L’expression « Nuit et brouillard » sert de nom de code aux « directives sur la poursuite pour infractions contre le Reich ou contre les forces d’occupation dans les territoires occupés ». Les cibles de ce décret sont donc tous ceux qui, dans les territoires occupés par l’Allemagne, s’en prennent au Reich à travers des sabotages ou des résistances contre l’armée allemande mettant en danger la vie des vainqueurs.
Le décret est signé le 7 décembre 1941 par le maréchal Keitel. Son objectif est de faire disparaitre par la déportation toute opposition au Reich dans les territoires soumis. Ces personnes sont emmenées loin de leur lieu de vie et doivent disparaitre sans laisser de trace. Aucune information sur le lieu de déportation ni de détention ne doit émerger. L’objectif est donc que ces personnes disparaissent purement et simplement, comme la nuit et le brouillard. Aucune information ne doit être divulguée à leur propos.
Ce décret n’est pas exceptionnel pour autant. Depuis 1934, des détentions de sûreté permettaient déjà d’enfermer des opposants sans jugement pour une dure indéterminée.
Une fois en Allemagne, les déportés peuvent être jugés, condamnés à mort ou bien placé dans des camps ou en prison. Les prisonniers sont majoritairement français, belges ou hollandais. Les personnes concernées par ces mesures ignorent cependant leur sort jusqu’à la fin de la guerre : ainsi, on ne leur dit pas que leurs lettres ne sont pas envoyées, même s’ils finissent par se rendre compte qu’ils ne reçoivent aucun courrier. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’ils prendront conscience de leur véritable situation.
Si ce décret est très répressif, il a finalement peu d’effets dissuasifs. Avec le temps, le nombre de rebelles augmente, et les détenus de ces camps sont finalement envoyés dans des camps de concentration au même titre que les autres prisonniers du régime.