape, ainsi renforcé dans son pouvoir.
- La barbarie dont font preuve toutes les campagnes divise la chrétienté et attise la colère au Proche-Orient.
De 1096 à 1099
Initié par le pape Grégoire VII, le projet de la première croisade est repris en 1095 par le pape Urbain II au concile de Clermont, qui promet l’indulgence plénière aux croisés. De nombreux pèlerins partent de France et d’Allemagne. Beaucoup meurent en route et de nombreux juifs sont massacrés. Toutefois les quatre armées européennes se retrouvent devant Constantinople, libèrent les territoires pris par les Turcs puis continuent leur route jusqu’à la conquête de Jérusalem, qui devient un royaume franc en 1099. Au passage, de nombreux nobles colonisent l’Asie mineure et la Syrie (création de comtés, dont le comté d’Édesse), ouvrant les ports au commerce occidental.
De 1147 à 1149
Le gouverneur turc Zengi reprend le comté d’Édesse en 1144, et le pape Eugène III appelle à une nouvelle croisade. Le roi de France Louis VII et l’empereur germanique Conrad III y répondent. Le pèlerinage jusqu’à Jérusalem est meurtrier pour les croisés, qui sont principalement des civils et non des soldats. Après avoir aidé le baron de Jérusalem, les rois embarquent sans avoir essayé de libérer Édesse. Dans le même temps le sultan Saladin unifie l’Égypte et la Syrie, récupérant les anciennes colonies de croisés.
De 1189 à 1192
Afin de parer Saladin, qui s’est emparé de Jérusalem en 1187, le pape Grégoire VIII appelle à la troisième croisade. Richard Ier (Angleterre), Philippe II (France) et Fréderic Ier (Empire germanique) prennent la croix dès 1188 et lèvent la dîme saladine pour financer la croisade. La mort accidentelle de Fréderic Ier laisse les deux rois conquérir Acre avec leur armée. Après le départ de Philippe II, Richard Ier continue la bataille sans parvenir à délivrer Jérusalem. Ainsi signe-t-il en 1192 des accords de paix avec Saladin, permettant aux pèlerins chrétiens et musulmans de voyager sûrement.
De 1202 à 1204
Les tensions successives au schisme de l’Église d’Orient et d’Occident en 1054 amènent au détournement de la IVe croisade appelée par Innocent III pour des objectifs commerciaux. Elle se termine avec le pillage de Constantinople en 1204.
De 1228 à 1229
Le pape Honorius III exhorte l’empereur germanique Fréderic II à respecter son vœu de croisade ; celui-ci, excommunié après avoir trop attendu, embarque et se fait céder Jérusalem sans verser une goutte de sang.
De 1248 à 1254
En 1244, les forces de Saladin reprennent Jérusalem. Le pape Innocent IV appelle donc à la croisade qui sera menée par Louis IX à partir de 1248. Les croisés conquièrent Damiette, mais en 1250, le roi est capturé par les Mamelouks devenus maîtres d’Égypte. Libéré contre la rétrocession de Damiette, Louis IX se consacre à la fortification des places fortes côtières. Moins de dix ans après le retour du roi, la quasi-totalité des places fortes latines est reprise.
De 1268 à 1272
Louis IX reprend la croix et tente de convertir le souverain de Tunis au christianisme. Alors que ses efforts portent ses fruits, il meurt d’une épidémie de peste. Son frère, Charles d’Anjou, signe avec Tunis des accords avantageux pour le royaume.
Le sultan mamelouk Qalaun entreprend la conquête de toutes les États latins du Levant que l’Occident ne peut plus soutenir.
- Outre l’expansion territoriale, la découverte de l’Orient contribue à renouveler le commerce méditerranéen (notamment avec la soie et les épices, très prisés). Les croisés ramènent des richesses de leurs voyages, mais les conteurs en rapportent aussi une culture et une imagerie nouvelle, l’Orient étant bien plus avancé que l’Occident sur de nombreux points – notamment la médecine.
- Néanmoins, les croisades tiraillent l’Église, divisée entre partisans et opposants aux croisades, comme l’ordre de Cluny, qui préfèrerait une conversion pacifique.
- En se servant de la croisade à son propre compte (croisade contre les albigeois, 1207-1208) ou à des fins politiques, l’Église s’est desservie et désunie : ce sera un des principaux déclencheurs du schisme de 1054.